du 9 décembre 2004 |
ÉDITO |
Faut pas rêver
Le consommateur est devenu aujourd'hui un véritable contrôleur de
gestion qui traque le moindre rabais, compare au microscope les tarifs, élimine sans
pitié les prestations jugées trop chères, flaire la moindre occasion de réaliser la
plus petite économie, quitte parfois à en subir les conséquences négatives sur son
confort et l'agrément de ses loisirs.
Cette attitude, qu'il faut bien se garder de juger, n'est évidemment pas sans
conséquence sur les établissements obligés de suivre les comportements de plus en plus
radins.
Et ça ne risque pas de s'arranger dans un proche avenir, le développement d'internet
mettant à la disposition de tout un chacun les moyens de comparer les prix, les
destinations, les prestations sans quitter son écran d'ordinateur. D'autant qu'en ces
temps de course à la baisse, ce ne sont pas les occasions qui manquent.
Sans aller jusqu'aux affirmations sans doute téléguidées d'un quotidien de
Manchester, qui affirme à ses lecteurs qu'un séjour à New York leur coûtera moins cher
qu'à Londres, nous ne sommes pas loin de phénomènes comparables. Exemple : un week-end
pour 2 à Big Apple ? En janvier, Air France vous propose l'aller-retour à 224
euros
Et à Manhattan, on trouve facilement des hôtels à 80 $ la nuit, soit moins de 60 euros
au cours actuel ! Pour rester dans le registre aérien, notre même compagnie nationale
vend l'aller-retour Paris-Rodez à plus de 400 euros. Pas vraiment idéal pour aller
contempler le viaduc de Millau
Donc, ne rêvons pas, cette pression s'exerce avec la même absence d'états d'âme
à l'égard de l'hôtellerie et de la restauration, aujourd'hui condamnées, elles aussi,
aux joies du 'yield management' et du 'bench marking' les plus affûtés.
Certes, il y a belle lurette que les chaînes hôtelières s'adonnent à ce genre
de sports initié il y a plus de 20 ans par les tarifs 'tricolores' aujourd'hui bien
dépassés.
Lors du dernier congrès de l'Umih, Nicolas Sarkozy s'est livré à une réflexion sans
doute hâtive, concluant que les restaurateurs français peuvent d'autant plus
légitimement prétendre à une baisse de la TVA qu'ils ne sont pas en concurrence avec
leurs confrères de Barcelone ou de Francfort. Ce n'est pas exactement ce qu'on avait cru
comprendre en écoutant les arguments de Jacques Borel, mais passons.
En fait, la concurrence s'avive d'un côté entre pays à monnaie forte - donc la
France - et ceux de la zone dollar ou des pays liés au cours du billet vert, en clair,
l'Asie. Sur le marché international du tourisme, la compétition sera de plus en plus
vive.
Inutile de rêver. Nous ne sommes pas les mieux armés si chaque entreprise ne
prend pas directement en main son destin au lieu de se contenter d'exhortations
concoctées au cours de grands-messes orchestrées par les pouvoirs publics.
L. H. zzz80
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L'Hôtellerie Restauration n° 2902 Hebdo 9 décembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE