La méthode RABC (Risk Analysis and Biocontamination Control), préconisée par l’URBH (Union des Responsables de Blanchisseries Hospitalières) doit être mise en place dans les hôpitaux, les centres de soins ou les EHPAD. Elle ne constitue pas une règlementation à proprement parler mais une norme européenne : NF EN 14065. Si elle n'a pas de caractère obligatoire en milieu hôtelier, elle constitue néanmoins un outil de travail précieux.
Les différentes opérations feront l’objet d’un protocole qui permettra de réagir rapidement en cas de contamination potentielle du linge par un client ou du personnel porteur du coronavirus ou de tout autre germe (gale par exemple). Ces procédures seront regroupées, comme pour la méthode HACCP, dans un système documentaire. Pour les blanchisseries hospitalières, ces documents doivent être à la disposition des services de contrôle. En blanchisserie hôtelière, ils seront utiles pour l’organisation du travail, la formation et l’information du personnel, et donc le respect des bonnes pratiques d’hygiène.
Les 7 principes de la méthode :
- Lister les dangers spécifiques à l’activité et à l’établissement.
- Déterminer les points de maîtrise.
- Déterminer les niveaux limites de tolérance et des objectifs de traitement.
- Mettre en place un système de surveillance.
- Proposer des actions correctives.
- Vérifier le système RABC.
- Etablir une documentation récapitulative des risques et des solutions proposées.
Comme dans la méthode HACCP, les dangers peuvent être répertoriés selon les « 5M » : Méthode de travail, main d’œuvre, milieu, matériel et matière première. La matière première ici est le linge, propre ou sale.
Exemple au niveau du lavage (pour la méthode et la main d’œuvre) :
5M |
Danger identifié |
Exemples de moyens de maîtrise |
Méthode |
Traitement inapproprié du linge.
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Contrôle de réglage des machines. Surveillance des cycles de lavage (température, temps, pH, TH, quantité de produit, poids chargé, niveau d’eau…). Contrôle de fiabilité des sondes de températures et pompes de dosages. |
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Développement microbien durant le stockage du linge humide dans le matériel de lavage. |
Maitrise de la durée de stockage dans le matériel de lavage.
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Traitement inapproprié du linge particulièrement biocontaminé. |
Contrôle du réglage des machines. Surveillance renforcée des cycles de lavage.
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Main d’oeuvre |
Biocontamination de la tenue de travail. Recontamination manuportée. |
Règles d’habillement du personnel (couleurs des tenues, fréquence de change…). Hygiène des mains (fréquence de lavage des mains, type de savon utilisé…). |
Les points de maîtrise
Les points de maîtrise sont les étapes qui permettent de contenir, d’éliminer ou de réduire le risque de biocontamination. L’un de ces points est le respect de la marche en avant, principe qui permet d’éviter le croisement en ce qui est sale et ce qui est propre, dans l’espace ou le temps.
Quatre grandes zones peuvent ainsi être définies :
- La zone sale (collecte et tri du linge sale). Le linge sale ne doit pas être stocké et sera de préférence trié à la source (dans les chambres, après le départ du client) pour limiter les manipulations de linge sale en blanchisserie. Des sacs hydrosolubles, bien fermés, permettent de limiter le risque de contaminations. Le linge sera à nouveau trié après lavage, si nécessaire.
- La zone de lavage (activités de lavage et d’essorage). Le lavage à 60 °C ou plus peut être effectué avec des produits lessiviels classiques. Pour le linge fragile qui ne doit pas dépasser 30 °C, optez pour des lessives désinfectantes pour plus de sécurité.
- La zone de finition (séchage, repassage et pliage). Le linge propre doit être stocké à l’abri des contaminations (meuble fermé ou film plastique), dans une zone propre. En cas d’utilisation d’un film protecteur, il doit être enlevé au fur et à mesure des besoins.
- La zone d’expédition (préparation des livraisons du linge et des tenues professionnelles).
D’autres points de maîtrise seront à définir selon les structures. Cela pourra être par exemple la circulation du personnel (organisation du travail pour limiter les croisements) et l’hygiène du personnel (lavage des mains fréquent, et en particulier après avoir touché du linge sale et avant de manipuler du linge propre, tenue adaptée et surblouse lors des manipulations de linge sale).
Le nettoyage et la désinfection du matériel (chariots de transport du linge par exemple) peuvent également être considérés comme points de maîtrise.
Les niveaux de tolérance
Des niveaux cibles sont établis pour les points de maîtrise. Cela est plus facile lorsqu’ils sont mesurables (température, poids, temps, dosage des produits etc.). Cette tolérance doit être compatible avec les objectifs microbiologiques fixés.
Exemple pour la méthode de travail :
Danger identifié |
Mesure de maîtrise à minima |
Niveau cible recommandé |
Tolérance |
Déplacement inapproprié des équipements de transport entre les zones sales et propres. |
Règles de circulation restrictive des équipements de transport. |
Nettoyage et désinfection systématique des équipements passant du sale au propre. |
Aucune |
Accroissement de la biocontamination durant le stockage avant le tri. |
Maîtrise de la durée de stockage en appliquant la méthode FIFO : premier déchargé, premier trié.
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Durée de stockage du linge sale : Du lundi au vendredi : < 48 heures Week-end ou jours fériés : < 72 heures |
+ 12 heures + 12 heures |
Accroissement de la biocontamination du linge particulièrement. « biocontaminé » durant le stockage avant le tri. |
Maîtrise renforcée de la durée de stockage du linge « contaminé ». |
Durée de stockage du linge sale : Du lundi au vendredi : < 48 heures Week-end ou jours fériés : < 72 heures |
+ 6 heures + 6 heures |
Un point de surveillance sera mis en place pour chaque point de maîtrise, comme les relevés de température de lavage par exemple, ou encore les analyses microbiologiques. En cas d’analyse non conforme ou en cas d’anomalie concernant les points de maîtrise (température de lavage insuffisante, dosage de produit lessiviel erroné etc.), des actions correctives doivent être mises en place (formation du personnel, révision des procédés, appel à la maintenance…).
Publié par Laurence LE BOUQUIN