Détail cocasse : ladite loi ne concerne que les zones rurales les plus fragiles, sous prétexte de vouloir préserver la beauté des paysages et, ainsi, lutter contre la pollution visuelle. Certes, la multiplication des affiches publicitaires est un phénomène qui pose question. Quoique lutter contre une prétendue pollution visuelle là où, bientôt, il pourrait ne même plus y avoir de vie commerçante, pose des interrogations plus essentielles encore.
À titre d'exemple et pour concrétiser mon propos, la Fédération Internationale des Logis (FIL) dont je suis président est partenaire depuis près de 70 ans des hôteliers-restaurateurs indépendants. Sa mission : préserver le dynamisme des territoires, protéger la vitalité de nos régions et soutenir les intérêts des indépendants qui oeuvrent chaque jour pour garantir la survie du terroir et des traditions françaises. Ensemble, nos 2 200 adhérents représentent 10 % du parc hôtelier indépendant de France : aujourd'hui vous pouvez toujours compter sur un restaurant ou hôtel Logis pour vous accueillir dans un rayon de 30 kilomètres, où que vous soyez. Mais jusqu'à quand ?
Quelques échanges avec nos membres suffisent pour comprendre l'inquiétude qui les domine quant aux conséquences directes d'une telle loi. En dehors des quelques villages les plus touristiques valorisés par leur passé historique et qui, peut-être, font figure d'exception, d'autres subissent de plein fouet les répercussions financières de ces nouvelles dispositions. On estime en moyenne que 30 % des automobilistes entrés en contact avec une pré-enseigne font un détour par le commerce annoncé. Quelles solutions propose-t-on pour compenser le manque à gagner ? Je souhaite alerter sur la dangerosité d'une telle ostracisation pour des établissements déjà fragilisés par leur localisation. Supprimer les pré-enseignes, c'est donc nier leur droit d'exister et de commercer, sur des territoires oubliés, souffrant parfois d'une fracture numérique.
Ne restons pas indifférents au sort de ceux qui contribuent à stimuler les villages de notre pays. J'appelle donc, au nom des adhérents Restaurateurs et Hôteliers Logis, à un retour à la raison, et à la réintroduction des pré-enseignes dérogatoires pour les hôteliers-restaurateurs indépendants. C'est pour mutualiser nos forces et ouvrir le débat que nous nous sommes rapprochés en septembre 2017 de l'UMIH, l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, certains de nos établissements ayant perdu jusqu'à 50% de leur chiffre d'affaires à certaines périodes. Nous entendons les enjeux d'une telle loi pour protéger nos campagnes de la publicité. L'enfer n'est-il pas pavé de bonnes intentions ? Ne tombons pas dans le panneau !"
Publié par Fabrice Galland, président de la Fédération Internationale des Logis