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Situé dans l'Orne, en plein de cur de la forêt, le Manoir du Lys est une aventure familiale. Franck, le fils, est aux fourneaux, sa femme Laure s'occupe de l'hôtel, sa sur Stéphanie, de la commercialisation et Yvon, son beau-frère, de la cave. Pour le plus grand bonheur des parents, Marie-France et Paul Quinton.
m Lydie Anastassion
Sur la photo de famille Quinton, il manque un
minois. Celui de la petite Eglantine, âgée de 6 mois. Une absence que les clients du
Manoir du Lys à Bagnoles-de-l'Orne (Orne) n'ont pas manqué de constater. "Tous
ont été ravis de la photo que nous avons mise sur notre dépliant, mais quelques-uns
nous ont fait remarquer que nous aurions pu faire poser Eglantine au milieu de la table
dans un gros champignon", s'exclame Paul Quinton, le grand-père. Ses trois
autres petits-enfants, Margaux, Marie et Hugo, âgés respectivement de 6 ans et demi, 2
ans et demi et 4 ans, posent quant à eux aux côtés de leurs grands-parents et de leurs
parents Franck, Laure, Yvon et Stéphanie.
Le chef des cuisines, c'est Franck, 36 ans, le fils de Paul et de Marie-France. Il prend
la place derrière les fourneaux au début des années 90 et décroche 1 étoile au Guide
Rouge en 1998. "La maison était déjà sur les rails. On attendait l'étoile,
c'était notre objectif. Mon retour a coïncidé avec l'extension du restaurant qui nous a
permis de doubler le nombre de couverts, ce qui n'a pas été très facile à gérer au
début", raconte Franck Quinton, dont l'épouse Laure s'occupe de l'hôtel et de
la réception. Acheté en 1976 par Paul et Marie-France Quinton, le manoir, constitué
d'un pavillon de chasse construit par l'amiral Bouvet en 1880, n'est à l'époque qu'une
ruine. Le traiteur alors installé à La Ferté-Macé, à 7 kilomètres de
Bagnoles-de-l'Orne, éprouve le besoin de s'agrandir et de passer véritablement à la
restauration. "Mes parents étaient charcutiers et j'ai suivi cette voie. J'ai
fait mon apprentissage dans les maisons de traiteur à Paris, ce qui m'a permis de
découvrir la restauration dans les châteaux et les maisons bourgeoises. J'adorais me
déplacer. Lorsque je me suis marié, mes beaux-parents, également charcutiers-traiteurs,
m'ont proposé de reprendre l'affaire. Au début, nous avons installé une salle de
réception dans le manoir pour compléter notre activité", raconte Paul Quinton.
Agrandissements permanents
Rapidement, le manoir recouvre une nouvelle jeunesse. 5, puis 10 chambres y sont
aménagées. En 1982, 7 tables sont installées dans une salle de restaurant située dans
le bar actuel. "Pendant 2 ans, nous sommes allés visiter d'autres maisons pour
voir le travail bien fait", poursuit Marie-France Quinton. A cette période, elle
est inquiète. "J'avais 43 ans et je changeais de métier. Je n'avais jamais
envisagé de devenir hôtelière-restauratrice. J'étais préoccupée par la
gestion." Les efforts sont couronnés de succès. Le restaurant est signalé dans
le Michelin en 1984. Une piscine et une extension sont construites. Un espace
modulable permet d'accueillir des séminaires, et des chambres sont aménagées dans la
partie supérieure.
"Nous sommes 'condamnés' à nous agrandir, mais par paliers", commente
Paul Quinton. Les travaux d'aménagement ne font pas peur à la famille. D'ici l'été, 7
appartements, construits sur pilotis, compléteront l'offre. "Papa est un
bâtisseur", disent de lui ses enfants. Secondé par ces derniers, le père se
sent parfois un peu "improductif", comme il le dit lui-même : "Je
ne mets plus mon nez dans la cuisine, sauf quand il y a 50 couverts et que Franck me
demande de rester au passe. L'essentiel de mon travail consiste à le soulager de toutes
les tracasseries. Il est ainsi plus disponible pour se consacrer à sa cuisine."
"Nous avons des relations professionnelles. Chacun a son domaine",
explique Franck, tandis que sa sur Stéphanie, chargée de la commercialisation du
manoir, poursuit : "A l'origine, on est très famille, et nous avons toujours vu
nos parents beaucoup travailler." Avant de se revenir à Bagnoles, elle et son
mari, Yvon, qui est sommelier au manoir, se sont accordé 4 mois de réflexion aux
Etats-Unis. "Bien sûr, ce n'est pas toujours facile, mais nous sommes tous sur le
même bateau, renchérit Laure, l'épouse du chef. Travailler en famille ne pose
pas de problèmes aux membres de la famille Quinton. La preuve : ils partent en vacances
ensemble." n
Le Manoir du Lys Route de Juvigny 61140 Bagnoles-de-l'Orne Tél. : 02 33 37 80 69 Fax : 02 33 30 05 80 E-mail : manoirdulys@lemel.fr Web : www.manoir-du-lys.fr |
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Sa forêt et sa cuisine |
De la carte de son père, Franck Quinton a conservé le foie
gras et la façon de le préparer. Il propose également deux desserts de ses deux
grands-mères : les Madeleines du Mont-Margentin en pain perdu selon Joséphine Quinton et
le Gâteau aux pommes selon Denise Hébert, 84 ans toutes les deux. "Au début,
j'avais le souci de ne pas brusquer la clientèle", raconte le cuisinier,
étoilé Michelin depuis 1998, et dont la carte actuelle fait référence à la forêt :
Crème de foie gras de canard et châtaignes, cèpe glacé de la forêt d'Andaines, pour
un ticket moyen situé entre 350 et 400 F. Petit-fils et fils de traiteurs-restaurateurs, le manoir a influencé son choix pour la cuisine. C'est son oncle Jacques Hubert, chef alors étoilé et installé à Paris, qui l'oriente vers la gastronomie, après une formation à l'école hôtelière de Douvre-la-Délivrance à Caen. "C'est vrai que j'aurais pu rester à Paris", reconnaît l'ancien sous-chef du Lutetia, avant d'ajouter : "Mais je n'aurais pas eu ma forêt." |
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001