L'hôtellerie parisienne a toujours été entre les mains de grandes familles qui possédaient les établissements les plus emblématiques. Pourtant, dopé par l'inflation immobilière, le parc s'est récemment modifié. "On assiste à une concentration de l'hôtellerie, avec une augmentation du parc hôtelier chez ces grandes familles qui recherchent les meilleurs emplacements et les plus beaux actifs de la capitale", détaille le président d'Imhotel, Jean-Marc Andréola. On peut dire que 25 % du parc se trouve entre les mains d'une cinquantaine de familles à Paris."
Pour gonfler leur portefeuille, ces familles n'ont pas attendu la crise. Celle-ci, néanmoins, leur a donné l'opportunité d'élargir leur patrimoine tout en créant leur propre réseau, comme l'a fait la famille Cachan avec son réseau Astotel. D'autres proposent aux nouveaux venus dans le secteur un accompagnement voire même la gestion à part entière de leur hôtel.
C'est le choix de Jean Arvis, hôtelier indépendant, ex-affilié Best Western, qui fait désormais cavalier seul avec son réseau Honotel. Il se trouve aujourd'hui à la tête de 16 hôtels en propriété et/ou gestion. C'est aussi le cas de Paris Inn Group avec la famille Falco-Albar. Ce réseau se compose de 30 hôtels, dont elle est propriétaire majoritaire ou minoritaire, avec ou sans contrat de gestion. C'est également l'option choisie par Philippe Cantet et son réseau Regetel (une dizaine d'hôtels), et Alain Condy et Pierre Salles, avec le groupement Hotels en Seine (dont l'emblématique Regent's Garden).
Autre exemple : les hôtels Emeraude, lancés par Daniel Gauthier, fondateur du réseau Timhotel, revendu depuis. Cet investisseur a continué à d'augmenter son portefeuille parisien, dans la plus grande discrétion.
Les réseaux de franchisés
Dans le même temps avec l'essor de la franchise chez les chaînes intégrées, se développent des réseaux de franchisés emmenés le plus souvent par des personnages charismatiques. C'est le cas du groupe Boissée Finances, créé par Stanislas Rollin en 1988, qui a la particularité de ne se consacrer qu'à la construction d'hôtels. Il travaille principalement sous enseigne Accor, mais aussi avec AC by Marriott, comme pour l'hôtel situé porte Maillot que le groupe possède à 50/50 avec la société SD2P de Pierre Esnee. Deux autres projets sont en cours, dont l'un porte de Vanves.
Au sein de cette famille de franchisés, certains privilégient les rénovations, telles les familles Nazarely ou Gad, qui préfèrent reprendre d'anciens hôtels et les mettre aux normes de l'enseigne (Mercure, Ibis Styles, Ibis Budget ou Kyriad).
Enfin, certains - qu'il s'agisse de fonds d'investissements ou de personnes physiques adossées à ces mêmes fonds - auront une autre démarche face au le marché de l'immobilier hôtelier. Elle consiste à s'entourer de compétences professionnelles pour développer le réseau en rachetant des franchises ou de petits groupes existants. C'est ce qu'a fait LFPI, avec la société Time Hotels dont elle a confié les rênes à l'ancienne directrice générale de Louvre Hotels Group, Aline Thibaut-Durieu. Cela a débouché sur un réseau de 14 hôtels à Paris qui, aujourd'hui rénovés, ont été remis sur le marché.
C'est aussi la solution adoptée par Algonquin avec la reprise d'enseignes appartenant au portefeuille de diverses chaînes intégrées regroupées au sein de son propre réseau Inwood. Actuellement, le groupe possède (en totalité ou partiellement) et gère six hôtels sur Paris.
Les familles qui diversifient leur activité
Enfin, l'hôtellerie parisienne a convaincu également des dirigeants travaillant dans des secteurs connexes à l'hôtellerie, comme l'immobilier ou de la restauration. Robert Zolade et sa Compagnie de Bagatelle (avec 5 hôtels et un objectif à terme de 15 hôtels via sa filiale Octant), est l'un des exemples. De même, derrière la Deville Collection se cache un grand nom de la restauration. Mais ceux qui ont débuté les premiers sur ce créneau sont incontestablement les frères Costes et leurs hôtels emblématiques, le Costes ou le Lotti. Ils ont été suivis par les Bertrand, avec le Saint James, ou les Richard avec deux hôtels récemment rénovés, le Montaigne et le Marignan.
La famille Marang représente un autre cas de figure, celle des marchands de biens. La récente ouverture du Grand Hôtel du Palais Royal marque le début de la médiatisation de son groupe Les Grands Hôtels Parisiens.
Ces dernières années, quelques très beaux établissements sont également partis dans les mains d'autres familles originaires du Moyen Orient ou de groupes asiatiques. Le marché s'est donc concentré. Une situation quasi bloquée mais qui offre encore quelques opportunités, à condition d'être attentif comme le démontre le récent développement du réseau Maranatha.
Publié par X. S.