de mai 2003 |
REPÈRES |
La volatilité des indices
boursiers, les annonces de plans sociaux qui se multiplient, un taux de chômage qui
s'alourdit constamment depuis 4 mois
et des investissements en recul sont autant de symptômes qui attestent en partie des
lésions du conflit irakien sur l'économie. La tendance s'avère aux antipodes des
prévisions du gouvernement qui tablait sur une croissance avoisinant les 2,5 % pour 2003.
L'incertitude face à l'instabilité géopolitique sculpte de nouveaux modèles
comportementaux chez les agents économiques. Fin mars, une enquête d'Ipsos révélait
que 62 % des Européens se sentaient pessimistes face à la situation économique de leur
pays. Selon cette étude, les catégories de population les plus touchées par cette crise
de confiance sont les jeunes. D'ordinaire optimistes, ils se déclarent à 60 % inquiets
par la situation actuelle. La confiance décadente des entrepreneurs et des consommateurs
se fait ressentir vigoureusement.
Les secteurs du tourisme, de l'hôtellerie et de la restauration sont les plus affectés
par ce climat conjoncturel pernicieux. Les défections des touristes étrangers en Europe
ont également des répercussions sur l'activité des restaurateurs qui se languissent de
la fin de cette détérioration de l'économie. Un professionnel de la restauration nous
confie que "les gens n'ont pas peur des attentats comme lors du conflit de 1991",
mais la guerre en Irak amplifie le phénomène de prudence des consommateurs. Les
dépenses attribuées aux gros achats ne sont plus à l'ordre du jour, de même que les
loisirs et les sorties. L'Insee a enregistré la 6e baisse consécutive de l'indicateur
réunissant les différentes opinions des ménages français. Il a glissé de - 26 en
février 2003 à - 32 le mois suivant : jamais ce niveau n'avait été atteint depuis
décembre 1996. Or, le secteur de la restauration est frappé de plein fouet lorsque le
moral des Français est au plus bas. C'est alors un des premiers postes de dépense que
l'on 'sucre'. Les Français anticipent une guerre longue et pleine d'embûches, et ont
massivement recours à l'épargne craignant que leur niveau de vie ne se dégrade. De
plus, l'inflation liée à la hausse du prix du baril de pétrole, qui est passé de 25 à
33 $ en ce début d'année 2003, continue d'éroder le pouvoir d'achat des ménages. Les
professionnels du secteur en ont pris conscience et essaient de s'adapter : "Nous
n'avons pas trop augmenté nos prix pour être en adéquation avec les budgets de nos
clients." Cette tendance est confirmée par l'Insee qui a annoncé que les prix
dans l'hôtellerie, les hébergements de vacances et les activités de loisirs n'ont
progressé que de 0,4 % au mois de février 2003. L'attentisme des consommateurs se fait
pourtant ressentir. Comme le garantissent plusieurs restaurateurs franciliens, "les
gens vont beaucoup moins au restaurant qu'avant". L'espérance des restaurateurs,
aujourd'hui, reste que l'activité économique ne s'engouffre pas dans une impasse
immuable. Pour échapper à une récession, ils comptent sur l'amélioration de la
situation avec la résolution du conflit irakien, avec une reprise dynamique de la
consommation des ménages. Si les anticipations pessimistes concernant le niveau de
l'emploi et l'inflation se dissipent avec l'arrivée de l'été, l'activité devrait
connaître un regain d'énergie puisque, selon Ipsos, les intentions d'achat des
consommateurs demeurent stables. L'accalmie devrait selon plusieurs restaurateurs "redonner
envie aux gens de bouger".
Elisabeth Pringault zzz20a
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L'Hôtellerie Restauration n° 2819 Magazine 1er Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE