de mai 2003 |
GUIDE ROUGE MICHELIN |
Franck Cerruti Restaurant Louis XV Monte-Carlo |
La troisième étoile flotte de nouveau dans le ciel de la principauté, après une éclipse de deux ans.
Lydie Anastassion
Vendredi 7 mars. La veille, toute la brigade du restaurant étoilé Louis XV-Alain Ducasse, à l'Hôtel de Paris (SBM), place du Casino à Monte-Carlo, a repris le chemin des fourneaux et de la salle. Après deux semaines de vacances, deux semaines pour faire le vide et digérer le (deuxième) retour du troisième macaron, page 966 du Guide Rouge 2003. Ce qui fait du restaurant d'Alain Ducasse l'une des rares maisons à avoir récupérer la récompense ultime après l'avoir perdue. Aux commandes : Franck Cerutti, 44 ans, un peu soucieux du nouveau menu de saison. "A chaque rentrée c'est difficile, car il faut que tout le monde reprenne de bonnes habitudes. L'étoile, finalement, on n'y pense même plus. Ce qui nous motive, c'est le souci de bien faire", explique-t-il. Par contre, un macaron en moins, ça sonne. "C'est vrai qu'à chaque fois, je l'ai pris pour moi. On n'est jamais parfait, les plats ne sont jamais vraiment pareils à chaque service. Pourtant, on doute. Le moindre truc qui ne va pas, on le renvoie", poursuit le chef qui, alliant le geste à la parole, se lève et fonce droit sur une pile d'assiettes "à jeter" et à ébréchures microscopiques. "Vous voyez, les gens vont noter ce type de détail, alors il ne faut rien laisser passer."
Une ruche
12 h 30. Chacun est à son poste. La cuisine, vue de l'aquarium, semble calme. A croire
que cette toute petite pièce de dégustation est équipée de vitres anti-bruits. Les
légumes à cru servis dans des verres en cristal de Murano et accompagnés d'une sauce
aux olives de Nice partent en nombre du passe. "Les olives, elles sont cueillies
alors qu'elles ne sont pas tout à fait noires, ce qui donne à la sauce une couleur
presque mauve", commente en passant Franck Cerutti. Et quand arrivent les
Coquilles Saint-Jacques au naturel liées d'un filet d'huile d'olive : "Il faut
sucer la tête du gamberoni. Vous savez, c'est bon !", lance-t-il encore.
13 heures. Alain Ducasse arrive en cuisine. Une feuille de pâte à pain à l'huile
d'olive dans une main, il fait le tour de la brigade. Et s'installe dans l'aquarium. Pour
lui, entre deux coups de téléphone, ce sera Jambon de pays affiné et primeurs en fins
de copeaux servis tièdes et fromages. Une journée, une halte dans cette ruche
pourvoyeuse de nombreux chefs étoilés du groupe, entre un aller-retour à Paris pour
démissionner de la chambre syndicale de la Haute Cuisine française et un passage à
Berlin pour recevoir l'award du Meilleur cuisinier du monde.
Pour cause de météo frileuse sur la région, certains produits, comme les asperges du
pays ont un peu tardé à arriver sur la carte, tandis que d'autres comme la truffe noire
ont joué un petit peu les prolongations. De toute façon la carte a pris des couleurs de
printemps dès le début du mois de mars : Salade riviera, sauce d'herbes pilées au
mortier ; Pigeonneau en 'bécasse', crostini d'abattis poivrés ; Agneaux de lait des
Pyrénées frotté de piment d'Espelette, gnocchis de roquettes et panisses ; Loup de
Méditerranée poêlé, fenouil et cébettes, tomates et basilic en feuilles, jus de
bouillabaisse et crustacés... Ces plats sont proposés dans le menu déjeuner (90 e,
boissons incluses hors apéritif). Aux fruits, au chocolat, au caramel, traditionnels ou
glacés, les desserts des chefs Frédéric Robert et Olivier Berger, contribuent au
réchauffement de la saison. Sans parler des madeleines ou encore de la guimauve pour
accompagner le café.
6 étoiles de nouveau Depuis février 2003, Alain Ducasse totalise 6 étoiles. 3 pour
le Louis XV et 3 pour le Plaza Athénée à Paris où officie le chef Jean-François
Piège, issu lui aussi de la brigade du restaurant de Monte-Carlo. |
Niçois
Franck Cerutti est un enfant du pays. D'ailleurs, il a l'accent. Issu du lycée hôtelier
de Nice, l'élève de BEP doit son entrée dans la gastronomie à une grève. Celle des
BTS. Pour les punir, le proviseur décide de réserver les bons stages aux "petits".
Du coup, l'élève part aux Chalets de la Verniaz à Evian. Au Negresco, à la fin des
années 70, alors qu'il travaille avec Jacques Maximin, il entend parler d'un chef "mince
avec une barbe qui fait des prodiges", il s'agit d'Alain Ducasse en poste à
l'Hôtel Juana à Juan-Les-Pins. Franck Cerutti l'y rejoint en tant que commis puis chef
saucier. En 1982, direction Nice où il retrouve la brigade de Jacques Maximin. Puis,
c'est l'Enoteca Pinchiorri à Florence en Italie. En 1987, Alain Ducasse s'installe au
Louis XV. Franck Cerruti y est son second. En 1996, il en deviendra le chef des cuisines
après avoir, entre- temps, tenté l'aventure en solo au Don Camillo à Nice. n
Hôtel de Paris
Place du Casino
98000 Monaco
Tél. : (00377) 92 16 29 76
Fax : (00377) 92 16 69 21
E-mail : lelouisxv@alain-ducasse.com
En chiffres |
w Nombre de couverts 50 +20
en terrasse (été) w Prix moyen 116 e hors boisson w Effectif 25 en salle + 25 en cuisine |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2819 Magazine 1er Mai 2003 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE