Des photos de Johnny Hallyday ornent les murs mais aussi les sets de table. Deux
écrans géants diffusent les plus grands tubes de rockeur. Les plats ont
des noms évocateurs : Gabrielle, Hey Joe, Noir c'est noir, Drôle de
métier. Son premier jour d'ouverture à Sélestat (Basr-Rhin), le 14 février,
jour de la Saint-Valentin, le restaurant La Table de Johnny a fait salle
comble. Les amoureux du plus populaire des chanteurs français, décédé il y
a trois mois, s'y sont retrouvés "avec émotion", raconte Lucien Rees, le propriétaire des
lieux. "Une des clientes avait son portrait tatoué sur le haut de la
poitrine. Un autre racontait avoir été hospitalisé d'urgence le jour de la mort
de Johnny, tellement son chagrin était grand. Ils ont discuté tous ensemble. Ça leur a fait du bien."
Lucien Rees est aussi un fan de la
première heure. "On est né à quinze jours d'intervalle seulement. Pour
moi, c'était un monument. Seul sur scène, il animait des milliers de personnes.
Pas besoin d'être quatre ou cinq comme les Beatles. Il avait une voix exceptionnelle,
il se déchaînait", raconte l'ancien disquaire et loueur de juke-box qui l'avait
rencontré lorsqu'il faisait son militaire à Offenburg et se produisait dans une
brasserie strasbourgeoise.
Faire revivre Johnny
À sa mort, Lucien Rees se souvient être
resté figé devant la télévision. "J'étais abasourdi. Pendant trois
jours, j'ai regardé les informations en boucle. C'est à ce moment-là que j'ai
décidé de le faire revivre." Fils de restaurateur, gérant de trois
autres restaurants dans la région, il a transformé ce local inoccupé depuis
deux ans et dont il était propriétaire, en restaurant en l'honneur de l'idole
des jeunes. Quand il a annoncé son projet à son épouse, Germaine Rees, elle l'a traité de fou. Pourtant, depuis son
ouverture, le restaurant de 52 couverts, spécialisé dans les burgers et
les pièces de boeuf Black Angus ne désemplit pas.
"C'est un lieu sans
chichis. La plupart de nos clients ont 50 ans et plus. Certains viennent de
Paris ou de Belgique, précise Lucien Ress. Je n'ai pas fait ça
pour l'argent. J'emploie quatre personnes, souligne-t-il, encore
étonné devant l'intérêt suscité par son restaurant. J'ai des
réservations jusque fin mars. L'AFP, M6 sont venus faire un reportage, BFM TV
doit venir... Moi, je ne voulais pas que Johnny tombe dans l'oubli. C'est tout." À
74 ans, Lucien Rees a décidé de "travailler jusqu'au bout".
Comme Johnny. « Je ne vais pas passer mes journées à la fenêtre." Le
restaurateur a déposé à l'Inpi le nom La Table de Johnny et a déjà un autre
projet en tête.