d'avril 2003 |
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Alors que les tensions internationales menacent les économies de la région du golfe Persique, l'Emirat de Dubaï poursuit une stratégie ambitieuse de développement touristique fondée sur des investissements colossaux dans l'hôtellerie de luxe et l'immobilier pour la plupart.
Le déjà célèbre Burj Al Arab est devenu l'emblème de l'Emirat. L'hôtel à
l'architecture la plus audacieuse en forme de voile de bateau domine la plage de Jumeirah
que l'on retrouve sur... les plaques d'immatriculation des voitures. L'intérieur atteint
les sommets du kitsch cher pas très chic, mais la restauration est à la hauteur des
ambitions de l'établissement tout couvert d'or et de marbre.
Les dirigeants de la
ville-Etat la plus prospère des Emirats arabes unis savent que les ressources
pétrolières de leur sous-sol seront épuisées au cours de la prochaine décennie.
Au-delà des incertitudes d'une conjoncture assombrie par le conflit américano-irakien,
les responsables dubaiotes parient sur un avenir économique fondé sur des activités
tertiaires à la fois dans le tourisme de luxe, les hautes technologies, le trafic
maritime et le commerce international, appelés à relayer la manne des hydrocarbures. Du
port gigantesque de Jebel Ali au complexe de loisirs pharaoniques de Palm Island - une
île artificielle en construction dans la rade de Jumeirah qui comprendra des milliers de
villas et d'appartements et pas moins d'une cinquantaine d'hôtels (de luxe, bien sûr) -,
Dubaï ne cesse d'investir les bénéfices tirés des revenus du pétrole, affirmant son
ambition de devenir la principale plaque tournante du Moyen-Orient, se posant en égale de
Singapour, Hong-Kong ou... Las Vegas.
En fait, il suffit de visiter la ville traversée par d'immenses autoroutes
surdimensionnées sur lesquelles circulent bien au-delà de la vitesse autorisée, grosses
berlines allemandes et cabriolets italiens dernier cri, pour constater combien l'état des
travaux est déjà avancé. Tours audacieuses et complexes commerciaux rivalisent déjà
le long de l'autoroute qui conduit à Abou Dhabi, la capitale des Emirats, alors que
Dubaï Internet City et Dubaï Media City évoquent irrésistiblement les faubourgs de San
José dans la Silicon Valley.
Ne soyez pas jaloux ! Cette élégante construction sur la rive du Khor Dubaï, le
bras de mer qui pénètre dans la ville est... le ministère du Tourisme et du Commerce
extérieur. Tout un symbole des ambitions de ce petit pays.
Rien que du luxe
Difficile d'y échapper : l'hôtellerie de Dubaï est entièrement tournée vers le très
haut de gamme, quitte à sombrer parfois dans la caricature chère aux publicités de la
régie Renault : "Pas assez chère, mon fils." Pour un peu, le Ritz
Carlton qui a su recréer sur la plage bétonnée de Jumeirah une ambiance
méditerranéenne fort agréable passerait pour une auberge de l'arrière-pays
provençal...
Bref, pour les projets hôteliers de Dubaï, rien n'est trop beau. Il faut absolument
faire encore mieux, plus clinquant, plus grandiose, plus vaste, plus tout en quelque
sorte. Ce choix délibéré, réfléchi suppose-t-on, n'ira pas sans quelques contraintes
au niveau des infrastructures et de l'organisation des transports aériens, clé du
succès de tout développement touristique pour un pays enclavé qui souhaite toutefois
garder son caractère exclusif. Pour le moment, Dubaï ne manque pas d'atouts pour drainer
une clientèle haut de gamme plus soucieuse de shopping et de plage que de sites
archéologiques. Le Dubaï Shopping festival attire de nombreux voyageurs originaires tant
des pays asiatiques que du Moyen-Orient ou d'Europe qui envahissent pendant le mois de
janvier le fameux 'souk de l'or' et l'immense aéroport qui ressemble davantage à un
supermarché du luxe qu'à un aérogare.
Mais Dubaï se positionne dès maintenant comme un acteur majeur du tourisme
international, tant au niveau de la clientèle que du marché de l'emploi : les directeurs
de palace et chefs de renom ne répugnent pas à passer quelques années dans l'Emirat qui
offre une expérience très particulière, qu'il s'agisse de la gestion d'une clientèle
parfois imprévisible (il n'est pas rare qu'un membre de la famille royale ait envie d'une
louche de caviar à 3 heures du matin), de l'adaptation aux coutumes locales -
officiellement on ne boit pas d'alcool à Dubaï - et de la diplomatie indispensable au
respect des traditions et des murs orientales.
Dubaï a accueilli 2,5 millions de touristes en 2002, pour une population locale qui ne
dépasse pas les 2 millions d'habitants. Ses ambitions sont évidemment très au-delà de
ce résultat puisque l'Emirat envisage de recevoir 15 millions de visiteurs en 2010. Un
sérieux concurrent sur le marché du tourisme international, car Dubaï ne se contentera
pas de 'vendre' son souk et ses palaces. Les amateurs de désert, de découverte de la
nature, de sports nautiques, hippiques ou automobiles seront également sollicités.
A l'heure de la mondialisation du marché du tourisme, un concurrent à ne pas négliger. n zzz99 zzz70 zzz36v
Voisin du Burj Al Arab, le Jumeirah Beach Palace est le premier 'resort' de
Dubaï, lui aussi inspiré par les voiles d'un bateau.
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L'Hôtellerie Restauration n° 2815 Magazine 3 Avril 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE