Dans un webinar organisé le 11 mai dernier, le Leaders Club avait invité des experts et spécialistes des fonds de commerce en CHR pour évoquer les tendances du marché dans le contexte de crise sanitaire. À cette occasion, Charles Marinakis, directeur général de Century 21 France, a souligné que certes, cette crise fera émerger des opportunités à ceux qui ont des velléités de croissance, mais que celles-ci resteront relatives. “Il faut écarter l’idée reçue selon laquelle un fonds de commerce CHR ne vaut plus rien passé la crise du Covid. Le fonds de commerce garde sa valeur intrinsèque. L’activité va renaître, les fonds de commerce vont se reconstituer, avec plus de vigueur, dit-on”.
Il conseille aux vendeurs qui souhaitent tirer la quintessence de la valeur de leur commerce d’attendre six à dix-huit mois après la sortie de crise, le temps de reconstruire un bilan exploitable pour une cession. Le spécialiste de la cession de fonds de commerce, par ailleurs propriétaire du groupe d’agences Horeca-Century 21 Entreprise et Commerce, considère que la crise du Covid est le bon moment pour les propriétaires exploitants de CHR de faire, en toute objectivité un bilan personnel, professionnel et économique pour décider s’ils continuent à exploiter ou de vendre. Face à la situation inédite que constitue cette crise sanitaire sans précédent, il reconnait qu’il est très difficile à l’heure actuelle d’en tirer des conséquences normées sur la valorisation proprement dite.
“Le bilan et le volume d’activité demeurant l’épine dorsale de la valorisation. L’année 2020 sera forcément mise entre parenthèses dans les opérations d’évaluation. Quant à 2021, les six premiers mois seront pris en compte avec une appréciation au cas par cas. Les résultats de l’année 2019 continueront de servir d’indice de base, mais, aujourd’hui, après dix-huit mois de crise, cette base n’est plus suffisante et il faudra nécessairement corriger”, a-t-il prévenu tout en rappelant que l’objectif de l’intermédiaire en transaction est de trouver “le prix équitable entre l’avenir du fonds de commerce que chaque dirigeant veut en faire et la réalité des exigences bancaires qui conditionnent le financement de la reprise”.
Abandons de loyer
Pour Stéphane Ingold, avocat associé chez Gouache Avocats, spécialiste de la franchise, les restaurateurs qui souffrent de loyers asphyxiants sont encore en position de force pour négocier des abandons voire des réductions de loyer, et ce sans attendre le renouvellement du bail. “La baisse du chiffre mais aussi la réduction de la surface exploitée sont des éléments qui peuvent entrer en considération lors de ces négociations.” Aux restaurateurs traditionnels qui se voient contester par leur bailleur l’exercice d’une activité de vente à emporter ou à livrer, il a rappelé que la dernière jurisprudence de la Cour d’appel est en leur faveur, les juges ayant admis que l’activité de vente à emporter est incluse dans celle de restauration.
Marc Wainberg, de MW Conseils, a quant à lui fait ressortir les différences de comportements selon la typologie de bailleur (indépendants ou foncière) et a révélé que, sur la trentaine de dossiers en négociation de loyer dont il avait la charge, la quasi-totalité des bailleurs, incités par des mesures fiscales et le crédit d’impôt, avaient accepté d’abandonner le loyer du 2e trimestre avec des contreparties (allongement de la durée du bail, faculté de sortie à la prochaine triennale…).
Le phénomène des Dark Kitchen a également été évoqué notamment par Didier Touboul, directeur général de Pepperico, et Anton Soulier, fondateur de Taster.
Publié par Tiphaine BEAUSSERON