© CIVL/GILLES DESCHAMPS
Les coteaux de Pégairolles
Le singulier ne sied pas au Languedoc. Devant tant de paysages différents, de
microterroirs, de montagnettes, de vallées tantôt riches, tantôt arides, de centaines
de milliers d'hectares de vignes, le pluriel s'impose définitivement. Une seule langue,
une seule culture ? À voir. Mais en tous cas, un vin pluriel.
Encore aujourd'hui, on doit parler de deux ou plutôt de trois viticultures. La première
sort directement des livres d'histoire. Elle a pour emblèmes la couleur rouge, le fusil
de chasse (pendu dans l'entrée), les boules de pétanque (posées sur le rebord de la
fenêtre). On l'appelle la viticulture du Midi. Elle faisait régulièrement trembler les
notables parisiens, maintenant c'est Bruxelles qu'elle irrite ! Tous la savent condamnée,
mais gardent une petite pointe de nostalgie pour la bibine qui a si souvent rougi le sol
du pays.
Vient ensuite la relève. Les vignerons des appellations qui aimeraient tout simplement
renouer le lien entre passé et présent. Garder un vin de mémoire, retravailler avec des
cépages locaux assagis, moderniser le patrimoine familial. Ils regardent d'un il
méfiant l'invasion étrangère de moyens technologiques et le marketing. Il leur semble
que le Languedoc doive rester avant tout une terre de vins à prix sages. Des vins qui
feraient vivre leurs villages, leurs paysages, des vins à boire simplement sans se casser
la « cabessa ».
La troisième viticulture est bien ailleurs. Paradoxalement, elle profite souvent de
l'appellation « vin de pays » pour produire des vins de haute couture, pour affirmer que
le Languedoc sera avant tout un pays de grands crus. Les prix explosent ? Peu importe
puisque le marché se situe essentiellement à l'étranger. Ils étaient une poignée, il
y a encore dix ans, aujourd'hui ils sont quelques centaines, prêts à prouver que le
Languedoc participe, à côté du Bordelais et de la Bourgogne, au triumvirat des grands
terroirs de France.
Philippe Lamboley
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Dossier conçu par Philippe Lamboley Reportages photographiques Jean-Luc Péchinot Conception & réalisation maquette G & C Moi Remerciements à Catherine Amor, Denis Bertrand, Olivier Châteaux, André Mancuso, Fabrice Sommier, Laurent et Jacques Pourcel Crédits photos couverture : photo centrale CIVL/Gilles Deschamps,de haut en bas : CIVL/Gilles Deschamps, Ph. Barret |
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L'Hôtellerie n° 2770 La Cave 23 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE