Les petits plats étaient mis dans les grands, le 16 juin 2020 au CFA Médéric, à Paris (XVIIe). Et pour cause : ce jour-là, à l’heure du déjeuner, l’établissement recevait Sophie Cluzel, alors secrétaire d'État aux Personnes en situation de handicap, pour la remise des attestations de réussite aux jeunes engagés sur le dispositif Passerelle, soutenu par l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées). Également présent autour de la table : le chef étoilé Yannick Alléno, parrain de cette nouvelle promotion.
Cette séquence témoigne d’un nouvel élan quant à l’intégration des personnes en situation de handicap aujourd’hui dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. Alors certes, la loi contraint tout patron d’une entreprise du secteur privé, d’au moins 20 salariés, à employer des personnes handicapées à hauteur de 6 % de l’effectif total. Mais certains vont plus loin. À l’instar de Cyril Aouizerate, fondateur du mouvement MOB, à l’origine du concept MOB Hotel. Pour lui, recruter des personnes atteintes d’un handicap, “c’est avant tout une philosophie”. Si bien que parmi ses 120 salariés, il n’a pas hésité à embaucher, hors quota, une personne malvoyante à un poste de comptable.
Le glissement progressif de l’intégration vers une véritable inclusion
Chez Accor, aussi, tout est mis en place pour “une démarche active d’insertion et de maintien dans l’emploi des personnes handicapées”. Le groupe hôtelier fait même partie du Réseau international du handicap de l’Organisation Internationale du travail. Quant à son patron, Sébastien Bazin, le 21 mars 2019, Journée mondiale de la trisomie 21, il a reçu la Première dame, Brigitte Macron, et Sophie Cluzel, le temps d’un déjeuner servi par des personnes atteintes de trisomie. Autant de signes forts qui témoignent d’un glissement progressif de l’intégration vers une véritable inclusion.
Une avancée sémantique qui s’illustre notamment avec la création des Cafés joyeux à Paris (IIe et VIIIe), Rennes (Ille-et-Vilaine) et Bordeaux (Gironde), ou encore avec les restaurants Le Reflet à Nantes (Loire-Atlantique) et Paris (IIIe). Les premiers forment et emploient des personnes en situation de handicap mental et cognitif. Quant au Reflet, ses salariés sont en majorité atteints de trisomie 21. Créé en 2016 à Nantes par l’architecte Flore Lelièvre, dont le frère souffre de cette pathologie, ce concept de restaurant prône le fait-maison, les circuits cours et le “mieux vivre ensemble”.
Des valeurs qui font écho à la mission Handicap du GNI-HCR (Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration), destinée à informer et conseiller un hôtelier ou un restaurateur qui souhaite recruter, intégrer des personnes en situation de handicap, les maintenir à leur poste ou encore les former. Plus de 500 entreprises ont déjà été accompagnées par cette mission Handicap, qui œuvre de concert avec l’Agefiph.
Publié par Anne EVEILLARD