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Le Who's Who

Etre chef d'entreprise

En créant récemment le Who's Who, Franck a souhaité offrir une nouvelle ambiance aux noctambules toulousains qui ne soit pas un bar pour jet-setters, malgré l'enseigne et une décoration des plus contemporaines. L'homme se considère avant tout comme un chef d'entreprise. Gros plan. 

Au départ, le concept a vraiment surpris les gens. Ils n'arrivaient pas à prendre leurs marques dans ce cadre. "Sans prétention, je crois que je suis arrivé un peu trop tôt. Au final, tout le monde trouve que c'est génial." Franck, ce boulimique d'idées et de voyages, a choisi d'afficher la couleur immaculée et de marier le blanc et le rouge avec une prédominance pour le mobilier et les murs épurés. Une couleur qui sied bien avec l'aventure de ce 'café vintage'. Franck s'empresse d'expliquer que 'vintage' est un terme réservé au milieu de la mode. C'est l'art de disposer d'un produit suranné et de le réadapter pour en faire un produit à la mode tout en conservant sa forme. Les murs du Who's Who abritaient autrefois une brasserie de quartier. Tour à tour, au gré des changements de propriétaires, l'enseigne a porté le nom de Café de la Paix et Café Riquet. "J'ai essayé d'en faire un endroit beaucoup plus branché, plus mode. J'ai sûrement puisé l'inspiration lors de mes nombreux voyages aux Etats-Unis et en Espagne, puisque c'est la grosse tendance actuelle de ces endroits épurés et modernes. Cela correspondait à un état d'esprit sur le moment. Pendant longtemps, j'ai aimé les choses un peu chargées, j'adorais les brocantes. Aujourd'hui, mon intérieur est blanc et j'ai envie de quelque chose de très sobre. Mon hobby, c'est tout ce qui touche à la décoration. J'avais envie de faire un endroit un peu décalé par rapport à ce que l'on trouve dans les bars." Poussées par l'invitation du blanc qui sait épouser les volumes des plus classiques aux plus design, les touches personnelles de Franck sont aussi très présentes. "J'affectionne beaucoup ce canapé panthère parce que je suis un inconditionnel du panthère - je possède une Harley Davidson qui est peinte comme cela. C'est quelque chose que je traîne depuis des années avec moi. C'est une matière qui me plaît. Qu'elle soit à la mode ou pas, elle m'a toujours plu."

Inspiré des designers
Cheveux longs soigneusement attachés en arrière, quelques clés fixées autour d'un anneau métallique relié à la ceinture de son jean, Franck arrive en début d'après-midi. L'homme est ponctuel. Il parle avec rigueur des objectifs qu'il s'est donné depuis l'ouverture d'une salle de restaurant de 35 couverts au rez-de-chaussée de son établissement. Grâce à la terrasse, il espère pouvoir tripler ce chiffre en été. Côté cuisine, Franck sert le midi du 'snack très amélioré'. La cuisine du soir est ciblée sur des plats plus recherchés, au goût épicé. "Aujourd'hui, les patrons d'établissement comme le mien sont des chefs d'entreprise avec des salariés. Nous faisons fonctionner nos établissements comme de vraies sociétés à part entière."
Loin d'ignorer le cadre des réalités comptables, Franck a néanmoins choisi l'équilibre entre ses envies et ses moyens. Un compromis qui lui a permis de soigner lui-même la décoration tout en n'explosant pas son budget, et de choisir parmi ses idées qu'il engrange toujours par avance. Il se dit d'ailleurs "hyper-instable" (N.D.L.R. : le Who's Who est son 9e établissement). "Je pense - peut-être me suis-je trompé - que j'étais tout à fait capable de faire un lieu qui me ressemblait. C'était plus facile pour moi de créer un lieu que d'expliquer à quelqu'un ce que je voulais. Un designer aurait sûrement été meilleur, il aurait trouvé les matières que je ne connais pas. J'aurais adoré faire appel à Philippe Starck. On s'est inspiré de ce que font ces gens-là. Je suis allé sur Paris pour tourner, voir tout ce qui existait. Quand vous allez dîner chez Bon, chez Georges ou chez Coste, cela laisse rêveur, au niveau déco c'est gigantesque !"
Même si Franck a choisi le nom de son établissement d'après l'annuaire qui recense chaque année les personnes dites 'importantes'. Il n'affectionne pas pour autant les étiquettes et les classements : "VIP, cela ne veut rien dire. Faire un bar pour jet-setters, c'est épuisant. S'il faut être beau et riche pour sortir aujourd'hui, c'est un peu réducteur. Parmi mes amis, certains sont plombiers. Je les trouve importants et je suis content qu'ils viennent chez moi. Si on a un look, une identité, c'est que, quelque part, on est différent. J'aime les gens qui sont en décalage avec leur temps. Mon rêve est de parvenir à faire un lieu où l'on peut croiser de tout. J'aimerais voir au comptoir des gars tatoués aux côtés de jeunes filles très BCBG et des hommes en costard-cravate, une mère de famille avec son mari, des étudiants..."
Trois soirs par semaine, Franck ouvre sa salle 'rouge' située au sous-sol. Une clientèle plus jeune pénètre dans cette chaude ambiance marquée par une musique copieusement déversée par la sono. Des soirées à thème sont organisées dans le club de nuit : jingle, house-music, techno. L'alchimie des genres s'opère. "Ici, tous les gens sont importants", ajoute Franck. Intéressant. n zzz28

Franck a créé le Who's Who. Son idéal : un lieu où se croiseraient toutes sortes de populations.

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L'Hôtellerie n° 2735 Magazine 13 Septembre 2001