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Classé comme l'une des cent réalisations architecturales qui ont marqué le XXe siècle, endroit emblématique, cet hôtel mythique a accueilli les plus grandes stars du cinéma pendant l'âge d'or du festival. A visiter ou à revisiter absolument pour le lieu mais aussi pour la cuisine : un voyage au pays des saveurs.
m Fleur Tari
Depuis près d'un quart de siècle, l'hôtel Les Dromonts n'a jamais laissé insensibles clients ou visiteurs. Son architecture exceptionnelle en forme de pomme de pin a remporté de nombreuses nominations. Depuis une dizaine d'années, cette belle maison vieillissante n'offrait plus beaucoup d'intérêt à ses clients. Pour réveiller cette belle endormie, Gérard Bremond, président de Pierre & Vacances, a proposé à Christophe Leroy, le talentueux chef des Moulins de Ramatuelle et créateur du concept La Table du Marché à Saint-Tropez, de prendre les rênes de cet établissement. Alternant les saisons, il conduit, depuis le 15 décembre 2000 avec toute son équipe, la destinée des Dromonts.
Une rénovation menée de main de
maître
Pendant l'été 2000, Les Dromonts ont été rénovés. Malgré une saison estivale très
chargée, Christophe Leroy n'hésitait pas à prendre la route pour que l'hôtel et les
deux restaurants qu'il a créés correspondent à ce qu'il a imaginé. "Je ne peux
rien faire sans passion, dit-il. J'ai voulu que Les Dromonts retrouvent leur
réputation d'antan." La décoration a été confiée à Alain Perrier, de la
Générale d'Agencement (73), qui a su associer les lignes contemporaines aux matériaux
bruts, chaleureux et naturels. Bois de Cédar, Lauze, tissus pourpre et gris se mêlent
désormais aux couleurs vives des années 70. La mythique cheminée ronronne toujours en
contrebas de la réception, mais le bar, les salons, les 25 chambres et les 6 suites sont
désormais à la hauteur d'un 4 étoiles. "Il était hors de question de
dénaturer le projet de Labro, l'architecte. L'intérieur de l'hôtel est un vrai gruyère
aux formes irrégulières. Pas un mur n'est droit. Il a fallu nous y adapter. Je voulais
arriver à faire une déco qui s'adapte à la personnalité de Christophe Leroy : simple,
recherchée, raffinée et chaleureuse." Nouveaux décors, nouveau concept.
Christophe Leroy a voulu créer deux restaurants très différents. La Table du Marché,
60 places, où comme dans le restaurant qu'il a fondé à Saint-Tropez, le chef décline
une cuisine simple et inventive à base de produits du terroir. Depuis la table, on peut
apercevoir la cave, traitée en transparence, dans un style très contemporain. Le
deuxième restaurant est en laque rouge ocre pour enlever le côté rustique peu adapté
à l'ensemble. C'est un gastronomique de 65 places où Christophe Leroy exerce tout son
art. Talentueux, certes, mais cela, on le savait déjà : il travaille aussi bien les
produits nobles que les produits très simples qu'il transforme à ravir. Le Cochon de
lait aux trois façons est une 'vraie madeleine de Proust' pour tous ceux qui ont passé
une enfance à la campagne. Au-delà du plaisir du repas, il y a le chef, qui vient à
votre table, plutôt trois fois qu'une, pour voir si tout va bien. Car il est chaleureux
et attachant, Christophe, et les clients, surpris, apprécient cette proximité, cette
simplicité dans le contact.
Une cuisine dans une pomme de pin
Des deux restaurants, on aperçoit la cuisine. Les deux salles s'articulent autour d'elle,
facilitant habilement la circulation. Accessible à tous les regards, elle a demandé
beaucoup d'imagination pour s'adapter à l'architecture quelque peu étonnante des
Dromonts. "Comment réaliser une cuisine dans une pomme de pin dont les murs et
les espaces sont tous concentriques et circulaires ?", souligne Serge
Hairabetian, le cuisiniste - Société ECHR (06). Ses réalisations : Fouquet's, Louis XV
à Monaco, Hôtel de Paris, le Vendôme, le Negresco. "Avec Christophe Leroy, nous
avons pris le parti de donner l'illusion d'une parfaite géométrie dans une perspective
hélicoïdale. Il fallait arriver à transformer les volumes, séparer le froid du chaud.
Tous les éléments de l'infrastructure, tels les poteaux en bétons, sont intégrés dans
les meubles. Cette cuisine est réalisée en trompe-l'il car le bâtiment n'est pas
géométrique. Le passe de distribution et le passe laverie sont perpendiculaires au
fourneau. La couleur est là pour identifier les postes de travail : époxy aubergine pour
le passe et émail aubergine pour le fourneau." On ne peut que saluer un tel
exploit pour cette cuisine de 296 m2 abritant une table d'hôte.
La table d'hôte, une volonté du
maître de maison
Idéalement située, elle permet d'apercevoir la cuisine, bien sûr, mais aussi le
gastronomique et... la réception. Christophe Leroy a souhaité pouvoir accueillir d'une
manière privilégiée quelques heureux élus, qui partagent les coulisses de son
intimité professionnelle. Là, il se laisse aller à quelques confidences sur ce qu'il
compte réaliser aux Dromonts. Pour lui, c'est un lieu festif qui doit revivre ses heures
de gloire. Déjà, fin janvier, les star-toques qu'il a organisé ont fait revivre à la
station ses plus belles heures de gloire : traîneaux déversant ses invités du showbiz
sur des bancs en neige pour déguster la Soupe du berger au foie gras. L'artiste Yannick
chantant à tue-tête son dernier tube. Quand on connaît la réussite des traditionnels
pique-niques et bals masqué de Christophe Leroy, on ne peut que penser que ce lieu
magique n'a pas fini de faire parler de lui. Rendez-vous à la prochaine saison d'hiver,
à partir du 1er décembre. n
"Je ne peux rien faire sans passion, j'ai voulu que Les Dromonts retrouvent
leur réputation d'antan", déclare Christophe Leroy.
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001