Les annonces du Gouvernement du mois de juin ont amorcé le mouvement de réouverture des spas y compris dans l’hôtellerie, sous réserve que l’hôtel soit lui-même rouvert. Or, on s’aperçoit que ce n’est pas toujours le cas, notamment dans les grandes métropoles où certains établissements préfèrent rester portes closes pour l’instant, faute de clients : absence de la clientèle internationale et recul des clientèles d’affaires en période estivale. Ainsi, chez Deep Nature, environ la moitié des spas, essentiellement ceux localisés dans des hôtels fermés implantés en milieu urbain et/ou accueillant des clientèles internationales, ne rouvriront probablement qu’à la rentrée de septembre, confie Anaïs Bourderou, directrice d’exploitation du secteur région parisienne.
De nombreux protocoles sanitaires ont été publiés afin de fournir un cadre, purement indicatif, aux exploitants qui rouvrent leurs spas. Pour autant, il n’existe pas de réglementation, ni mesure coercitive, et chaque exploitant met en place les dispositions qu’il souhaite, ou pas.
Dans les faits, l’élaboration et l’application de précautions sanitaires particulières sont légion parmi les exploitants de spas, comme parmi les hôteliers. C’est le minimum attendu par les clients en cette période anxiogène. La communication faite autour du respect des gestes barrières est telle que les exploitants n’ont pas le choix.
Rassurer les clients
Au final, on s’aperçoit bien souvent que les mesures prises relèvent surtout du bon sens et permettent de rassurer les clients et le personnel. Elles varient en fonction des établissements, de leur capacité, de leur fonctionnement, de leur agencement… Les dénominateurs communs sont le port du masque, au moins pour le personnel, la distanciation sociale en limitant le nombre de clients accueillis et en espaçant les rendez-vous, la désinfection systématique, l’organisation des flux des clients au sein du spa et la formation du personnel. En revanche, tous les soins sont généralement maintenus et les équipements disponibles – hormis le hammam, mais là encore la décision est laissée au libre choix de l’exploitant.
La mise en place de nouvelles mesures sanitaires ne semble pas impliquer un trop gros surcoût car les spas sont dotés, en temps normal, de produits désinfectants et de matériel à usage unique. C’est un métier où le respect des prescriptions d’hygiène occupe déjà une place centrale et qui pourrait donc bénéficier, au-delà de la crise sanitaire, de cet intérêt accru pour le sujet. Les normes d’hygiène en matière de spa n’étant qu’indicatives, elles ne sont pas toujours bien appliquées ; pensons aux douches obligatoires avant les soins ou aux flux pieds-propres-pieds sales, par exemple. Or, le contexte actuel contraint à une certaine rigueur à laquelle pourrait s’accoutumer les équipes et les clients. Ces modes d’organisation permettront également de gagner en réactivité à l’avenir et de prévenir d’autres épidémies, à commencer par la grippe.
Manque de visibilité
Une question reste toutefois en suspens, d’autant plus importante que le nombre de soins jour sera nécessairement réduit, les clients seront-ils au rendez-vous ?
L’été n’est généralement pas la période la plus propice à l’activité des spas. Pour autant, Anaïs Bourderou, de Deep Nature, reste optimiste, “les clients ont été en manque de détente, de contact physique pendant la période de confinement et seront donc peut-être plus disposés à fréquenter les spas”. Chez Vacances Bleues, Laurence Brest, directrice d’exploitation, note “un vrai effet de reprise au niveau des réservations”.
Mais l’on manque encore de visibilité sur le sujet. D’une part, les Français éprouvent encore des difficultés à se projeter sur leurs loisirs et vacances estivales. D’autre part, le retour des clientèles extérieures (non hébergées au sein de l’hôtel) qui n’anticipent pas ou peu leur réservation, et peuvent représenter plus de la moitié de la fréquentation des spas, reste inconnu.
Gardons à l’esprit que le spa est un lieu de détente et de bien-être avant tout, où l’environnement, au sens large, doit être serein et inspirer confiance. C’est probablement cet aspect ce qui assurera le retour des clients et garantira une belle reprise.
Publié par Perrine Edelman, directrice associée Coach Omnium