La Plagne a 30 ans cette année. L'existence de cette station est étroitement liée à Dominique et Alain Cressend, qui l'accompagnent depuis son origine, lançant avec succès 7 restaurants et employant plus de 40 personnes en saison.
Fleur Tari
L'aventure commence en 1978. Dominique, belle Normande, arrive à La Plagne en Savoie. Elle prend un peu de temps pour se reposer entre deux voyages à travers le monde. Elle ne repartira plus. C'est la rencontre avec Alain Cressend, son époux, qui attache cet oiseau migrateur aux terres savoyardes. Lui est membre de l'équipe de France de ski, entraîneur en compétition, bien connu dans la région. Dominique a eu un parcours plus aventureux. Après avoir sillonné l'Europe en 2 CV, elle passe plusieurs mois en URSS puis part en Amérique centrale, fait le tour complet des Etats-Unis et traverse le Canada. Pendant 3 ans, à Montréal, elle est journaliste au Montréal Matin, puis responsable d'un magasin de mode française. Le mal du pays la prend et elle rentre se reposer à La Plagne. On connaît la suite. Dominique et Alain souhaitent "monter quelque chose ensemble". Le domaine de La Plagne ouvre une nouvelle station. C'est l'opportunité qu'ils attendaient. En 1980, ils s'installent à Belle-Plagne. Dans la nouvelle station, un premier bâtiment sort à peine de terre, il abrite 4 commerces.
Les pionniers de Belle-Plagne
Dominique, sans aucune expérience dans ce domaine, ouvre le restaurant Le Matafan. Le
hasard lui fait rencontrer le chef pâtissier du Miramar à Biarritz. Accrocheuse, elle le
convainc de diriger la cuisine. De 60 couverts au départ, ils l'étendront 15 ans plus
tard à 150 couverts servis tous les jours. Alain abandonne son travail et rejoint son
épouse. Le choix de la carte est simple. Une cuisine traditionnelle mais de qualité, le
repas moyen se situe aux alentours de 25 e. Dans la galerie commerciale, 5 ans plus tard,
un local se libère avec l'opportunité de créer un autre restaurant. Pour offrir une
alternative à leurs clients, et aussi pour que la gestion de la cuisine soit simple, ils
choisissent de créer une pizzeria-restaurant de pâtes. La surface coûte cher en
station, alors Dominique sillonne l'Italie à la recherche de petites tables, très design
certes, mais surtout permettant d'asseoir beaucoup de clients. Alain s'insurge : personne
n'acceptera d'être assis à une si petite table. Pour Dominique, ce qui fait entrer le
client, c'est le décor, l'accueil. La Pasta, 40 couverts, commence son activité sous
l'il angoissé d'Alain. Il attend dehors les remarques des clients. Il s'attend à
calmer leur colère d'être si mal installés, mais ils sont tous enchantés de trouver un
cadre aussi branché dans une station. La recette est trouvée, ils choisissent d'axer
leur développement sur le cadre, le décor du restaurant. Bien sûr, ce qui est dans
l'assiette est important, mais la concurrence est rude. Il faut d'abord créer une
ambiance, et c'est ce point qui va permettre aux Cressend leur expansion. La Pasta, très
bénéficiaire, sera vendue pour financer leurs autres projets. Pour conforter leur
développement, les Cressend fidélisent leurs employés en leur offrant des logements
convenables. Le coût : 580 e par mois sur 5 mois d'activité par employé. "Cela
vaut la peine. Nous avons fidélisé les bons éléments qui reviennent chaque année.
Nous n'avons plus de soucis de recrutement, problème le plus préoccupant des stations."
Dominique et Alain se sont pris au jeu. Ils ne s'arrêteront pas là. En 1992, le bureau
de vente de la station est libre. Personne n'en veut. Très étroit, il ne permet pas le
service d'un restaurant, et reste trop petit pour un commerce traditionnel. Dominique se
souvient des moments passés dans les pubs anglais. Pas de service, les clients vont
eux-même passer commande au bar, des banquettes et beaucoup d'ambiance.
Le Matafan.
Le décor pour faire entrer le client
Ils vont créer le Mat's Pub. Ce qu'elle veut, c'est un vrai pub, avec le plafond couleur
'Onicotine', le jeu de fléchettes, la bière. Elle part donc en Angleterre, la livre est
à ce moment-là dévaluée de 20 %, et Dominique rachète, à peu de frais, les meubles
d'un vrai pub. L'ambiance est créée, le Mat's Pub est un succès. Seuls 2 employés
suffisent à le faire fonctionner pour un CA de 150 000 e. En 1997, un autre commerce se
libère. Le Matafan est transféré. Que faire des locaux vides ? Alain, en plein travaux
pour le nouveau Matafan, refuse d'investir. Dominique a une idée. Ils sollicitent leurs
amis du monde du ski qui leur offrent des objets cultes, symboles de victoire. Les skis
qui ont gagné les Jeux olympiques de Lillehammer, la tenue du record du kilomètre
lancé, le casque de descente des championnats du monde, dossards, bâtons, gants,
chaussures, vont constituer le décor du Ski Planet. Des nacelles de télésièges
soudées ensemble meublent la terrasse qui est devenue une attraction de la station. Pour
une somme modique, avec beaucoup d'imagination et le soutien des champions, ce restaurant
très particulier de 75 couverts attire sportifs et curieux.
La Mine.
Les Mines de Savoie
Dominique et Alain viennent de reprendre 2 autres emplacements commerciaux. Le premier
sera Couleur Café Pub, pub anglais dont le décor date de 1800. Le personnel est recruté
par Internet en Angleterre, et les clients anglais sont ravis de se retrouver chez eux. Le
dernier bébé de Dominique et d'Alain, c'est l'histoire d'une passion, d'un coup de
foudre. Dominique apprend qu'en Savoie, à La Plagne, des mines ont été longtemps
exploitées. Le grand-père d'Alain y était lui-même mineur. Ouvertes en 1462 jusqu'en
1974, les mines produisaient 150 à 600 tonnes de roche par jour dont on extrayait du
plomb et de l'argent. L'histoire la fascine. Elle visite les mines abandonnées,
récupère des chariots qui serviront de table, des rails... A la grande surprise des
anciens mineurs, elle rachète les vieux outils, les lampes, tout ce qui retrace la vie de
la mine. Pour que le décor soit parfait, elle entraîne Alain à Disneyland où ils
passent de longues heures à photographier le décor du 'train de la mine' sous l'il
ébahi des employés. La Mine ouvre fin décembre 2000. La surprise est totale et même
les anciens viennent, comme en pèlerinage, revoir la mine de leur enfance. Car là aussi,
c'est le décor qui fait entrer le client. Pour les 30 ans de la station, les Cressend ont
déclaré ne pas avoir d'autres projets. 30 ans, c'est peut-être l'âge de raison. n zzz22v zzz18p
En chiffres |
Le Matafan
Décor bois, style vieux chalet, carte montagne Chiffre d'affaires 915 000 e HT Nbre de couverts 150 en moyenne Effectif 16 personnes Ski Planet
Mat's Pub Couleur Café Pub La Mine |
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L'Hôtellerie n° 2776 Magazine 4 Juillet 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE