L’Hôtellerie Restauration : Comment voyez-vous l’avenir du marché de la transaction de fonds de commerce ?
Charles Marinakis : Le marché va se segmenter. À côté de ceux qui, hélas, ne seront pas mesure de rouvrir à l’issue du confinement, il y aura ceux qui pourront résister et différeront leur projet à fin 2021 pour avoir une année de bilan plus présentable que 2020. Au centre, il y aura ceux - 50 à 70 % des cédants - qui laisseront leur bien à la vente sur la base d’un chiffre d’affaires 2019, tout en continuant à l’exploiter aussi bien que possible en sortie de crise. Parmi eux, ceux qui ne s’en sortent pas n’auront d’autre choix que de vendre dans les moins mauvaises conditions possibles, idéalement hors procédures collectives, en acceptant un prix qui couvrira au moins leur passif. Chacun devra être très lucide sur sa situation professionnelle, bien envisager toutes les solutions objectives dont il disposera et arbitrer en conséquence.
La crise sanitaire influencera-t-elle le prix à la baisse ?
Le bilan 2020 sera mis entre parenthèses et ne devrait pas influer sur la valeur théorique de l’affaire, car il s’agit d’une période exceptionnelle dans la vie de l’exploitation et ne reflète pas son potentiel dans des conditions normales. Néanmoins, le marché deviendra un marché d’acquéreurs et les vendeurs accepteront sans doute des baisses de prix à condition qu’elles demeurent dans la limite du raisonnable.
Quel sera le volume des transactions ?
Je pressens qu’il y aura une chute des ventes comprise entre 30 à 50 %. En réalité, il est trop tôt pour le dire et on ne pourra vraiment en prendre la mesure qu’à la fin du mois d’août. Il est toutefois certain qu’elle sera significative. De nombreux exploitants indépendants ne survivront à la crise et ne rouvriront pas. Quant à ceux qui rouvriront, leur priorité sera de redresser la barre ou du moins de ne pas couler. Mécaniquement, le nombre d’affaires à vendre va chuter.
Comment voyez-vous l'avenir ?
Étant un observateur privilégié de l’univers des CHR depuis trente ans, je leur fais confiance car j’ai constaté que les exploitants d’établissement ont une incroyable faculté à rebondir et à se réinventer, surtout en période de crise.
Covid19 #Vente# acquisition affaires
Publié par Tiphaine BEAUSSERON
vendredi 17 avril 2020