Jean-Christophe Ansanay-Alex Auberge de l'Ile Barbe Lyon (69) |
Douze ans jour pour jour après l'accident de voiture qui l'a laissé handicapé, Jean-Christophe Ansanay-Alex a appris l'obtention de sa deuxième étoile. Comme une douce revanche sur le sort !
Jean-François Mesplède
Jean-Christophe Ansanay-Alex compose son menu du jour au hasard du marché.
La petite phrase est devenue un leitmotiv. La philosophie d'une vie bouleversée par un accident de voiture. "Le handicap, c'est dans la tête. Je ne me sens pas faible", martèle Jean-Christophe Ansanay-Alex. Les souvenirs d'enfance suffisent à justifier une vocation qui prend naissance chez le grand-père, Armand, hôtelier à Notre-Dame-de-Bellecombe, et qui se poursuit chez ses parents, restaurateurs à l'Ile Barbe. En 1967, 2 ans après la naissance de leur fils unique, Jean-Louis et Renée se sont installés sur ce minuscule bout de terre sur la Saône dans le IXe arrondissement de Lyon, à quelques coups de rame de Collonges-au-Mont-d'Or. La maison qui abrite l'Auberge de l'Ile est datée de 1621. C'est là que Jean-Christophe vit et exerce son métier. BTH à Thonon, stages chez Million à Albertville et au Casino de Divonne. Retour à Lyon, diplôme en poche. Cuisinier chez Orsi, puis pâtissier chez Lafay. Godard ensuite, ancien cuisinier en maison bourgeoise qui le place chez Christina Onassis. Il y reste une année, refuse une sollicitation de Niarchos et se pose à Romorantin. En 1987, l'étape au Lion d'Or chez Didier Clément est le premier déclic de sa carrière. "Cette année-là, je suis né à la cuisine. Sur des bases classiques, il m'a enseigné cette créativité que j'avais toujours recherchée."
"Je veux être cuisinier"
Ensuite, il aurait aimé poursuivre l'aventure, partir chez Rllinger ou Passard
comme il l'imaginait. Son père, malade, l'a convaincu de revenir près de lui à Lyon en
1989. S'il découvre une autre facette du métier, celle de chef d'entreprise, il se
libère aussi vers une cuisine plus personnelle. Rien n'est facile pourtant. En pleine
guerre du Golfe, les clients ne se bousculent pas à l'Auberge. Un soir de février 1990,
tout bascule. Au volant de sa voiture sur la route qui longe la Saône, Jean-Christophe
conduit. Sous la pluie, sans doute un peu trop vite, mais il connaît si bien le coin...
Puis c'est le mur, frappé de plein fouet. Il est désincarcéré, transporté à
l'hôpital, opéré : 10 heures de microchirurgie et la paralysie du membre supérieur
droit. On lui conseille d'abandonner le métier. Il s'entête. "Je sais faire la
cuisine. Je veux être cuisinier." Il n'en démord pas, apprend à travailler de
la main gauche, et tire de son accident une formidable envie d'avancer. "C'est le
deuxième déclic dans ma vie. Je me suis lancé dans la cuisine comme in teigneux
(sic), et en 1993, j'ai décroché 1 étoile : c'était une belle revanche sur la
vie." Aujourd'hui, il savoure. Il aime à se définir aubergiste, milite pour le
retour "à une authentique convivialité, une vraie gentillesse. Les gens ont
envie qu'on les fasse rêver". Avec un menu qui change au hasard du marché du
jour et des envies en cuisine, il s'y emploie avec simplicité, jouant sans hésitation
sur les mariages osés. Depuis septembre, les menus à 3 et 5 plats sont déclinés de
vive voix par le chef en début de service. Bien sûr, si une proposition ne plaît pas,
une autre la remplace. Mais généralement, les clients se laissent guider et séduire.
Comme les inspecteurs du Guide Rouge en fait ! n zzz22i
Auberge de l'Ile Barbe
Ile Barbe
69009 Lyon
Tél. : 04 78 83 99 49
Fax : 04 78 47 80 46
E-mail : info@aubergedelile.com
En chiffres w Investissements 55 000 e |
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L'Hôtellerie n° 2767 Magazine 2 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE