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Propriétaires du Manoir de la Régate à Nantes, les frères Pérou diversifient leur activité en lançant le Bistrot de l'Ecrivain au cur de la cité des Ducs de Bretagne. Une fois de plus, qualité, originalité et succès sont au rendez-vous.
m Olivier Marie
A Nantes, dans le domaine de
la gastronomie, la réussite des frères Pérou, propriétaires du Manoir de la Régate,
n'est nullement usurpée. Parce qu'avec eux, le travail est passionnel, les salariés
choyés, et les idées originales sont légion. Dernière initiative en date :
l'ouverture, au cur de la cité des Ducs de Bretagne, du Bistrot de l'Ecrivain. A
respectivement 36 et 38 ans, Pascal et Loïc Pérou imitent certains de leurs confrères
des grandes villes en lançant, parallèlement à leur établissement phare, un restaurant
moins gastronomique dans la cuisine, sans toutefois renier ce qui fait leur réussite, la
qualité dans l'assiette. Pour lancer avec succès un établissement de ce type, il faut
tout d'abord avoir fait ses preuves dans un premier restaurant. C'est le cas pour les
frères Pérou au Manoir de la Régate, superbe demeure datant de 1885, implantée sur les
bords de Loire. Epaulés par une équipe de 20 personnes, dont 9 en cuisine, Pascal et
Loïc Pérou déclinent ici une cuisine gastronomique "entièrement fait maison, précisent-ils
de concert. La carte change en fonction des saisons et les menus, toutes les semaines".
Ce manoir, dont les frères Pérou sont propriétaires, et des murs et du fonds, s'agence
autour de 4 salons et réalise plus de 85 couverts par jour en moyenne annuelle. "Nous
avons une capacité bien plus importante de 200 couverts, mais nous ne pouvons pas en
profiter, la cuisine n'étant pas adaptée pour recevoir tout le monde en même temps. Et
la qualité en pâtirait certainement." Malgré tout, le succès est à l'ordre
du jour avec des prix moyens couvert de 300 F. En 5 ans, le Manoir de la Régate a
multiplié son chiffre d'affaires par quatre atteignant 7 MF TTC en 2000. L'affaire tourne
bien, et "depuis environ un an et demi, l'idée d'ouvrir un second établissement,
style bistrot dans le centre de Nantes, nous trottait dans la tête", souligne
Loïc.
Aujourd'hui, cette idée s'est concrétisée (après six semaines de travaux et un
investissement de 620 000 F HT) pour donner naissance au Bistrot de l'Ecrivain le 17
octobre 2000.
Un esprit ouvert
Premier atout de ce restaurant, sa situation géographique, puisque implanté dans la rue
Rousseau, à deux pas du théâtre Graslin. "Cette rue est célèbre pour
accueillir des coiffeurs et des restaurants. Nous nous félicitons d'ailleurs de l'accueil
réservé par les autres professionnels de la rue. Chacun est différent et donc personne
n'entre en concurrence. Nous nous échangeons même de la clientèle lorsque nous sommes
complets." Ici, les frères Pérou, qui ont confié la direction du restaurant à
Christophe Hu - qui a travaillé notamment avec Alain Ducasse, Georges Blanc et Pierre
Lecoutre -, visent une clientèle d'affaires et de banque au déjeuner (ticket moyen de
110 F) et une clientèle de sortie au dîner (135 F). "Nous ouvrons jusqu'à
minuit du jeudi au samedi soir, afin que les gens qui sortent du théâtre puissent
toujours venir manger quelque chose." Et justement, que mange-t-on au Bistrot de
l'Ecrivain ? "De la cuisine cuisinée, de la bonne cuisine traditionnelle, répondent
les deux frères. Mais nous voulons également nous ouvrir sur le monde en incorporant
dans les plats de petites touches exotiques. Un écrivain est un esprit libre, ouvert !
Nous ne nous cantonnerons donc pas au terroir." Sur la carte, renouvelée tous
les jours, la tête de veau s'accompagne d'amandes grillées, le rouget grondin de graines
de sésame, etc. Cette carte revêt justement certaines originalités. Elle propose en
effet deux prix pour chaque plat : les PA (petits appétits) et les GA (grands appétits)
avec des différences allant, selon les plats, de 8 à 20 F. Les menus (70 et 95 F)
sortent également de l'ordinaire, puisque le client peut non seulement connaître celui
du jour, mais également celui du lendemain, systématiquement annoncé la veille. Des
plats confectionnés ici par Nicolas Guyot, ancien second du Manoir de la Régate,
épaulé pour le lancement par Loïc Pérou. Aux côtés du chef, l'équipe se compose de
5 salariés à temps complet.
Ambiance contemporaine et chaleureuse
Le Bistrot de l'Ecrivain ne déçoit pas ses créateurs puisqu'il répond parfaitement au
prévisionnel, assurant une moyenne de 80 couverts par jour. Ce succès, il le doit bien
entendu à son bon rapport qualité/prix dans l'assiette, mais également à son ambiance
attrayante et originale. Ce bistrot mêle en effet les genres dans une décoration "contemporaine
mais chaleureuse à la fois. Nous ne voulions pas faire dans le design glacial".
Les murs aux tons jaune et rouge ont été couverts de poussière de marbre, les chaises
multicolores font alterner le métal et le bois, les banquettes rouges en forme de vague
sont en cuir... "Nous exposons également des tableaux d'artistes amateurs."
Originalité aussi dans la vaisselle avec des assiettes transparentes rectangles ou
carrées.
De plus, l'intérêt de cet établissement réside dans son côté évolutif. "Nous
disposons au rez-de-chaussée d'une bibliothèque à vins récemment ouverte où les vins
sont sélectionnés par Christophe Hu. A l'étage, nous pouvons également aménager un
salon de 40 couverts." A l'heure actuelle, l'étage n'est pas encore exploité.
Les frères Pérou le réservent afin d'y développer un concept de dîner-débat. "D'ici
18 mois, tous les troisièmes vendredis de chaque mois, nous accueillerons des poètes,
des conteurs, des artistes, etc., qui débattront ou déclameront leurs uvres aux
clients autour d'un bon repas." Mêler la culture et la bonne chère, voilà la
philosophie de ce Bistrot de l'Ecrivain. L'enseigne parle d'ailleurs d'elle-même. n
Pour Pascal et Loïc Pérou, propriétaires du Bistrot de l'Ecrivain et du Manoir
de la Régate à Nantes, mêler culture et bonne chère n'est pas contradictoire, bien au
contraire.
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L'HÔTELLERIE n° 2721 Magazine 7 Juin 2001