Quand elle ouvre Marcel en mars 2015 dans
le quartier des Halles (Paris, Ier), Alexandra Delarive possède déjà
deux adresses de la même enseigne et le restaurant Marlone à Paris : des
lieux qui servent en continu de 10 heures à 23 heures une cuisine
inspirée de ses voyages en Californie. Pour cette nouvelle adresse située à
quelques mètres de la future Canopée, les premiers mois s'annoncent bien et
octobre encore meilleur. Mais au lendemain des attentats, l'ambiance se
détériore très vite, la restauratrice reçoit des appels de ses employés qui ne
veulent plus venir travailler et le quartier se vide.
"Le centre commercial
des Halles était toujours en travaux, c'était le no man's land. Au bout de deux
mois, j'ai dû fermer le soir et licencier plusieurs personnes. On fonctionnait
en régime réduit", explique-t-elle. Axée sur le déjeuner, l'adresse des Halles
ne correspond plus aux deux autres Marcel : "Je me demandais sans arrêt ce
que je devais faire. Le montant de l'investissement pour les travaux avait été
colossal, il fallait l'absorber et éviter trop de pertes. Si je vendais, je
perdais beaucoup. C'était la première fois que je me retrouvais dans un tel cas
de figure."
Ses autres
restaurants sont également touchés, mais les emplacements, les années d'activité
et la fidélité des clients finissent par redresser le chiffre d'affaires. C'est
grâce à cela que la restauratrice peut envisager une suite à l'adresse des
Halles.
"Si l'endroit est destiné à ouvrir en
heures de jour, il faut l'accepter"
Avec son associée, Irène Cohen,
elle réfléchit à une nouvelle histoire à écrire. L'idée d'une chef pâtissière
dans la maison plaît aux deux femmes. "Je m'occupe de la carte des Marcel et
pour ce restaurant-ci, j'avais besoin d'un souffle nouveau, d'une autre
énergie, à un moment où j'étais très inquiète pour mes investissements",
souligne Alexandra Delarive. Il lui faut également trouver une façon de se
démarquer dans un quartier qui fourmille déjà d'adresses. C'est alors qu'elle
rencontre Ophélie Barès, qui a travaillé avec Arnaud Faye à L'Auberge
du Jeu de Paume (Chantilly) et Christophe Michalak.
"D'un truc tout
noir, on a fait quelque chose de tout blanc", s'amuse-t-elle. "En l'espace
d'un mois, on a fermé et ouvert un restaurant. Il a fallu tout refaire, tout
imaginer, ça a été beaucoup de travail. Surtout quand on fait du sur mesure
comme ici." Sur les trois niveaux du restaurant rebaptisé Marcelle, les
murs sont repeints en blanc et des jardinières de jasmin sont installées sur la
terrasse et à toutes les fenêtres des étages.
Au dernier étage, un studio est
aménagé de façon à accueillir des cours de yoga. "La cuisine n'est ni vegan,
ni bio, ni sans gluten", mais axée sur les légumes et les plats équilibrés.
"J'aime pouvoir trouver dans une carte un plat qui me fait du bien et
manger un bon dessert avec du beurre et du sucre." En un mois d'activité,
les retours sont positifs, mais la restauratrice reste mesurée : "J'espère
que cette adresse va être reçue comme j'ai eu envie de la donner."