L'un dirige le bar de l'hôtel Warwick, près des Champs-Elysées à Paris, l'autre, quelques rues plus bas, veille sur le bar du restaurant L'Appart. Dans les deux établissements, le whisky est désormais en bonne place. Motivations.
Sylvie Soubes
Christian Jolly, un ancien du
Fouquet's, veille sur le Swann's Bar, le bar de l'hôtel Warwick, à Paris. Un 4 étoiles
situé à deux pas des Champs-Elysées. Un bar cosy, qui, comme de nombreux autres bars de
grand hôtel aujourd'hui, propose une petite formule de restauration, de 12 à 23 heures.
Celle-ci est élaborée par Franck Charpentier, le chef du restaurant de l'hôtel, 1
étoile au Guide Rouge. Au fil des propositions, de belles associations avec le whisky
sont régulièrement affichées. Saumon, sauce au whisky, Crème brûlée accompagnée
d'un verre de Johnny Walker Gold...
La toute nouvelle carte du Swann's Bar s'est également enrichie en blendes, scotchs,
single malts, canadians, bourbons. "L'univers du whisky a énormément évolué
ces dernières années, commente Christian Jolly. Grâce, notamment, aux efforts
faits par les marques qui ont su mettre en avant les malts. Mais il y a encore beaucoup de
travail à faire. Les malts, comme l'ensemble des whiskies, offrent une large palette de
goûts et d'origines. C'est à nous, barmen, d'initier les gens et de les faire rêver.
Rares sont en effet les alcools à pouvoir prétendre à autant de diversité. Cette
diversité est évocatrice de voyages. D'où cette idée de lancer des plateaux
dégustation, qui permettent au consommateur de découvrir plusieurs whiskies."
Au programme : 4 whiskies différents, servis en faible quantité, 1 cl par référence.
Il s'agit alors de dégustations personnalisées, réalisées selon l'inspiration du chef
barman et en fonction du ou des clients. La cave du Swann's recèle de très beaux
cigares. Christian Jolly développe volontiers les associations whiskies et cigares.
"J'ai une importante clientèle d'habitués, et pour ceux qui connaissent bien le
whisky, qui s'y intéressent vraiment, j'essaie toujours d'aller plus loin dans la
découverte." Dans cet esprit, hormis les références inscrites à la carte,
Christian Jolly déniche des bouteilles d'exception qu'ils réservent à certains clients.
La bouteille devient leur bouteille. Personne d'autre n'y a accès.
La diversité des whiskies invite au voyage rappelle Christian Jolly, chef barman
au bar de l'hôtel Warwick.
Eaux de source
Pour ajouter à l'excellence, ce chef barman fait rentrer des eaux spécifiques, choisies
pour leur 'fraîcheur'. En majorité des eaux de sources, venant d'Ecosse, d'Irlande...
"L'eau ne doit en aucun cas dénaturer la personnalité du whisky. C'est pourquoi
il ne faut d'ailleurs jamais mettre de glace dans un whisky. Les glaçons sont
généralement faits avec de l'eau du robinet qui dégage des odeurs désagréables d'eau
de javel. Et puis, les grands whiskies n'apprécient pas le contact du froid."
Le jour de notre visite au Swann's et pour illustrer le fait que les grands whiskies
peuvent aussi séduire les palais féminins, Christian Jolly nous fait goûter un
Blanton's, made in América. Jamais bu auparavant. A tout jamais gravé dans les papilles.
Superbement inscrit ! Nous nous souviendrons aussi du sourire malicieux passé sur le
visage de Christian Jolly.
La nouvelle carte du Swann's arbore une large et belle gamme de whiskies.
