Une entreprise familiale se caractérisée par un pouvoir actionnarial détenu familialement pour tout ou partie, l’implication de la famille dans la gestion de l’entreprise, et une volonté affichée de conservation et de transmission de l’entreprise dans le cercle familial. Cette vocation transgénérationnelle, implique pour le dirigeant d’inscrire longtemps à l’avance, dans ses préoccupations, le sujet de la transmission à la génération suivante, car c'est un sujet complexe.
“En plus de la dimension affective attachée à toute transmission familiale, s’ajoute une dimension patrimoniale car s’y intègre aussi le plus souvent un actif immobilier constituant un véritable patrimoine familial destiné à rester en son sein, en particulier dans le secteur hôtelier”, souligne Serge Mesguich, directeur du Fonds France Investissement Tourisme. Financer la transmission de son entreprise passe donc d’abord par une réflexion stratégique amorcée des années avant l’heure où le dirigeant passera effectivement les rênes. “Un dirigeant créateur peut prendre jusqu’à dix ans pour sortir de l’opérationnel et dix autres années peuvent être nécessaires pour passer la main au niveau de la gouvernance capitalistique. Il s’agit donc d’une stratégie de long terme qui nécessite une réflexion de fond”, souligne Guillaume Mortelier, directeur exécutif en charge de l'accompagnement chez Bpifrance.
Une anticipation à plusieurs niveaux
Si cette réflexion n’est pas initiée suffisamment à l’avance par le dirigeant, le risque est double. D’une part, il peut perdre l’intérêt de la génération destinée à reprendre, qui peut s’être s’engagée dans une autre carrière. D’autre part, il risque de couler sous la lourdeur d’un coût fiscal mal anticipé pouvant le contraindre à céder, pour financer la transmission, une partie des actifs à un tiers. “Il est trop difficile de généraliser car trop de facteurs entrent en jeu : à côté de la structure de l’entreprise et de son activité, il faut considérer la nature et l’étendue du patrimoine à transmettre, le nombre d’enfants et de ceux intéressés à reprendre, ainsi que les méthodes permettant de respecter l’égalité entre enfants”, développe Serge Mesguich.
Alors que dans une entreprise classique, la question du financement concerne uniquement le repreneur tiers, dans le cadre d’une transmission familiale, elle concerne toute la famille : le dirigeant, son conjoint et les enfants, qu’ils soient repreneurs ou non. Ainsi, la question de la transmission se double d’une question d’égalité successorale à laquelle vient se greffer une problématique de financement : comment les enfants repreneurs peuvent-ils financer le rachat de parts destinées à revenir à des frères et soeurs qui ont choisi de ne pas reprendre l’entreprise familiale ? “C’est une question que les hôteliers et restaurateurs doivent évoquer avec leur conseil habituel, Bpifrance pouvant intervenir par exemple pour le refinancement des droits de donation et réfléchir avec eux à un mode de financement sur mesure approprié à leur situation familiale et patrimoniale particulière : crédit, investissement, ouverture de capital”, poursuit le spécialiste de l’investissement.
Réfléchir au bon montage suffisamment longtemps à l’avance - par exemple entre 40 et 50 ans - sera sans doute coûteux - toujours trop aux yeux du dirigeant - mais le sera toujours moins que s’il attend. En effet, le coût fiscal augmente avec l’âge mais aussi avec la valeur que l’entreprise gagne avec le temps. Ainsi, la transmission familiale doit s’anticiper à plusieurs niveaux : organisation du patrimoine, gouvernance et stratégie. Un aspect dont Bpifrance a bien conscience et qu’elle relaye avec son Accélérateur Entreprises familiales, un module d’accompagnement qu’elle a lancé en 2019.
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Publié par Tiphaine BEAUSSERON