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Olivier Hubert est le nouveau chef du restaurant du Grand Hôtel de la Reine à Nancy. Il doit remettre sur les rails le restaurant de la place Stanislas et, si possible, y ramener l'étoile perdue depuis trois ans.
"La tâche est
plaisante pour moi et constitue certainement un tournant dans ma carrière. Ici, on me
donne les moyens pour m'exprimer à ma juste valeur avec un beau potentiel. Mais il faut
savoir aussi garder l'esprit clair et rester mesuré." Le ton est donné. Olivier
Hubert a pris la tête du restaurant du Grand Hôtel de la Reine place Stanislas à Nancy
avec de l'ambition. Mais il sait que la route reste longue. Seul restaurant étoilé de
Nancy jusqu'en 1998, l'établissement avait en effet défrayé la chronique locale avec le
licenciement de son chef d'alors, Michel Douville, quelques semaines après la parution du
Guide Rouge, retirant l'étoile au restaurant. Depuis, Le Stanislas n'a plus fait
parler de lui et, surtout, il n'est plus considéré par les gastronomes nancéiens comme
l'un des restaurants phares de la ville. "L'objectif principal fixé par mon
employeur (le groupe Concorde, propriétaire du Grand Hôtel de la Reine) est, dans
un premier temps, de restructurer la cuisine. Pour le moment, je travaille avec une
brigade de 10 personnes, pâtissier compris. Tout révolutionner ne servirait à rien. Je
vais redéfinir une politique de cuisine, basée notamment sur le terroir lorrain, et nous
monterons en puissance petit à petit", explique Olivier Hubert. Le chef veut
d'abord pouvoir déléguer et rendre chacun responsable en cuisine. Il entend orienter son
travail "pour un touché différent dans la cuisson des viandes, poissons et
légumes". Nancy étant l'une des rares grandes agglomérations françaises sans
restaurant étoilé, le challenge paraît naturel pour la suite : regagner l'étoile
perdue et redonner ses lettres de noblesse à l'établissement.
A 36 ans, Olivier Hubert a déjà une longue carrière derrière lui. Après son
apprentissage et son CAP effectué près de Tours, il commence à l'Abbaye Saint-Michel,
Relais & Châteaux à Tonnerre en 1983. Il y découvre la restauration gastronomique,
le travail des produits frais et décide de continuer dans cette voie. Puis, il change
d'établissement au gré des saisons. "Quand on est jeune dans la cuisine, on ne
doit pas rester 150 ans avec un chef, estime-t-il. Un an suffit pour apprendre le
maximum de ce qu'un chef peut enseigner."
Une carrière anglaise
Olivier Hubert tente une première expérience en Grande-Bretagne en 1986 au Hambleton
Hall Hotel à Oakham, pour répondre "à sa soif d'aventure". Il retourne
dans des établissements britanniques de 1988 à 1990 comme chef de cuisine, ayant alors
les honneurs de la presse nationale. Des problèmes familiaux lui font néanmoins quitter
la Grande-Bretagne, et le jeune chef reprend sa carrière en France, travaillant notamment
4 ans, de 1997 à 2000, aux Quatre Saisons à Olivet, responsable d'une brigade de 7
personnes. Après un passage par le Domaine du Valaudran à Salbris, il arrive enfin à
Nancy.
"L'échange des saveurs"
Pour mettre en place son style de cuisine, Olivier Hubert dit d'abord et avant tout
s'appuyer sur les bases essentielles et classiques de l'art culinaire. Puis, il avance par
touches : légèrement exotiques, épices, herbes, produits nobles. Son véritable travail
de chef joue sur "l'échange des saveurs" qui doit être "le plus
juste possible". Ainsi, depuis son arrivée, le pain pour le restaurant
gastronomique est réalisé sur place avec, en particulier, un pain aux raisins et aux
noix réservé à la dégustation du foie gras et de certains fromages. Pour le moment,
Olivier Hubert propose un menu à 180 F (245 F, vins en harmonie et eaux minérales
comprises) comportant, entre autres, un Carpaccio de buf parfumé au basilic, un
Pavé de morue fraîche, mangue et citron vert, du Fromage frais, échalotes et fines
herbes et un Entremets glacé au citron vert et pavot bleu. Deux autres menus sont
affichés à 250 et 330 F. Pour attirer la clientèle nancéienne, le chef mise sur une
carte d'inspiration régionale. On y trouve des Escargots de Pierrefitte-sur-Aire en
galette, croustillant de pied de porc, du Dos de cabillaud Croustillant au lard paysan,
jus à la bière, une Jambonnette de caille, sauce au bleuet des Vosges ou encore un
Savarin, Ali Baba de Stanislas. "Etre inventif, sur une base de produits du
terroir, me paraît judicieux pour que la clientèle locale reprenne goût à
l'établissement." Quoi qu'il en soit, Olivier Hubert se sent prêt à relever le
défi. "Je suis à un âge où l'on a la maturité. Avec les garanties offertes
par mon employeur, tout le monde doit aller dans le même sens, et nous arriverons à de
très bonnes choses."
Avec quelques confrères qui espèrent eux aussi prendre l'étoile qui manque à Nancy, la
compétition s'annonce chaude. Pour le plus grand plaisir des sybarites de la cité
ducale. n
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"Etre inventif, sur une base de produits du terroir, me paraît judicieux
pour que la clientèle locale reprenne goût à l'établissement."
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L'Hôtellerie n° 2735 Magazine 13 Septembre 2001