Celle qui cultivait la nostalgie et l'image d'une capitale assoupie bouscule depuis quelques années les idées reçues et surprend par sa vitalité. La restauration explose. Découverte des lieux branchés, idées à prendre.
Cécile Junod - Photos Ludovic Maisant
Sans rien sacrifier de son patrimoine et de ses traditions, Lisbonne a réussi son
saut dans le troisième millénaire (place do Municipio).
Mode, architecture, boutiques, restos, design... Rien n'a échappé à ce bouillonnant mouvement de liberté. Les vieux quartiers, embaumant toujours fleurs et épices et toujours sillonnés par les tramways, n'ont pas échappé à cet élan de renouveau. D'ailleurs, la rumeur court : Lisbonne s'est hissée au rang des capitales à la mode. Désormais, métropole jeune et dynamique, elle possède son bastion de fashion victims et de noctambules. En un rien de temps, le Bairro Alto, l'un des plus vieux quartiers de Lisbonne, où se retrouvait dans les années 80 l'intelligentsia portugaise, a bousculé toutes ses habitudes. Plus de 50 bars et restaurants se sont implantés dans la rue Atalaia. Le quartier des docks de Santo Amaro a, lui, accueilli dans ses hangars tout décatis, cafés branchés et boîtes de nuit aux néons aguicheurs. Les décorateurs se sont laissés aller aux délires les plus extravagants. Et même si Lisbonne détient le record européen du nombre de téléphones portables par habitant et se targue de posséder le plus grand centre commercial ouvert 7 j/7 jusqu'à minuit, il n'en reste pas moins qu'elle ne veut en aucun cas sacrifier son âme sur l'autel des grandes mutations. Sans jamais défigurer son patrimoine, ni oublier ses traditions, Lisbonne a réussi à sauter dans le troisième millénaire en mêlant harmonieusement architectures, générations et styles de vie.
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Côté restos
Ici, une ancienne imprimerie reconvertie en temple du design : c'est l'Alcantara Café,
l'un des lieux les plus branchés de la capitale. L'endroit illustre parfaitement le
nouvel esprit qui souffle sur Lisbonne depuis quelques années. L'immense salle à
l'architecture industrielle mêle poutres en acier, tentures en velours rouge,
gigantesques ventilos et statues de bronze. Dans les assiettes, on y découvre une cuisine
novatrice, jouant des viandes et poissons avec originalité.
Ouvert depuis 1 an, l'Espaço Lisboa ne désemplit pas. Cochon de lait croustillant,
agneau fondant... Ici, on cuit dans les immenses forges de cette ancienne usine
métallurgique. Résultat : des saveurs indescriptibles qui font courir les foules. En
prime, une déco superbe. Les architectes ont réhabilité cet entrepôt en mettant en
scène les poutres et vieilles chaînes. Ils ont su faire de ce lieu un espace chaleureux
et agréable pour dîner.
L'Espaço Lisboa offre des spécialités cuites dans les immenses fours de cette
ancienne usine.
Autre lieu, autre ambiance. Le Bica do Sapato est un des restos les plus en vue du tout Lisbonne. Celui où il faut venir pour voir et être vu. Installé dans un ancien hangar sur les docks, le Bica do Sapato n'est ni plus ni moins l'uvre de l'un des maîtres de la nuit, Fernando Fernandes, et de... John Malkovitch en personne ! Tombé sous le charme de la ville, l'acteur n'a pas résisté à investir. Le décor aux accents japonisant accompagne une restauration classique et un sushi-bar. Une vaste partie de l'espace s'ouvre très largement par des baies vitrées sur le Tage. Vue imprenable.
uvre de l'un des maîtres de la nuit et de John Malkovitch, le Bica do
Sapato offre au choix une restauration classique ou un sushi-bar.
Ambiance de cirque et atmosphère extraordinaire au Do Chapitô. Il faut dire que l'établissement est tenu par la compagnie de l'école du théâtre/cirque Chapitô. Costumes de clown et de jongleur font partie du décor. La vue sur l'Alfama et le Tage est convaincante, et les tapas sont un plaisir à déguster. Certains soirs, des spectacles improvisés sur l'esplanade en feraient presque oublier les clients de manger.
Tout nouveau, tout beau, c'est le Op Art. Situé juste en face des Docas, il a l'avantage de bénéficier de la folle ambiance qui règne sur les docks, sans avoir à en supporter le trop plein de décibels. Et si les murs tout en verre donnent un peu l'impression d'être dans un aquarium, ils garantissent par ailleurs une superbe vue sur le fleuve. En fin de soirée, la salle se transforme parfois en discothèque.
Le Op Art bénéficie d'une superbe vue sur le fleuve. En fin de soirée, la salle
se transforme parfois en discothèque.
Au Brasas, on peut se régaler de poissons et viandes grillées. A côté de plats portugais plus traditionnels, ce restaurant a misé sur les grillades qui font sa réputation. Et pour ne rien gâcher, la déco y est originale. C'est un mélange de fer et de bois qui sied à merveille à cet ancien chantier naval.
Au Brasas, les grillades sont un vrai régal. Déco de fer et de bois idéale pour
cet ancien chantier de bateaux.
Installé sous les voûtes d'un vieux bâtiment, le Terreiro do Paço a gardé l'architecture en brique des lieux et joué sur une déco plus moderne. Disposant de 120 places assises, il a pourtant su préserver des coins plus intimes pour dîner à deux. La cuisine est un savant mélange de tradition et de créativité. Thon, morue, poulpe ou raie sont ici à l'honneur et préparés avec une grande imagination.
Installé sous les voûtes d'un vieux bâtiment, le Terreiro do Paço offre une
cuisine savamment dosée entre tradition et créativité.
Et pour boire un verre, rien de mieux que le Pavilhao Chinês Bar. Etonnant et loufoque, ce lieu est un véritable bric-à-brac de maquettes d'avions, de chars et soldats de plomb, d'éventails en tout genre, illustrations humoristiques, de cruches en faïence, etc. Son propriétaire est un grand collectionneur qui a su garder son âme d'enfant. Ses innombrables (et parfois innommables) trouvailles font le décor dans les 3 salles que compte ce lieu. Ici, les cocktails sont délicieux et originaux. n zzz40t zzz22t
Un délicieux cocktail dans ce bric-à-brac d'objets en tout genre, c'est ce que
propose le Pavilhao Chinês Bar.
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L'Hôtellerie n° 2785 Magazine 5 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE