Autodidacte, Cees Helder, chef patron du Parkheuvel, est le premier chef néerlandais à être triplement étoilé.
Lydie Anastassion
Le 1er mars, le soleil brillait à Rotterdam aux Pays-Bas. Quand le Veau poché aux légumes secs, moelle, cornichons et lardons, est arrivé sur la table, Myrèse a émis une requête particulière : sauver le petit os à moelle. Deux minutes plus tard, il reposait à côté de sa main droite, emballé dans du papier d'aluminium. Une fois bien nettoyé, daté et annoté au feutre, il serait enfilé, un peu comme une grosse perle, sur un lacet, tout comme neuf autres os, reliques d'agapes mémorables. Attablée dans la salle du restaurant Parkheuvel (littéralement : la colline du parc) derrière les grandes baies vitrées donnant sur la Meuse, la convive, âgée d'une soixantaine d'années, savoure chaque instant comme chaque bouchée. Sous sa frange grise, ses yeux pétillent. Vers 13 heures, elle est allée donner un coup de fil à son mari, pour qu'il ne l'attende pas pour déjeuner et qu'il se fasse un "petit sandwich".
Cees Helder prévoit de prendre sa retraite d'ici 10 ans. Et de se consacrer à
l'un de ses hobbies : la pêche à la mouche.
Etablissement contemporain
A chaque plat, Myrèse commente. Des Lamelles de cabillaud poché, du Cabillaud en saumure
et un bavarois de tomate, un Turbot grillé à la crème d'anchois ont précédé la
viande. La dame connaît bien la cuisine du chef Cees Helder. La première fois qu'elle
l'a rencontré, c'était à l'occasion d'un cours de cuisine lorsqu'il travaillait à
Delft. Le thème du jour était l'agneau sous toutes ses formes. Depuis, elle et son mari
sont devenus des admirateurs rapprochés du cuisinier chez qui ils viennent manger à peu
près une fois par mois. Aujourd'hui, Myrèse semble encore plus fière de la troisième
étoile que les deux principaux intéressés, Cees et sa femme Rosalie. Cees et Rosalie
travaillent ensemble depuis 1986, l'année de l'ouverture du restaurant Parkheuvel. Un
établissement contemporain entièrement conçu par le propriétaire. C'est simple : un
cercle avec deux carrés de part et d'autre, l'un pour la cuisine, l'autre pour un salon
privé de 40 couverts. Au centre, côté fleuve, une salle de restaurant arrondie, côté
parc, un hall d'entrée vitré et majestueux où trônent deux énormes fauteuils orange.
En été, 40 couverts sont dressés sur la terrasse, sous de grands parasols blancs. "Je
voulais avoir mon propre restaurant à l'endroit de mon choix et exactement tel que je le
désirais", raconte Cees Helder. En 1990, le restaurant gagne sa première
étoile et en 1995 sa seconde.
Cees et Rosalie, sa femme, travaillent ensemble depuis l'ouverture du restaurant.
Modeste
De haute stature, cheveux blancs, l'homme, âgé de 54 ans, est discret. Et modeste. Le
premier chef triplement étoilé de l'histoire de la gastronomie hollandaise est
autodidacte. C'est à 20 ans qu'il fait ses classes aux côtés de Pierre Krans qui
deviendra ensuite le cuisinier de la reine Juliana. "Cela a été le coup de
foudre avec la cuisine." A 28 ans, l'élève décroche sa première étoile au
guide Michelin au restaurant Villa Rozenrust à Leidschendam où il occupe de 1976
à 1979 son premier poste de chef de cuisine, et récidive au Chevalier à Delft. Pour le
groupe hôtelier Bilder Berg, il quitte son tablier pour le complet de directeur du
château Kerckebosch de Beukenof de 1982 à 1986. "Après cela, j'avais tous les
atouts en main pour me lancer et ouvrir mon propre restaurant", commente le chef.
Lui et sa femme, qui s'occupe de la salle et de l'accueil, forment un duo calme mais de
choc. Après des études hôtelières aux Pays-Bas, elle est allée travailler en France,
à Macon, puis en Italie, et enfin à Londres comme chef de réception.
Dans sa cuisine, Cees travaille avec 8 personnes. Parfois 9, quand Myrèse s'y glisse.
Après y avoir gagné ses premiers galons en écossant les petits pois, elle est
maintenant au nettoyage des homards. "Si Cees s'énerve au moment du coup de feu
et crie, après il s'excuse", lui pardonne-t-elle. Avec l'arrivée du troisième
macaron, Cees en est presque à redouter de nouveaux clients, plus adeptes du m'as-tu vu
que de la cuisine. "Cette troisième étoile récompense le travail que nous avons
fourni le mois dernier et tous les jours précédents. Ce qui signifie que nous ne
modifierons rien à notre façon de faire, que le nombre d'amuse-bouches ne va pas
croître de façon exponentielle, et que les prix ne vont pas exploser", assure
Rosalie qui avoue ne pas ressentir de stress plus important. Du reste, elle n'a toujours
pas ajouté de ligne supplémentaire au CV de son mari à la rubrique 'michelinster
behaald'. n zzz99 zzz22v
Le chef a gagné sa 1ère étoile en 1990, soit 4 ans après l'ouverture du
restaurant.
Parkheuvel Restaurant
Heuvellan 21 - 3016 GL Rotterdam - Pays-Bas
Tél. : 00 32 10 436 07 66
Fax : 00 32 10 436 71 40
Web : www.parkheuvel.com
En chiffres |
Capacité 60 + 40 (salon) + en été (terrasse) Nombre de couverts De 80 à 90 Ticket moyen 130 e Effectif 22 personnes |
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L'Hôtellerie n° 2763 Magazine 4 Avril 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE