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du 30 décembre 2004
L'ÉVÉNEMENT

ALORS QUE LA SAISON AVAIT DÉBUTÉ SUR LES CHAPEAUX DE ROUE

RAZ-DE-MARÉE : NOUVEAU COUP DUR POUR LE TOURISME EN ASIE

Après le Sras et la grippe aviaire, la région est de nouveau durement frappée par un séisme survenu le 26 décembre. On y dénombre des milliers de morts. Les populations locales ont été très touchées, les touristes aussi.


Le Sofitel Magic Lagoon Khao Lak avant le séisme, en Thaïlande. 280 clients sont portés disparus.

Des raz-de-marée dévastateurs", "Apocalypse", "raz-de-marée du siècle", "L'Asie du Sud dévastée", "L'un des plus grands séismes"… Les journaux tentent de décrire toute l'horreur qui s'est abattue en Asie le week-end dernier, le lendemain de Noël, dans une zone en pleine saison touristique. Un séisme d'une amplitude de 8,9 sur l'échelle de Richter s'est produit sous le fond marin au large de l'île indonésienne de Sumatra. Une succession de tsunamis - lames de fond - a alors dévasté les côtes fortement touristiques des Maldives, du Sri Lanka, de l'Inde, de Thaïlande, de Malaisie et d'Indonésie. Plus les heures passent, plus le nombre de victimes s'accroît : plus de 40 000 tués et 40 000 disparus, selon la dernière estimation de Renaud Muselier, secrétaire d'État aux Affaires étrangères (à l'heure où nous bouclons cette édition). On ne compte plus les blessés. Des dizaines de milliers de sans abri sont sous le choc. Plus d'un million de personnes déplacées et sans abri, assure l'ONU.
Dans ce chaos qui déchire des peuples, des familles, difficile de dresser un bilan. Les autorités de chaque pays tentent de faire face, en décrétant pour certains l'état d'urgence afin de faciliter le recours à l'armée, mais aussi en appelant à la mobilisation internationale. Les gouvernements occidentaux cherchent à localiser leurs ressortissants. Au Sri Lanka, un responsable évoque le décès d'au moins 70 étrangers. Les hôtels des côtes sud et est ont été sévèrement touchés, et les touristes évacués vers des hôtels de Colombo. Aux Maldives, l'aéroport de Malé a été fermé et la moitié du territoire est recouvert d'eau. Les infrastructures hôtelières sont très endommagées. En Thaïlande, de nombreux hôtels ont également été évacués. Le gouvernement estime qu'un tiers des victimes sont des vacanciers. Il y aurait entre 4 000 et 5 000 Français dans la région (50 % partis avec un tour-opérateur). Dans un premier temps, Renaud Muselier a donné une estimation très provisoire de 22 morts et 29 disparus.

280 clients portés disparus au Sofitel Khao Lak
"Malheureusement, il est actuellement très difficile d'obtenir des informations concernant le Sofitel Khao Lak, situé dans la province de Phang Nga, au nord de l'île de Phuket. […] Les premiers témoignages recueillis font état de plusieurs victimes au Sofitel", annonçait le groupe Accor lundi soir. Une équipe composée de collaborateurs en poste à Bangkok est partie illico à l'ex-Novotel tout juste passé sous enseigne Sofitel (319 chambres) pour apporter son aide. Lundi soir, Jean-Marc Espalioux, président du directoire du groupe Accor, indiquait que l'établissement accueillait 350 clients. Il a précisé que la majorité de la clientèle était d'origine allemande et qu'il y avait une trentaine de Français. Mardi, on apprenait que le Sofitel Magic Lagoon de Khao Lak était dévasté. Sur plus d'une centaine de mètres à l'intérieur du complexe hôtelier, les bungalows ont disparu. D'après les témoignages, les chambres qui restent sont remplies de boue et de sable. L'hôtel recevait en fait 415 clients, 135 ont été identifiés et conduits à Bangkok en vue d'être pris en charge par les hôpitaux ou le personnel du groupe pour être rapatriés. Reste 280 personnes portées disparues. Sur Europe 1, Jean-Marc Espalioux confie qu'il a peu d'espoir, au mieux pour 70 d'entre elles. À l'hôtel, 35 corps auraient été retrouvés. Le Sofitel employait 250 personnes dont une très forte proportion d'autochtones. Dans le chaos qui règne, on espère que beaucoup ont quitté les lieux pour rejoindre leur famille. Impossible pour l'instant de savoir combien de salariés ont péri dans la catastrophe. En revanche, au Novotel Phuket et au Panwa Beach Resort - toujours en Thaïlande, 2 autres établissements gérés par Accor dans la région -, il n'y a que des dégâts matériels. Même constat pour Le Meridien, dont les établissements de Khao Lak et Phuket ont été évacués. Le rapatriement s'organise.
Côté Club Med, 3 villages ont été touchés : Phuket en Thaïlande, Kani et Faru aux Maldives. "À Phuket, malheureusement, un collaborateur d'origine française, qui travaillait depuis plusieurs années aux services techniques, est décédé. La direction du Club Méditerranée est en contact avec sa famille pour lui apporter tout le soutien possible dans cette épreuve." Dès dimanche soir, le Club annonçait que tous ses clients étaient sains et saufs, et qu'il organisait un rapatriement pour tous (avec Europ Assistance) qui devait s'achever mardi soir. Plus de 1 000 clients étaient répartis sur les 3 sites. Bien sûr, les 3 villages ont subi d'importants dommages.  

