“En ce moment, chaque jour, j’ai dix annulations et trois demandes de réservation. Pour ces dernières, il s’agit d’habitués lyonnais à qui je rappelle que nous sommes en période de confinement. Hier, mes 100 chambres étaient vides et j’ai dû refuser la réservation de quatre chambres car il m’en faut, à minima, cinq pour pouvoir ouvrir”, constate Laurent Duc qui dirige l’hôtel Ariana à Villeurbanne (Rhône). Contrairement aux restaurants, cafés et bars, contraints de fermer jusqu’au 15 avril en raison de l’épidémie de Covid-19, les hôtels peuvent eux poursuivre leur activité. Face à l’ampleur de cette crise sanitaire, de nombreux établissements, indépendants ou de grands groupes, se sont mobilisés et portés volontaires pour accueillir le personnel soignant, des ressortissants étrangers bloqués en France, les personnes vulnérables…
Des tarifs encadrés
“Le 24 mars, nous avons délimité un accord-cadre avec le Gouvernement qui encadre l’activité des hôteliers pendant la crise sanitaire. Nous faisons l’inventaire des confrères qui acceptent de travailler avec l’État. Pour ma part, je suis volontaire pour mettre à disposition la moitié de mes chambres pour accueillir du personnel soignant, des militaires… sur demande de la préfecture. Les tarifs des nuitées sont encadrés, entre 30 et 75 € selon la catégorie. Dans mons hôtel, ce sera 60 € la chambre, bien en dessous du tarif normal. Une partie de mon hébergement ne peut être louée pour des raisons sanitaires puisqu’après le départ d’un visiteur, la chambre ne peut être relouée avant 24 heures pour que les traces éventuelles de virus s’éteignent. Une sorte de jachère sanitaire. En outre, pour les mêmes raisons, elle ne peut être nettoyée qu’au dernier moment pour ne pas exposer les femmes de chambre à des résidus de coronavirus qui peut résister des heures sur certaines surfaces”, précise Laurent Duc, qui préside la branche hôtelière de l’Umih.
Caroline Combet, qui exploite deux hôtels à Lyon, s’est elle aussi mobilisée. “Les deux sont fermés en ce moment. Nous avons mis à disposition des autorités l’hôtel de Noailles, dans le centre. Nous sommes à côté du centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc. Nous sommes volontaires pour accueillir toutes les personnes qui peuvent être utiles dans le contexte actuel. Ce n’est pas une question de louer des chambres. Nous avons reçu le prix conventionné pour une chambre en trois étoiles sans même nous en rappeler. Chaufferie, eau, matériel, tout tourne au ralenti et peut donc être réactivé en 24 heures. Il reste juste à savoir si les employés seront volontaires”, explique-t-elle.
La réceptionniste derrière un plexiglas et un ascenseur à usage unique
À l’hôtel Ariana, Laurent Duc emploie aujourd’hui uniquement un homme d’entretien et une réceptionniste “un jour sur deux pour gérer les flux”. Mais dans l’hypothèse d’un retour d’activité sur demande de la préfecture, les procédures d’accueil sont bien calées. “Il y a un plexiglas devant la réceptionniste qui sera la seule en contact avec les clients. Une zone de distanciation d’un mètre fait l’objet d’un marquage au sol devant la réception. Les employés prennent l’ascenseur de service alors que les visiteurs prennent celui des clients mais un par un. Les petits déjeuners sont déposés, sans contact, devant les portes. Les produits sont manipulés à la pince. Les croissants sortent du four à 180 °C. Et aucun employé malade ne travaille. L’hôtel ne dispose d’aucun lieu de rassemblement et les chambres sont nettoyées seulement une fois par semaine, 3 heures minimum après le départ du client”, insiste Laurent Duc.
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Publié par Francois PONT
vendredi 27 mars 2020