Personnel formé
A quelques enjambées des Champs-Elysées encore, mais un peu plus bas sur l'avenue, le
bar du restaurant L'Appart s'est taillé une solide réputation en matière de whisky
depuis l'arrivée de son chef barman, Olivier Meurice, il y a 6 ans. Interrogé sur
l'évolution des whiskies depuis 10 ans, celui-ci confirme le développement des malts et
le rôle joué par la gamme des Classics Malts. "La référence au terroir, le
choix des malts sont pour beaucoup dans le succès de cette gamme, mais il y a eu autre
chose d'intéressant dans ce concept, initié à l'époque par CSA. Au lieu d'être
obligé d'acheter 6 bouteilles par marque, nous pouvions désormais n'acheter qu'une seule
bouteille par marque. Ce référencement était moins lourd pour nous, il y avait moins de
stockage, et dans le même temps nous élargissions la proposition client." Pour
Olivier Meurice, l'intérêt du public pour les whiskies, et pas seulement des malts,
s'est accru de manière significative depuis 5 ans. "Il suffit de regarder les
linéaires des grandes surfaces qui offrent de très belles gammes. Nous le constatons au
bar avec des gens qui s'y connaissent de plus en plus." A L'Appart, 80 % des
clients portent une oreille attentive à l'univers du whisky et dans cette fourchette, 20
% sont de vrais amateurs.
Une fois par semaine, Olivier Meurice réunit ses barmen autour d'une dégustation
à l'aveugle.
Partenariat
Il y a 2 ans, Olivier Meurice décide d'un partenariat avec la Maison du Whisky. Ce
partenariat se traduit par l'élaboration d'une carte qui change environ quatre fois par
an et comporte de 10 à 15 références. Les whiskies tournent, la clientèle peut
découvrir un large éventail sur 12 mois et le bar ne se trouve pas confronté à une
surcharge de stocks puisque là encore, les achats se font en petite quantité. Olivier
Meurice est aussi un fervent défenseur du plateau dégustation. Glenfiddich en 12, 15 et
18 ans, en 18, 21 et 35 ans, Jack Daniel's classic, single barrel ou silver select...
Chaque sélection décline 3 whiskies servis en 2 cl. Pour les accompagner, un peu d'eau
de Vittel à température ambiante. "Je crois que le plus important ici, c'est
l'échange qui ressort de la dégustation. Il ne s'agit pas de faire un cours au client
mais d'instaurer un dialogue. Il s'agit vraiment d'un échange entre le barman et lui."
Ce type de prestation réclame des équipes formées au whisky. Des fiches techniques sont
réalisées par Olivier Meurice dans lesquelles entrent un rapide historique de l'alcool,
la situation géographique de la distillerie, ses particularités, un argumentaire
commercial, les termes nécessaires à la dégustation... "Ces fiches n'ont pas de
vocation exhaustive, mais leur donnent des repères et la matière dont ils ont besoin
face au client." Les six barmen qui travaillent avec Olivier Meurice participent
une fois par semaine à une dégustation interne, organisée volontairement à l'aveugle.
"C'est pour eux le moyen de se familiariser avec des produits différents et de mieux
les appréhender. Et quand c'est possible, quand je les sens motivés, j'essaie de faire
en sorte qu'ils assistent aux dégustations professionnelles."
De 1993, date de création du restaurant, à 1995, le bar de L'Appart renfermait une
cinquantaine de références dont 7 whiskies en moyenne. Actuellement, celui-ci propose
380 références dont 60 whiskies. Pas de carte au programme. Enfin, presque. "Nous
avons une carte, mais nous ne la montrons jamais. Je tiens à ce que le client soit pris
en charge. C'est le rôle du barman d'aller au-devant du client et de deviner ce qui va
lui faire plaisir. C'est un métier de contact." Seule entorse à la règle,
lorsqu'un produit de la Maison du Whisky a été découvert par un consommateur, celui-ci
se voit remettre une carte présentant l'importateur. "Notre gamme unique, en
perpétuelle évolution, comprend entre 800 et 900 références, de quoi répondre aux
goûts de chacun, mais aussi un excellent moyen de découvrir un univers aux saveurs
insoupçonnées. Convaincus de la richesse de cet alcool, nous ne nous limitons pas à
l'exploration des single malts écossais, c'est pourquoi vous trouverez dans cette
sélection des whiskies provenant d'autres grands pays producteurs : les Etats-Unis,
l'Irlande et même le Japon", peut-on lire en introduction. n Zzza46
Mise en avant impressionnante des whiskies au bar de L'Appart. A droite, dans la
salle du restaurant L'Appart, une vitrine est aussi consacrée aux whiskies.
En brefChivas Régal en fourreau résille
Trois Glenfarclas 1990 Ballantine's Original Character |
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L'Hôtellerie n° 2750 Magazine 3 Janvier 2002