Les assurances devraient couvrir les pertes
Jusqu'à fin janvier au moins (plus longtemps pour le site de Faru, très touché), ils ne seront plus commercialisés. Les clients qui devaient rejoindre ces stations balnéaires entre le 28 décembre 2004 et le 28 janvier 2005 peuvent choisir une autre destination sans frais selon la disponibilité (si leur choix n'excède pas 200 E de plus par adulte et 100 E par enfant). S'il est moins onéreux, le Club Med leur rembourse la différence intégralement en cas d'annulation, ou les clients peuvent reporter leur voyage jusqu'au 31 octobre 2005. Le Club Méditerranée indique que les conséquences financières du séisme - à commencer par les pertes d'exploitation - seront couvertes par les assurances.
Hôtels, restaurants, bars, aérodromes, routes… Les infrastructures ont souffert. Il faudra des semaines, voire des mois, pour tout remettre en état et reconstruire. Il n'y a pas que les hôtels de chaîne, les 4 ou 5 étoiles ; il y a aussi ces nombreux hôtels locaux disséminés le long des côtes qui ont subi de très importants dommages. Qui va payer ? Il est encore trop tôt pour évaluer le manque à gagner, le coût des travaux et celui - à long terme - de l'image, et donc du pouvoir attractif de la région. L'heure est aujourd'hui à la solidarité et au recueillement.
Nadine Lemoine zzz70 zzz36v zzz22v

Remise en cause de l'économie touristique

À cette époque de l'année, la saison touristique bat son plein dans cette partie du monde qu'est l'Asie du Sud-Est. En ce début d'hiver 2004, la situation s'annonçait d'autant plus satisfaisante que les conséquences de l'épidémie du Sras et celles de la grippe aviaire commençaient à disparaître. À titre d'exemple, la Thaïlande tablait ainsi sur quelque 12 millions de touristes cette année, tandis que du côté des Maldives, les autorités disaient avoir accueilli plus de 564 000 vacanciers étrangers en 2003. C'est dire combien le tourisme est capital économiquement parlant dans ces zones géographiques (près de 5,9 % du PIB en Thaïlande, 1,8 % pour le Sri Lanka…).
Le séisme et les raz-de-marée qui ont dévasté dimanche matin le sud de l'Asie, risquent de mettre un sérieux coup de frein au développement touristique de ces pays. Outre "la somme de drames personnels qu'a occasionnée cette catastrophe naturelle sans précédent", ainsi que le précise Benjamin Cohen, vice-président du directoire d'Accor, le secteur va avoir beaucoup de mal à retrouver son allant. Tout simplement parce que ce sont les régions les plus visitées qui ont été les plus sévèrement touchées. À commencer par la Thaïlande avec ses sites paradisiaques de Phuket, Koh Phi Phi, Koh Lanta ou bien encore Krabi et Phang Nga. zzz70

Destructions et fermetures d'hôtels jusqu'à nouvel ordre

Selon des informations (non vérifiées en raison des difficultés de communication) communiquées par l'association des hôteliers de Samui - île épargnée par la vague dévastatrice -, le raz-de-marée a détruit en ces lieux bon nombre d'infrastructures. La liste des hôtels fermés jusqu'à nouvel ordre est d'ailleurs assez impressionnante à Phuket : Amari Coral Beach, Baan Thai Beach Resort, Burasari, Holiday Inn (jusqu'au 28 février 2005), Horizon Beach Resort, Patong Beach Hotel, Impiana, Karon Beach Resort… Ajoutons à cela d'importants dégâts matériels dans d'autres établissements.
Le bilan provisoire s'avère également inquiétant à Koh Phi Phi, Koh Lanta et Phang Nga, où l'Anantara Royal Coco Palm aurait été entièrement ravagé alors que le Khao Lak Orchid Beach Resort, le Khao Lak Sunset, le Mukdara et le Southsea Pakarang ne sont plus opérationnels pour le moment. Du côté des Maldives, le site officiel du petit archipel, qui compte 87 hôtels, indiquait qu'une vingtaine d'unités étaient, mardi 28 décembre 2004, dans l'incapacité de recevoir des touristes parmi lesquels le Four Seasons, le Hakuraa Club, le One & Only Kanuharaa, le Taj Exotica…
Après le deuil des milliers d'êtres humains emportés par cette mer enragée, le chemin de la reconstruction sera donc incontestablement de longue haleine tant dans les coeurs qu'au niveau matériel.
Claire Cosson zzz70

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L'Hôtellerie Restauration n° 2905 Hebdo 30 décembre 2004 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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