Dans le Finistère, depuis 2015, l'Urssaf s'est mis à redresser les entreprises du bâtiment qui pratiquent le paiement direct des repas servis aux ouvriers et ne respectent pas un décret datant de 2003, qui impose une distance minimale de 5 km entre le restaurant et le siège de la société. Pour Hubert Jan, président national des restaurateurs de l'Umih et président du département, cette stricte application de la loi et son interprétation - le siège et le restaurant ne doivent pas se situer dans la même ville... même si le chantier se situe sur une commune qui s'étend sur plus de 5 km – « sont contre productives et mettent à mal une partie de l'économie locale ». Plusieurs restaurants ouvriers ont fermé ou sont en liquidation depuis ce sursaut de l'Urssaf. « Un restaurant ouvrier classique, résume l'Umih Finistère, pour être viable, doit servir au moins une centaine de repas. Ce sont des établissements qui n'ouvrent que le midi et font un peu de bar en journée. Le menu est composé d'un buffet d'entrées, de deux plats et de desserts pour un montant allant de 10 à 11 euros. Comme ce sont des établissements qui ont très peu de trésorerie, ils achètent frais, local, au jour le jour. Ce type de restaurant crée des emplois complémentaires, qui bénéficient notamment aux serveuses à temps partiel. » Malheureusement, la perte de clientèle leur est fatale. C'est un modèle qui a pourtant sa raison d'être sociale sur le terrain comme tente de l'expliquer depuis 2016 la Fédération du Bâtiment. « Le paiement direct des repas servis aux restaurants est un usage historique dans la profession depuis quatre décennies, et a, comme tel, été intégré dans la convention collective. Cet usage de restaurant a pour objectif de permettre aux ouvriers de déjeuner d'un repas chaud et consistant qui leur permet ensuite de faire face aux métiers physiques qui sont les leurs. Cette vigilance des chefs d'entreprise à la bonne restauration de leurs salariés rejoint leur obligation en matière de prévention. » Et les titres restaurants proposés entre temps par certaines entreprises n'ont pas eu les effets désirés. « Ce dispositif aujourd'hui bénéficie surtout aux grandes surfaces. Les gens s'entassent dans les camionnettes pour manger. Ils mangent mal et ça a des répercussions avec une progression des accidents du travail vers 17 heures » lâche un observateur du dossier. L'Umih indique que les fédérations concernées ont été reçues par l'Urssaf mais déplore à ce jour "un dossier au point mort, des emplois gâchés dans l'indifférence générale et une baisse de qualité de vie pour les ouvriers bretons qui aimaient pouvoir discuter entre corps de métier autour d'un repas équilibré le midi".
UMIH #RestaurantsOuvriers# Urssaf Hubert Jan
Publié par Sylvie SOUBES
mercredi 11 juillet 2018