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Émile Jung, le verre et l'assiette

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Émile Jung, chef du Crocodile à Strasbourg.

Émile Jung, propriétaire et chef du célèbre Crocodile, à Strasbourg, a longtemps vécu la double passion de sommelier et de cuisinier. Aujourd'hui son exceptionnelle carte des vins offre plus de 500 références en Alsace, permettant à l'amateur de déguster des millésimes rares sur plusieurs décennies. Émile Jung a poussé sa passion jusqu'à créer un verre que nombre de vignerons et restaurateurs jugent parfait et ont très vite adopté.

La profession reconnaît en vous un grand connaisseur des vins d'Alsace. Vous les aimez passionnément. Ètes-vous, comme Obélix, tombé dedans quand vous étiez petit !?
En quelque sorte, oui. Parce que j'ai eu la chance de grandir dans notre petit restaurant familial, à Masevaux. Les clients savaient qu'ils pouvaient y boire des vins que mon père sélectionnait avec grand soin chez les vignerons. Je l'ai accompagné dès mon plus jeune âge et je me souviens encore des fabuleuses dégustations chez Josmeyer... À cette chance, s'ajoute le privilège d'avoir très tôt goûté ce qui se faisait de mieux. Mon palais s'est formé sur de grands modèles. Petit à petit, le vin est devenu pour moi un élément fondamental de ma vie professionnelle. Il participe de ma culture française et alsacienne, et je lui ai donné une place de choix dans l'élaboration de ma cuisine.

Il existe une dualité dans votre carrière de grand cuisinier. Pendant longtemps vous avez partagé votre temps entre deux passions : le vin et la cuisine. Vous êtes aussi titré en cuisine qu'en œnologie ?
Effectivement, sur ce point, je suis un cas assez rare dans la cuisine française. Pendant 24 ans, j'ai porté à la fois la casquette de sommelier et celle de chef cuisinier. Je suis, avec quelques amis tout aussi passionnés que moi, à l'origine de l'Association des sommeliers. J'ai participé à de très nombreux concours et je suis le seul à cumuler les titres de Maître cuisinier et de Maître sommelier. Dans ma tête, le vin tient une place particulière. C'est un sujet très sérieux et pourtant indissociable de la notion de plaisir. On a tendance à mélanger plaisir et désinvolture, or le vin est tout le contraire. Je le qualifierai de plaisant et sérieux en même temps. D'ailleurs, si vous ne respectez pas le vin, c'est lui qui ne vous respecte pas.

Sur la carte des vins du Crocodile, on ne peut manquer de remarquer la place accordée aux vieux millésimes. D'où vous vient cet intérêt pour les alsaces ayant largement dépassé 10 ans d'âge ?
J'appartiens à la génération qui a connu les années 1959 et1961, des millésimes exceptionnels qui ont marqué tous les vignerons alsaciens. J'ai suivi leur évolution en cave et je me suis aperçu que 15 ans plus tard, ils pouvaient encore figurer dignement à la carte du restaurant. Je les trouvais bons, harmonieux, absolument pas essoufflés par l'âge. J'ai tout de suite décidé de référencer ces vins sur ma carte et de ne plus jamais les abandonner. En quittant Masevaux pour Strasbourg, j'avais déjà 12 millésimes que l'on considérait alors comme très anciens et j'ai continué de défendre cette notion de vin de garde, peu courante à l'époque en Alsace.

Votre passion pour les vins d'Alsace vous a conduit à créer un verre pour en améliorer la dégustation. Racontez-nous cette aventure peu commune.
La création de ce verre en cristal est un véritable travail d'équipe. Mon épouse, notre sommelier, Gilbert Mestrallet, se sont investis avec passion dans ce projet. Au cours de nos séances de travail, nous nous étions en effet rendus compte que la forme du verre avait une grande importance dans la qualité de la dégustation. Dans certains calices, le vin restait muet, dans un autre, timide, tandis que dans un autre encore il s'abandonnait à notre nez. Nous avions également acquis la certitude que la couleur verte du traditionnel verre alsacien perturbait sérieusement la dégustation car elle modifiait sensiblement la robe du vin et même la perception que le dégustateur pouvait en avoir.
Ce verre idéal, nous l'avons voulu haut sur pied, soufflé dans un cristal d'une grande finesse. Le calice important permet de véritablement remuer le vin, de lui imprimer avec aisance une ample rotation pour l'oxygéner. Pour moi, grâce à ce verre, le néophyte peut naturellement trouver les gestes du dégustateur averti. La création de ce verre est également une rencontre avec les Cristalleries de Porcieux qui perpétuent un travail artisanal d'exception. Il fallait en effet que le verrier choisi garde à l'esprit un souci d'esthétique, de qualité et une recherche de perfection et d'absolu. J'ajoute que ce verre n'est pas seulement approprié à la dégustation des vins d'Alsace. Il fonctionne à merveille avec les chenins de Loire et tous les blancs en règle générale. zzz46f zzz18p

Pour tout renseignement sur ce verre appelé simplement « Alsace » : Cristallerie de Porcieux
BP 2 ­ 88330 Chatel-sur-Porcieux
Tél. : 03 29 67 42 22


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L'Hôtellerie n° 2744 La Cave 15 Novembre 2001

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