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succès et difficultés |
Depuis 4 ans, cette adresse fait le bonheur de tous ceux qui veulent revenir aux bases d'une gastronomie languedocienne et roussillonnaise de tradition. La preuve qu'à Montpellier, il n'y a pas que le 'branché' qui connaît le succès.
m Jean Bernard
Bruno Jourdan et Anne Cifre : naturels et résolument sudistes comme leur cuisine.
Ils ont commencé à deux,
lui en cuisine, elle en salle, et sont cinq aujourd'hui. En 4 années d'activité, Bruno
Jourdan et Anne Cifre ont donc découvert la recette du succès. Une sorte de sésame
qu'ils résument sur la carte de visite de leur établissement comme : "Un coin de
soleil à l'abri du temps."
Pourtant, le long de l'avenue de Toulouse, rien ne laisse imaginer que, derrière la
devanture de l'ancien artisan plombier, se cache un restaurant où la cuisine s'exprime
avec autant d'accent que de saveur. Une salle aménagée autour d'un vieux poêle à bois
qui ronfle tout au long de l'hiver, un patio dominé par un abricotier... Ici, on est bien
loin de la vie trépidante de la capitale régionale et de ses éphémères phénomènes
de mode.
"Nous avons eu beaucoup de chance de trouver ce local qui était inoccupé depuis
15 ans, reconnaît Bruno Jourdan. Le cadre a beaucoup de charme, la ville est
proche, le stationnement n'est pas un problème, et les soucis de sécurité sont
moindres. Par contre, au regard de toutes les contraintes administratives, il est sans
doute beaucoup plus simple de reprendre un établissement existant que d'en créer
un..."
La tradition n'a que du bon
Après 6 mois de travaux, et beaucoup d'énergie mise en uvre pour limiter
l'investissement de départ à 250 000 F, le jeune couple a pu, non sans fierté, énoncer
la liste de ses propres réalisations. La pose du carrelage, celle du placoplâtre,
c'était eux ; la fabrication des tables comme des portes, aussi. Et la liste n'est pas
exhaustive !
Le succès fut au rendez-vous dès l'ouverture. "Les amis ont lancé la machine,
comme aime à le souligner Anne Cifre qui dirige les opérations en salle. Il y a un
important travail d'explication des plats, et c'est pour cela que nous sommes aussi
nombreux aujourd'hui. Cela prend du temps mais passionne les clients. On leur met l'eau à
la bouche ! Et comme tout le service se fait en cassolettes, ils apprécient ce côté
presque familial et terroir de la maison." Des gourmands de cuisine
méditerranéenne qui pointent le nez sur l'ardoise pour connaître la carte du jour. Une
option toute conviviale voulue par Bruno Jourdan. Un chef qui a essentiellement puisé
dans le patrimoine familial les recettes qui font le charme de son établissement. "Mes
deux grands-mères et ma mère sont des cuisinières de talent. Elles pratiquent une
cuisine simple, mais sincère avec des produits comme la morue, l'anguille ou les
escargots que l'on trouve de moins en moins en restauration."
Mais il ne travaille pas que cela. Alors ici, vive aussi les Aubergines confites, les
Suquets de lotte, les Encornets à la plancha et les Tartines catalanes : la tradition n'a
vraiment que du bon !
Une politique très sociale
Mais peu de clients savent qu'ils n'ont peut-être jamais failli découvrir cette
cuisine-là. Tout simplement parce que Bruno Jourdan en a eu marre, un jour, de passer
autant de temps devant les fourneaux. L'ancien élève de Sète puis de Thonon, dont le
parcours professionnel est marqué par un séjour au Château Saint-Martin à Vence, puis
un passage par les cuisines de L'Elysée, s'offre ensuite une expérience d'un an au
Canada. Mais comme l'Hérault lui manquait, le retour était inévitable. La Côte Bleue
à Bouzigues, Le Jardin des Sens, puis Le Métropole à Montpellier, constituent de
nouvelles étapes. "Mais un jour, j'en ai eu vraiment marre des conditions de
travail et des horaires impossibles. J'ai rejoint mon père, viticulteur à Vendargues, et
j'ai travaillé la vigne pendant 3 ans..."
Jusqu'à ce qu'un jour, lassé de ne pas trouver le style de restaurant qui colle à son
accent, il se lance dans la création de Anis et Canisses. Mais le chef d'entreprise
d'aujourd'hui n'a pas oublié les raisons de la colère de l'employé d'hier. "Nous
avons toujours aménagé notre temps de travail et choisi de nous accorder plus de repos
que nos confrères. Nous sommes donc fermés le samedi midi, le dimanche, le lundi et le
mardi midi." Une orientation sociale qui fait le bonheur de son équipe et
n'empêche pas le chiffre d'affaires de progresser de 20 % par an en moyenne... n zzz22v
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L'Hôtellerie n° 2742 Magazine 1er Novembre 2001