Situé à Pontivy dans le Morbihan, le lycée Jeanne d'Arc-Saint-Ivy veut mettre l'accent cette année sur l'international et la consolidation de ses rapports avec les professionnels. Pour l'année de ses 20 ans, Saint-Ivy ouvre un CAP et ferme une mention complémentaire. Les effectifs sont stables avec 234 élèves.
Olivier Marie zzz68v
Michel Guirriec : "Nous observons au fil des années une défection des
jeunes à l'égard de ces métiers. Il faut non seulement les informer, comme les
familles, sur les métiers des CHR en collaboration avec les professionnels, et ce, dès
le collège."
Pour l'année de ses 20 ans,
la section hôtellerie-restauration du lycée d'enseignement général et professionnel
Jeanne d'Arc-Saint-Ivy ferme une section pour en ouvrir une autre. "Nous avons en
effet décidé d'arrêter la mention complémentaire cuisine et terroir faute de
combattants, précise Michel Guirriec, directeur de l'établissement. Nous avions
un accueil très favorable de la part de la profession, mais je pense que cette formation
s'adressait à des gens trop jeunes dans le métier qui n'y voyaient pas d'intérêt. Cela
conviendrait certainement mieux à une formation continue." Parallèlement, le
lycée de Pontivy dans le Morbihan ouvre un CAP cuisine de 15 élèves, "une autre
voie pour des jeunes en difficulté scolaire". Aux côtés de ces deux
nouveautés pour la rentrée 2001, le lycée propose toujours un BEP
hôtellerie-restauration, un bac pro, ainsi que trois mentions complémentaires,
sommellerie, barman et la très originale cuisine et thalassothérapie. Au total, 234
élèves remplissent ces diverses filières dans un établissement fondé en 1936 qui
compte quelque 1 700 jeunes répartis dans 30 formations.
Concernant l'hôtellerie, "les effectifs sont stables, remarque Armand-Pierre
Justin, le chef de travaux. Nous observons des baisses sur les mentions
complémentaires barman et sommellerie, mais je pense qu'il faut tenir compte ici du
contexte d'emploi. Aujourd'hui on embauche et les jeunes ne vont pas jusqu'à suivre des
MC. Les bac pro et les BEP trouvent facilement du travail". Le recrutement de
Saint-Ivy se fait sur tout le département et le sud des Côtes d'Armor, et "dans
80 % des cas, les jeunes me semblent très motivés. Nous recrutons sur dossier et
entretien ; la motivation reste un facteur important."
Cette année, le directeur veut mettre l'accent sur l'internationalisation de la section
hôtellerie mais également sur la consolidation des rapports avec les professionnels.
Relever le défi du recrutement
"Nous avons ensemble à relever de grands défis et notamment celui du
recrutement, souligne avec force Michel Guirriec. Nous observons au fil des années
une défection des jeunes à l'égard de ces métiers. Il faut non seulement les informer,
comme les familles, sur les métiers des CHR en collaboration avec les professionnels, et
ce, dès le collège. Il faut également des avancées dans l'organisation du travail."
Mais le directeur se veut optimiste dans cette campagne de communication "sur
laquelle nous travaillons bien ici avec les professionnels". Autre voie à
explorer cette année donc, l'international, un leitmotiv dans tous les établissements.
Saint-Ivy organise déjà des échanges avec le Québec depuis plusieurs années. "Nous
sommes d'ailleurs jumelés avec un centre de formation professionnelle au Québec, Jacques
Rousseau. Une année sur deux, un groupe d'élèves se rend, généralement des terminales
bac pro et MC sommellerie. Tous les ans, un professeur se rend là-bas pendant 3 semaines.
