Ce Milanais est entré par hasard dans les métiers de l'hôtellerie. Il n'empêche. Avec panache, il a remporté le trophée du Meilleur sommelier d'Europe 2002. Prochain challenge : les lauriers mondiaux.
Sylvie Soubes
Au centre, Enrico Bernardo, lors de la remise du titre de Meilleur sommelier
d'Europe 2002.
Il est discret, élégant, précis. Jamais un mot plus haut que l'autre, jamais une parole inappropriée. Il se meut avec l'aisance des professionnels confirmés, qui allient, en salle, style et compétences. Malgré ses 25 ans. Jeune, oui. Mieux encore. Il joue dans la cour des grands. Le 16 juin dernier, le voici sacré à Reims. Il vient de remporter haut la main le 8e trophée Ruinart du Meilleur sommelier d'Europe. Jolie récompense pour ce professionnel par deux fois déjà vice-champion d'Europe en 1998 et 2000. Le plus surprenant, c'est qu'il s'est lancé dans la restauration "par hasard", et qu'il aura fallu qu'il travaille en France pour s'intéresser à la sommellerie. CAP cuisine et bac hôtelier en poche, ce Milanais s'initie aux associations mets et vins pour mieux comprendre les plats et leurs possibles harmonies. A l'âge de 17 ans, le vin n'est pas encore son dada. Mais lorsqu'il vient en France, à La Poularde, le voici aux côtés d'Eric Beaumard. C'est alors qu'il s'attaque au vin. Avec pareil maître, une nouvelle ambition pointe. Celle du vin, de la connaissance du vin. "Les concours sont un bon moyen d'apprendre toute la diversité du vin, cela nous oblige à nous remettre en cause", convient-il. Eric Beaumard l'encourage.
De la théorie au terrain
Après plusieurs expériences professionnelles, le voici de nouveau aux côtés d'Eric
Beaumard, au Cinq, le restaurant du Four Seasons Hôtel George V. Didier Le Calvez,
directeur général de l'hôtel, accepte qu'il se lance une nouvelle fois dans la course
européenne. En 1998, la préparation au concours lui prenait 8 à 10 heures par jour, en
dehors du service. En 2000, il s'est contenté de 3 à 6 heures. "Pour l'édition
2002, confie-t-il, je me suis préparé de manière différente. J'ai essayé
d'être moins théorique, plus proche du terrain. Je voulais voir ce que j'avais appris
dans les livres." Bien lui en a pris. La technique lui a permis de décrocher les
palmes européennes. "J'ai eu aussi l'avantage de pouvoir avoir à portée de main
la cave de l'hôtel." 1 500 références, 40 000 bouteilles. "Et puis je
travaille dans une grande maison", au sein d'une équipe composée de sept
sommeliers et d'un caviste. Dégustations quotidiennes, si possible à l'aveugle.
Exercices sur le vif. "J'ai aussi acquis de la maturité dans cet établissement."
Après sa victoire, Enrico Bernardo avoue un sentiment de libération. Il concède un
léger soupir de satisfaction, souriant avec simplicité. En projet ? Le trophée mondial
bien sûr. Encore aux côtés d'Eric Beaumard, mais cette fois, en tant que concurrent. n zzz18p
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L'Hôtellerie n° 2785 Magazine 5 Septembre 2002 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE