"L'activité n'est
plus aussi linéaire qu'auparavant", témoigne cette restauratrice nantaise. Il
faut dire que depuis le mois de mai, les aléas se bousculent et les restaurateurs en
perdent leurs repères. Un temps capricieux, la réduction du temps de travail, les
élections, la Bourse faisant du yoyo, mais aussi l'euro et la Coupe du Monde, une foule
d'événements est venue chambouler les comportements des consommateurs.
Incertains sur l'issue du scrutin, certains clients ont ralenti leur
consommation pendant la période des élections.
Ce désarroi mêlé à une lassitude a été suivi par une dépression de la Bourse qui a
conforté ce phénomène. D'autres professionnels évoquent la mise en place de l'euro et
des 35 heures. Les Français, peu accoutumés aux nouvelles étiquettes, auraient
largement dépensé en début d'année et en subissent les conséquences cet été. "Ils
sont obligés de se serrer la ceinture quelque temps !", explique un
professionnel.
Et d'ajouter : "Le budget restauration est un des postes sur lequel les clients
font facilement des restrictions. Les vacanciers, par exemple, mangent un sandwich le midi
ou envahissent de plus en plus les grandes surfaces."
Quant aux effets des RTT, ils semblent mitigés. "Les Français partent plus
souvent, mais leur budget vacances reste le même", commente un professionnel.
Une récente étude BVA/Direction du tourisme indique d'ailleurs que, parmi les frais
envisagés en 2002 par les Français, les dépenses basiques devraient le plus progresser
cette année (46 % des citations). Le poste loisirs, dont fait partie la restauration,
semble quant à lui être davantage stable (45 % des citations).
Contre toute attente, c'est la Coupe du Monde de Football,
l'événement très attendu, qui sera passé le plus inaperçu pour la plupart des
professionnels en ce printemps 2002. "Les heures de diffusions des matches et la
prestation de l'équipe de France ont rendu cet événement insignifiant sur notre
activité. Finalement, peu de matches ont eu lieu à l'heure du déjeuner, contrairement
à ce que nous avions prévu", explique ce restaurateur parisien. Probablement à
la satisfaction de nombreux professionnels...
En 1998, le bilan du Mondial réalisé par Coach Omnium avait en effet révélé que,
contrairement à leurs confrères, la majorité des cafetiers-restaurateurs avait été
mécontente des retombées de cette aventure sur leur activité. 60 % d'entre eux avaient
vu disparaître leur clientèle d'habitués au profit de supporters moins dépensiers !
Mais globalement, la majorité des professionnels du baromètre L'Hôtellerie/Coach
Omnium s'est avérée satisfaite du début de saison touristique (57 % contre 43 %). Si
2002 a connu plusieurs événements exceptionnels, cette année semble avant tout
constituer une année de transition. Ainsi, les restaurateurs ne peuvent plus se fier au
schéma selon lequel les mois de juillet et d'août concentrent l'essentiel de la saison
touristique. Dorénavant, la saison estivale s'étend de mai à septembre.
Force est de constater que les professionnels ont réagi
différemment à cette période de turbulences, qui a manifestement contenté les uns et
désespéré les autres. Alors que les professionnels de lieux touristiques se sont
réjoui des longs ponts du mois de mai, les citadins ont, eux, fait grise mine. Et vice et
versa pour le mois de juillet, la désaffection des touristes qui semble pénaliser les
professionnels des stations touristiques profitent aux restaurateurs des villes
d'affaires. Reste à voir si le bilan de la saison confirme la tendance.zzz2
Christelle Corsin
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L'Hôtellerie n° 2785 Magazine 5 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE