Laurent Saudeau Le Manoir de la Boulaie-Restaurant Laurent Saudeau Nantes (44) |
Dans son Manoir de la Boulaie, Laurent Saudeau délivre une cuisine riche en surprises mêlant les saveurs exotiques tout en respectant la qualité, la cuisson et l'assaisonnement du produit. Une règle d'or chez ce jeune chef qui n'en est pas à sa première étoile.
Olivier Marie
Pour Laurent Saudeau, "un cuisinier n'est pas obligé de travailler des
produits nobles pour faire du bon travail".
Même si, de l'extérieur, le Manoir
de la Boulaie semble en parfaite adéquation avec son environnement campagnard paré de
vignes, il ne faut pas se fier aux apparences. Dès que l'on pousse les portes de cette
demeure située à Haute-Goulaine près de Nantes, c'est... adieu beurre blanc, sandre de
Loire ou plateau de fruits de mer ! Laurent Saudeau, le chef, peuple son esprit de chutney
de mangue, d'épices Colombo, de combava, de compotée de chorizo ou d'olives
méditerranéennes. La surprise, brusque et totale, n'est que plus excitante. Edifié en
1910, le Manoir de la Boulaie "appartient à mes parents qui ont restructuré les
lieux pour en faire notre restaurant", ouvert en avril 2000. Il a fallu créer
une cuisine de 120 m2, et réaménager le rez-de-chaussée pour y installer des salles de
restaurant sur une surface de quelque 300 m2. "Au bout d'un an et demi, nous
assurions 50 couverts jour pour une clientèle surtout locale. Le bouche à oreille a
très bien fonctionné, et je pense que l'ambiance familiale plaît à des clients que
nous convions systématiquement à visiter la cuisine." Trônant au cur
d'un parc de 3 hectares, le Manoir se trouve néanmoins à l'écart des centres
d'affaires. "Nous nous sommes posés beaucoup de questions avant de nous
installer, sur la situation géographique de l'établissement, l'intérêt des Nantais
pour la cuisine gastro, etc. D'autant que nous partions de zéro, sans aucune
notoriété." Mais Laurent et Barbara Saudeau prennent le risque, forts de
l'expérience du chef.
Diplômé de l'école hôtelière des Sables-d'Olonne, Laurent entame un riche parcours
professionnel ponctué de noms prestigieux : la Bonne Auberge à Antibes avec Jean
Rostang, le Negresco à Nice, Lucas Carton de Senderens... Un habitué des étoiles
Michelin, non seulement pour les avoir fréquentées, mais également pour les avoir
conquises comme ce fut le cas en 1997 aux Bories à Gordes. "Lorsque j'y suis
arrivé, le challenge était de récupérer l'étoile, ce qui fut fait 14 mois plus
tard." Une expérience quasi similaire s'en suit "au Domaine de Beauvois.
J'ai participé à l'acquisition de l'étoile puisque je suis resté là-bas 2 ans avant
de quitter la place en 2000. L'étoile est arrivée en 2001."
Exotisme et légumes oubliés
De cette expérience chez les plus grands, Laurent Saudeau façonne sa conception de la
cuisine qui s'articule autour d'une règle d'or : "Le choix du produit, son
assaisonnement et sa cuisson. Tout part de là." Partir, voilà justement le
verbe qualifiant cette cuisine "qui doit être un dépaysement total. Les gens
voyagent, doivent être surpris par les saveurs, les produits et leur association",
à l'image de ces Langoustines croustillantes au citron confit et coriandre, chutney de
mangue et poivrons rouges à la citronnelle. "Ma spécialité reste une recette
portugaise, le Cataplana d'agneau cuit à l'étouffé avec un bouquet de thym et de
romarin et servi dans une sorte de cocotte en cuivre. Lorsque le client l'ouvre, cela
embaume toute la pièce." Dans la cuisine, on trouve ici ou là des morceaux de
bambou, des coques de bananier, des plats tressés... utilisés pour la présentation.
Adepte de la cuisine méditerranéenne et orientale, Laurent Saudeau, qui a passé un an
à la Réunion, ne dédaigne pas "faire redécouvrir certains légumes comme les
lentilles, le rutabaga, les crosnes... un cuisinier n'est pas obligé de travailler des
produits nobles pour faire du bon travail. Un cabillaud de ligne se suffit à lui seul.
Pas besoin d'y râper une truffe !"
C'est donc cette cuisine osée que le Guide Rouge a tenu à récompenser. "Nous
allons peaufiner notre style et certainement embaucher un sommelier, précise le chef.
Mais rien n'est acquis, il va falloir travailler dur. Avant, le client découvrait la
cuisine et était surpris." Il se dit, aujourd'hui, "je dois être
surpris, la démarche n'est plus la même." n zzz22i
Le Manoir de la Boulaie
Restaurant Laurent Saudeau
33, rue de la Chapelle Saint-Martin
44115 Haute-Goulaine
Tél. : 02 40 06 15 91
Fax : 02 40 54 56 83
En chiffres w Nombre de couverts 45 |
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L'Hôtellerie n° 2767 Magazine 2 Mai 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE