Il est arrivé là où on ne l'attendait pas. À l'automne 2014, Thierry Thiercelin achevait sa dix-septième saison à La Villa Belrose, à Gassin, dans le Var. La dernière pour le chef et directeur de la restauration de cet hôtel du groupe Althoff Hotel Collection, qui choisit alors de tourner la page. "J'ai passé dans cette maison les meilleures années de ma vie professionnelle, recommandé en 1998 par Alain Ducasse. Dix-sept ans de confiance qui m'ont permis de m'exprimer, de faire évoluer ma cuisine et d'obtenir une étoile Michelin dès 2002. J'ai même été pendant dix ans conseiller municipal de ce village du golfe de Saint-Tropez et j'estime avoir, sur tous les plans, rempli mon contrat."
Ce changement de cap en a pourtant surpris plus d'un : aucune autre place de chef préparée ou souhaitée dans un groupe ou à son compte, un adieu au Var, enfin le désir fort d'acquérir un hôtel. "Je travaille en cuisine depuis l'âge de quinze ans, j'ai eu en propre deux restaurants à Nice et j'ai vu trop de chefs, si brillants soient-ils, créer leur affaire, ne jamais trouver le point d'équilibre et s'épuiser à régler mille problèmes pour ne pas vouloir reproduire ce cas de figure !"
"Je crois en Nice"
À 53 ans, Thierry Thiercelin cherche une autre autonomie et un autre modèle économique. "Dès 2011, j'ai monté à Cogolin un projet d'hôtel de 80 chambres, deux restaurants et un centre de thalassothérapie, qui a avorté à la suite d'un changement de municipalité, mais je ne me suis pas découragé." Le rebond se fait cinq ans plus tard dans les Alpes-Maritimes, où il a une clientèle fidèle. "J'ai choisi Nice car je crois en cette ville et son développement économique et touristique. J'ai arpenté la ville à pied, en quête d'un déclic, et c'est une agence spécialisée, Liberté Commerces, qui a trouvé." Le premier et le seul établissement qu'il visite est le Hi Hotel, créé il y a onze ans par Philippe Chapelet et Patrick Elouarghi. Un hôtel singulier, à forte identité, designé par Matali Crasset, disciple de Philippe Starck. Un 4 étoiles décalé mais bien intégré dans le paysage hôtelier niçois.
Pour Thierry Thiercelin, la perspective est séduisante : 1 650 m2, 38 chambres avec possibilité d'extension à 49, une plage à deux minutes - Hi Beach, 350 matelas et 200 couverts, l'un des plus grands formats de Nice - et, à 50 m de l'hôtel, Hi Lab, un business center de 330 m2. Le tout à deux pas d'une station de la future ligne de métro reliant le port et l'aéroport.
10 M€, murs et fond
Thierry Thiercelin a créé un produit financier sophistiqué en quatre fonds rémunérés, adossés à Thiercelin Investissement, une société en commandite par actions détenue avec son épouse, Sandrine, auxquels des investisseurs privés pourraient souscrire, à condition qu'il acquière murs et fonds, ce qui est possible dans le cas du Hi Hotel. "En juin, j'ai d'abord racheté la concession de Hi Beach [1 M€, NDLR], puis le fonds de l'hôtel début août [2,4 M€]. Suivront Hi Lab en septembre [420 000 €] et les murs de Hi Hotel fin octobre [4,5 M€ dont 3,2 M€ financés par deux banques], sans oublier les travaux de rénovation et d'extension à venir [2 M€]. La collecte - plus de 10 M€ avec des souscriptions de 50 000 € à 200 000 € - est en excellente voie et mon projet est déjà tracé."
En attendant de créer, avec l'architecte niçois Michel Benaim, 11 chambres supplémentaires avec petit spa et fitness, de dynamiser la plage, et de fidéliser la clientèle d'affaires, le Hi Hotel-Thierry Tiercelin accueillera d'ici deux ans un bar lounge puis un restaurant gastronomique de 30 couverts, ouvert cinq jours sur sept. Le mois prochain, c'est d'abord le Café Thiercelin qui accueillera les clients. "Depuis six mois, ma reconversion a été un combat quotidien mais je sais que j'ai fait le bon choix", confie Thierry Thiercelin.
Publié par Jacques GANTIÉ
