du 16 décembre 2004 |
JURIDIQUE |
VOTRE ARGENT
EST-IL INTÉRESSANT DE SOUSCRIRE À UN PLAN D'ÉPARGNE RETRAITE POPULAIRE ?
Le PERP vous offre une déduction fiscale importante. Mais si vous avez besoin de votre argent avant la retraite, si vous voulez pouvoir choisir au terme de votre placement entre un capital et une rente viagère, si vous voulez transmettre votre épargne à vos enfants, un PERP ne répondra pas à vos attentes. Le point sur ce nouveau produit d'épargne.
Le PERP (Plan d'épargne retraite populaire) a
été créé pour être un 'produit retraite', même si le matraquage commercial actuel a
tendance à faire perdre de vue son objectif réel. Il doit recueillir vos économies,
sans limite de montant, via des versements réguliers ou non, afin de vous verser, une
fois l'âge de la retraite atteint et pas avant (sauf cas rares), un revenu régulier et
ce, jusqu'à la fin de vos jours.
Ce revenu à venir est d'ailleurs généralement
surévalué, car calculé sur la base des tables de mortalité actuelles - or, dans 10 ou
20 ans, l'espérance de vie se sera allongée ! - et sur l'hypothèse d'une absence
d'inflation, ce qui n'est pas certain pour les prochaines décennies.
Ce revenu est également annoncé réversible : si vous décédez, la rente continuera à
être versée à un bénéficiaire désigné, le conjoint par exemple, à 100 % ou moins
selon votre choix. Mais bien évidemment, cette option n'est pas gratuite et ampute la
rente initiale !
La limite du PERP est donc là : c'est un produit dit 'tunnel' car sans sortie possible
avant la retraite, et vous abandonnez toute idée de transmission sur cette partie de
votre épargne.
L'économie
d'impôts ? Pas tant que cela, finalement !
Reste l'argument phare du PERP,
réduire vos impôts : les versements sur le PERP sont en effet déductibles du revenu
imposable, et ne seront imposés qu'à leur sortie, quand vous serez retraité. Plus vous
gagnez en tant qu'actif, plus le PERP semble fait pour vous. Ainsi, si votre taux marginal
d'imposition est de 42,62 %, en versant 2 000 E, vous économisez 852 E. Votre effort
d'épargne réel est alors de 1 148 E.
Mais cet avantage fiscal doit être relativisé,
puisqu'une fois en retraite, la rente sera imposée comme une pension de retraite,
c'est-à-dire pour 72 % de son montant en tenant compte des abattements. Le commercial de
votre banque argumentera très certainement d'une baisse de votre taux marginal
d'imposition une fois que vous serez à la retraite. Faites le calcul : il ne baisse bien
souvent pas autant qu'espéré en raison des revenus retirés du patrimoine et surtout de
la diminution du nombre de parts du foyer fiscal (perte notamment des enfants à charge).
Seconde faiblesse des argumentaires, les sommes déductibles sont plafonnées à 10 % des
revenus d'activité professionnelle (après abattement de 10 %) dégagés en année N -1,
avec un maximum de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS) de l'année
précédente. Soit un disponible de 23 770 E pour les versements effectués en 2004.
Pour les contribuables sans revenus professionnels, notamment les conjoints sans emploi,
il existe même un plancher. Son niveau : 10 % du PASS, soit 2 971 E pour les versements
effectués en 2004.
Mais surtout, attention : cette enveloppe
est commune à d'autres formules. Les sommes versées par le salarié dans un Plan
'article 83', sur la Préfon ou sur un contrat Madelin viennent ainsi minorer le
disponible fiscal. Il en va de même pour les cotisations de l'employeur sur un Plan
'article 83' ou de son abonnement au Perco (Plan d'épargne retraite collective).
Bref, assurez-vous du montant réel d'économies
réalisé tant aujourd'hui (risque d'empiétement avec votre contrat Madelin, par exemple,
quant au disponible fiscal) qu'à l'heure de la retraite (simulation de vos revenus et de
votre tranche d'imposition à cette date).
PERP ou contrat Madelin En conclusion : avantage au contrat Madelin sur le PERP ! |
PERP
ou PEA, voire PEP ?
Quid des autres placements ? Le Plan
d'épargne en actions (PEA), qui offre la possibilité de sortir en rente viagère non
imposable après 8 ans de détention (sauf prélèvements sociaux), doit être utilisé
avec prudence si l'on souhaite transformer son capital en rentes, car les fonds prudents
(fonds profilés ou monétaires), réduisant le risque à l'approche de la retraite, sont
peu nombreux. Il n'en va pas de même pour le Plan d'épargne populaire (PEP). Si l'on ne
peut plus y souscrire depuis septembre 2003, on peut continuer à alimenter les anciens
plans jusqu'à 92 000 E de versements. Ils peuvent aussi être transférés chez un autre
assureur, notamment en passant d'un PEP bancaire à un PEP assurance pour profiter des
abattements successoraux de l'assurance vie. Son principal atout : la possibilité de
transformer après 8 ans le capital en rente viagère défiscalisée, toujours hormis les
prélèvements sociaux sur une fraction de son montant.
Le PEP constitue donc un vrai produit 'populaire'
par rapport au PERP, et nous vous conseillons vraiment de le conserver si vous en détenez
un. Vous pourrez toujours en porter le solde au maximum à la veille de votre retraite
pour vous assurer le complément de revenus souhaité (sortie en rente défiscalisée).
Marie-Claude Barbier zzz66f
Le
PERP vous intéresse malgré tout ?
Montrez-vous sélectif et sachez qu'en cas de mauvais choix,
vous avez 30 jours pour récupérer votre argent, frais compris, en envoyant à l'assureur
une lettre de renonciation.
PERP ou assurance vie ? * Association française d'épargne et de retraite |
PERP ou Perco ? |
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