Alexandre Hidier et Jacques-Henri Strubel se sont rencontrés à l'Ecole des dirigeants et créateurs d'entreprises (EDC). « Nous nous connaissions de vue jusqu'au jour où un ami commun m'a fait découvrir en Alsace un véritable restaurant à flammekueche. L'endroit était vraiment sympathique. Il s'est avéré que l'établissement appartenait aux parents de Jacques-Henri Strubel. De retour à l'école, nous nous sommes mis tous les deux à réfléchir à la création d'un concept autour de la flammekueche que nous mettrions en place à la sortie de l'école. Nous avons construit notre cursus autour de cet objectif. Nous avons même fait de ce projet notre thèse de fin d'études » explique Alexandre Hidier. La prospection des fonds a déjà commencé lorsqu'ils obtiennent leur diplôme. « Nous avons visité plus d'une centaine de fonds. Ca a été très compliqué car nous ne faisions pas partie du réseau CHR. Les affaires qu'on nous faisait visiter valaient deux fois moins que le prix affiché. Nous avons fini par nous rapprocher d'autres étudiants de l'école et qui ont pris la mission en main. Nous leur avons dit voilà ce que nous voulons et à quel prix ». Faire 1000 km de motos par mois pour ne rien trouver devenait improductif. L'an dernier, enfin, ils entrevoient le bout de leur quête. « Nous allions signer mais au dernier moment, ils ont modifié les loyers. Ca ne rentrait plus dans notre business plan. Nous avons dit non. Je vous avoue que ça été un sale coup car on avait tellement d'énergie que nous étions dégouté, au bord d'arrêter » se souvient nos deux jeunes entrepreneurs. Mais leur passion a eu le dessus et ils se sont remis en quête. C'est dans une réunion de quartier dédié aux commerces et aux entreprises qu'ils font la rencontre du designer François Mallet, qui travaille entre Paris et Shanghaï et plaide pour un design chic et pas cher. « J'avais un local à proximité de la tour Saint-Jacques que je voulais louer. Mais je n'avais pas envie que ce soit n'importe qui. Le projet de Jacques-Henri et Alexandre m'a plu, tout comme leur envie d'aller au bout de leur projet. »
200 000 euros d'investissement
Le show room s'étend sur 90 m2 et bénéficie d'une cave en sous-sol, taillée dans la pierre et parfaitement isolée. Un coin salon en perspective. Dans un lointain passé, le lieu a été restaurant et il a conservé les conduits d'aération nécessaires à l'installation d'une cuisine. Le quartier du Marais se développe, avec un potentiel de clientèles locale et touristique. « C'est ce que nous voulions » indiquent les deux entrepreneurs qui créent le fonds et vont ensuite devoir passer à la phase d'aménagement. « Nous avons signé avec François Mallet qui est aussi entré comme actionnaire dans la société ». Un signe encourageant mais le parcours du combattant continu. « L'autre grosse difficulté, même si le projet tient la route, ce sont les banquiers qui ne vous répondent pas, qu'il faut sans cesse relancer. L'an dernier, à cause d'eux, nous avons failli perdre une somme en séquestre » déplore le duo dont la création d'entreprise va bénéficier du prêt Paris Initiative Entreprise notamment. « La recherche de financements est un vrai parcours du combattant. L'investissement, trésorerie comprise, sera de 200 000 euros. Il est important de garder de la trésorerie car il y a toujours des imprévus ». Au moment où nous discutons, les derniers « ok » des banques se précisent… L'autre casse-tête, ce sont les toilettes handicapées. « Même ce qui pourrait être fonctionnel, n'est pas forcément accepté… ». Pour la cuisine, « nous avons trouvé du matériel d'occasion qui correspond aux besoins que nous avons délimités ». En ce qui concerne le décor, François Mallet sera de bons conseils. Quant au concept lui-même, il porte sur des flammekueche de qualité, à partager entre grandes tables (50 places prévues en tout). Il devrait y avoir un système de fontaine à bière prépayées. « Ce que nous voulons, c'est que le client s'empare du produit, qu'il bouge, qu'il partage. La flammekueche, c'était le plat autour duquel les paysans se réunissaient après les moissons. Cette notion de partage est pour nous essentielle. D'ailleurs, si nous allons décliner une carte de flammekueche, elles seront toute au même tarif afin qu'au moment de l'addition ne soient pas en train de calculer qui doit payer quelle somme. Pour nous, l'esprit bar, c'est ça, le mouvement, la convivialité, partager ensemble un bon moment » termine Jacques-Henri Strubel. En avril, » L'Alsacien » a remporté le Prix Heineken qui récompense « la création de cafés brasseurs de vies dans nos région » avec un prix de 10 000 euros à la clé. Bienvenus. L'établissement doit ouvrir début septembre.
Publié par Sylvie SOUBES