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Le Oya n'est pas un concept mais une thématique inaugurée en 1995 par un ancien informaticien, Patrick, bien décidé à vivre de sa passion : les jeux de société. Un établissement parisien où le café et le thé passent bien après le plaisir de partager à plusieurs un moment de rire et de détente.
m Sylvie Soubes
Devant un succès
grandissant, le Oya a dû déménager l'an dernier, quittant le Ve arrondissement de la
capitale pour les Gobelins et 80 m2 de surface. Créé en 1995, le Oya n'est pas un
bistrot (la licence I lui suffit). L'établissement renoue cependant avec ces heures de
détente passées hors de chez soi, autour d'une table, en sirotant un thé ou un Perrier.
Le Oya n'est pas non plus un club : l'accès est ouvert à tous et il n'y a pas de carte
de fidélité. On entre, et si on a envie de jouer, on joue. Ça coûte 35 F pour
participer à un jeu. Le ticket comprend la première boisson. Celles qui suivent sont à
10 F. "L'idée, explique Patrick, était de créer un lieu qui ne soit pas
une salle de loisirs, mais qui force les gens à sortir de chez eux pour se retrouver
autour d'un jeu de société." Patrick refuse catégoriquement le terme de
concept, pourtant souvent utilisé à propos de son établissement. "Non, c'est un
endroit qui accueille du public et dédié aux jeux. Ce n'est pas un café à thème."
Patrick a démarré l'affaire avec 29 jeux, il en possède aujourd'hui plus de 250. Des
jeux en provenance de France et de Navarre, voire de beaucoup plus loin. "Je
pensais intéresser surtout les étudiants mais ce n'est pas le cas." La
clientèle estudiantine représente seulement 25 %. "En fait, la fourchette d'âge
est très large et les gens viennent d'horizons variés." Les auteurs de jeux,
joueurs eux-mêmes, apprécient de se retrouver ici. On vient entre amis, en famille, en
couple. "Il y a aussi des gens qui viennent seuls, et c'est ça la magie de l'Oya,
ils vont se joindre à une table où ils ne connaissent personne et le courant passe."
TF1, Télérama
L'Oya n'a jamais fait de publicité. 1 mn 30 au journal télévisé de 20 heures l'a
toutefois fait connaître des journalistes. "J'ai aussi eu un article dans Télérama
qui m'a amené pas mal de monde. Comme quoi notre clientèle n'est pas celle des joueurs
professionnels, mais des personnes qui ont envie de sortir et s'amuser différemment."
Si l'Oya s'équilibre financièrement, c'est aussi grâce aux jeux qu'il vend. "Je
fais tourner les jeux. Je ne veux pas en avoir trop en stock parce qu'il faut pouvoir
prendre le temps de les connaître et de les expliquer." Si l'Oya propose quelque
chose à grignoter comme des cacahuètes ou une glace, pas question, selon Patrick, de
tomber dans la restauration. "La limonade, c'est logique, mais avec de la
restauration, on serait hors sujet." Aujourd'hui, son établissement a fait des
émules. Il en existe notamment un à Toulouse, et des personnes s'adressent
régulièrement à lui pour s'initier à la thématique. "J'ai effectivement des
patrons de bistrot qui viennent me demander conseil. Le jeu de société a sa place au
coin du zinc. Parmi les jeux que je suggère, il y a le Take it easy. On peut y jouer de 1
à 30 personnes..." Pour tenir ce type d'établissements ou faire vivre les jeux
au sein d'un bar, "il est important d'aimer soi-même les jeux de société. Il
faut une certaine sensibilité. Sinon, les jeux restent dans un coin. L'intérêt du jeu,
c'est qu'il appelle à la rencontre".
Le nouvel Oya, situé 23, rue de la Reine Blanche dans le XIIIe arrondissement, a choisi
un mobilier avec des tables de plusieurs hauteurs. "Ça permet aux groupes de se
former selon leur humeur et puis ça ne fait pas MJC", lance Patrick. Un mobilier
dans les tons vert club a été retenu. "On est proche de l'esprit bistrot, il
faut que l'endroit puisse se patiner", ajoute notre patron dont l'objectif est de
"valoriser le jeu de société". On l'aura compris. Au fait, c'est quoi
un bon jeu ? "Un bon jeu, c'est quand le perdant s'amuse autant que le gagnant. Il
faut également rire et avoir envie de rejouer quand on l'a terminé." n
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En chiffres |
Horaires d'ouverture 6 jours sur 7 (fermé le lundi) Durée d'une partie 3/4 d'heure (en moyenne) Tarifs 30 F la partie, 35 F avec une consommation 10 F les consommations supplémentaires |
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001