Nous développons également les échanges vers l'Allemagne et l'Italie." Les
professionnels locaux s'inquiètent généralement du départ de ces jeunes vers d'autres
horizons, "mais lorsqu'ils décident de travailler à l'étranger, les jeunes
reviennent généralement au bout de 4 à 5 ans. Nous envoyons nos BEP dans les
entreprises locales et les bac réalisent la moitié de leurs 18 semaines de stage dans
des entreprises de la région. L'autre moitié étant effectuée dans l'Est ou le midi de
la France". Le lycée Saint-Ivy dispose de beaux moyens techniques afin
d'assurer la réussite de ses élèves qui ont, par exemple, accès à un CDI multimédia
de quelque 350 ordinateurs en réseau et connectés en numéris ! Pour ce qui est de
l'hôtellerie-restauration, la section est agencée autour de deux restaurants
(application et pédagogique), de deux cuisines, d'une salle technologie culinaire
appliquée, d'un local pâtisserie, etc. Ces équipements sont animés par une équipe
composée de 12 personnes (5 en salle et 7 en cuisine). n
"Aux professionnels de s'adapter..."Elèves en mention complémentaire cuisine et thalassothérapie, Estelle Touzet et Frédéric Meurou viennent de deux horizons différents à l'instar de tous les élèves de cette formation. Alors qu'Estelle sort d'un BTS hôtellerie-restauration effectué à Brive-la-Gaillarde, Frédéric vient quant à lui de passer avec succès son bac professionnel cuisine (suite à un BEP, toujours à Saint-Ivy). Cette année, ils optent pour une mention complémentaire assez particulière (il n'en existe que 4 en France) afin de "rajouter une nouvelle corde à mon arc et me faciliter l'accès à différents établissements", précise Estelle. Ici, les élèves, "très agréablement surpris par le contenu d'une formation déclinée par un professionnel hyper motivé", découvrent de nouveaux produits comme les épices, les algues, étudient les régimes végétariens, la cuisine allégée... "Avec des produits d'une fraîcheur irréprochable, car ici on ne peut pas cacher le goût du produit derrière une sauce. Cette formation permet de stabiliser les bases de la cuisine", dixit Estelle. Mais outre l'intérêt indéniable que portent ces deux jeunes à leur nouvelle formation d'un an, cette mention leur permet plus globalement de "prendre du recul avant de nous lancer dans le monde du travail. De nous fixer et de bien réfléchir à notre avenir. Où allons-nous travailler, dans quel type d'établissement, etc. Car lorsque nous sommes à l'école, on bosse pour l'exam sans être préparé au marché du travail". Fini le gastro !A l'issue de cette formation, les deux jeunes pensent être "au top en thalasso et en culture générale. Nous évoluerons sur un marché assez porteur". Et pas question pour eux de revenir vers la gastro. "Entre les deux, il n'y a pas photo. C'est une question d'ambiance déjà. En thalasso, on n'est pas là en train de vous donner des coups de pied aux fesses comme dans la cuisine traditionnelle. D'ailleurs, selon Estelle, il faudrait qu'ils changent leurs méthodes qui datent de 30 ans. Les jeunes et les mentalités ont évolué, aux chefs de s'adapter et de garder un esprit jeune. Et les salaires, ce n'est même pas la peine d'en parler, c'est n'importe quoi ! Il faut revoir tout ça." Quant à l'écart existant entre la formation et le monde professionnel, Estelle distille là aussi des idées bien marquées. "Les jeunes abandonnent ce métier car ils sont trop bercés par les grands mots de l'école. Ils sont dans un cocon où on leur dit 'vous allez être cadres.' C'est faux. De l'autre côté, les professionnels râlent. Je leur propose de venir nous voir dans les établissements. On a besoin de leurs conseils et de savoir ce qu'ils pensent. Qu'ils viennent à notre rencontre." Même si la formation d'Estelle et de Frédéric n'est pas encore terminée, on ne peut pas dire qu'ils ne jettent pas un regard avisé sur le monde professionnel qui les attend... |
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L'Hôtellerie n° 2750 Magazine 3 Janvier 2002