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Si les années 90 ont particulièrement fragilisé le secteur de l'hôtellerie indépendante, il semble bien qu'aujourd'hui celle-ci ait su tirer des enseignements positifs des difficultés rencontrées voici 8 ans. Rénovations, repositionnements, investissements sont autant de cartes que les indépendants ont appris à jouer pour gagner.
Le Pavillon de Paris, 9 mois de travaux et 15 MF de rénovation pour transformer cet hôtel en un 4 étoiles.
Meurtrières les années 90 ?
De toute évidence, elles ont précipité, pour un certain nombre d'hôteliers, le
mécanisme d'élimination du marché. Certains établissements indépendants, souvent
situés en centre-ville, n'ont pas vu venir le bouleversement de l'offre hôtelière. Les
chaînes hôtelières, avec un développement d'autant plus rapide que leur produit
convenait plutôt bien à la demande, ont su petit à petit s'installer sur tous les
créneaux de l'hôtellerie, les Formule 1 et Etap Hôtel allant jusqu'à prendre les parts
de marché de la désuète hôtellerie de préfecture. Les hôteliers indépendants, qui
n'avaient pas changé leurs méthodes de gestion, et qui n'avaient pas su se remettre en
cause et rénover leur outil de travail, n'ont pas pu passer le cap difficile des années
90, où la chute de la demande a montré les limites de la surcapacité hôtelière.
Aujourd'hui, alors que le développement hôtelier s'opère d'une manière beaucoup plus
saine du fait de la loi Raffarin, que la frilosité des banques et autres financiers
vis-à-vis du secteur obligent les opérateurs à davantage de cohérence dans leurs
projets, on constate que les chaînes hôtelières, si elles continuent leur
développement en matière de parts de marché, ont tout de même, de plus en plus
souvent, à composer avec des opérateurs indépendants très compétents et agressifs.
Des hôteliers indépendants qui ont su passer le cap des années 90 en modernisant leurs
méthodes de gestion, en motivant leur personnel, en faisant des choix marketing
cohérents et, bien entendu, en transformant complètement leur outil de travail. Si les
années de crise ont obligé tous les hôteliers, chaînes comme indépendants, à limiter
les investissements, donc à réduire considérablement le niveau de rénovation, on a
constaté qu'à la sortie de la crise les plus solides financièrement ont immédiatement
opéré des rénovations de haut niveau. Les produits étaient fatigués, vieillissants,
la clientèle, période de crise oblige, avait pris des habitudes de cocooning qui l'avait
fait se replier sur elle-même, qui l'avait amenée à investir dans le confort de son
habitation. Elle attendait, à l'heure où elle avait envie de voyager, que les hôtels
lui offrent un confort et un décor plus actuels. On le constate partout aujourd'hui, tant
au niveau des choix des matériaux que des services rendus et du confort de la chambre en
général, les rénovations, comme les créations hôtelières, sont toutes d'un niveau
beaucoup plus élevé que ce que l'on faisait voici 10 ans pour la même catégorie
d'hôtels. Le secteur fait de plus en plus souvent appel à des architectes d'intérieur,
à des décorateurs, les fournisseurs intègrent dans leur gamme 'hôtellerie' de plus en
plus de tissus, de meubles existant dans leur gamme grand public. La décoration est bel
et bien entrée dans les murs de l'hôtellerie française, l'utilitaire ne suffisant
plus. Cette évolution de la demande amène les hôteliers à des niveaux
d'investissements beaucoup plus élevés, mais les hôteliers indépendants intègrent eux
aussi cette contrainte nouvelle et rénovent dans cet esprit.
Grâce aux architectes Nathalie Battesti et Véronique Terreaux, Le Bel Ami
possède maintenant un attrait moderne et minimaliste, couplé à une atmosphère de luxe.
Cultiver sa différence
De là à en déduire qu'aujourd'hui l'hôtellerie indépendante et l'hôtellerie de
chaîne ont le même profil serait tout à fait hâtif. Même si les indépendants, quand
ils sont entreprenants, n'hésitent plus aujourd'hui à se développer et à gérer
plusieurs établissements, ils s'impliquent autrement dans leurs affaires. Parce qu'ils
assument directement la responsabilité financière, ils sont plus concernés par
l'entreprise, leur présence est plus importante, jusque dans les détails de la vie de
l'hôtel. De leur charisme dépend la motivation du personnel et leurs établissements
sont plus souvent personnalisés. Hommes de terrain plus que d'autres, ils se projettent
très fortement dans la rénovation de leur établissement, et ce, d'une manière très
différente de celle des directeurs d'hôtel. Ils sont beaucoup plus à même d'obtenir
les meilleurs rapports qualité-prix, beaucoup plus exigeants auprès des entreprises,
dans la mesure où ils financent personnellement l'opération, et savent qu'ils se doivent
d'en assurer la meilleure rentabilité. Il est très intéressant de voir aujourd'hui
comment, dans des lieux très différents, sur des produits tout aussi différents, des
indépendants investissent. Plusieurs millions de francs sont ainsi dépensés partout en
France pour que certains établissements se repositionnent sur un marché. Rencontres avec
quelques-uns de ces entrepreneurs. n
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Jean-Pierre Kergoat a créé pour Patrick Jeffroy à l'Hôtel de Carantec une
ambiance embrassant les passions du maître des lieux.
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L'Hôtellerie n° 2742 Magazine 1er Novembre 2001