Cette montée en gamme des hôtels est une réalité que l'on constate chez un certain nombre de groupes d'hôteliers indépendants. Mais cette transformation ne date pas pour autant de la nouvelle classification, effective depuis le 1er juillet 2012, mais présentée au 1er juillet 2010. Pour la majorité d'entre eux, elle s'est passée avant 2010. "En réalité, il y a eu deux phases successives", décrit Jean Marc Andréola, président d'Imhotel. La première se situe dans les années 2000. Elle était due à l'obligation de se mettre aux normes sur le plan de la sécurité incendie et de l'accessibilité. "Ce fut la grande vague des rénovations, précise-t-il, pour les hôtels de milieu de gamme."
"Le minimum de travaux"
Les hôteliers ont saisi cette occasion pour transformer leur établissement faisant ainsi le bonheur des architectes décorateurs. Le groupe Astotel par exemple, avec ses 18 hôtels et 1 024 chambres, a effectué 8 rénovations avant 2007, 7 autres ont été programmés entre 2007 et 2012 et 4 le seront entre 2013 et 2014. Quel effet a donc eu l'arrivée des nouvelles normes ? "En réalité, les hôtels sont effectivement montés en gamme, déclare le président d'Imhotel, mais la majorité d'entre eux n'ont en fait réalisé que le minimum de travaux, profitant ainsi des possibilités de la nouvelle grille de critères, beaucoup plus souple."
En revanche, le véritable accélérateur des rénovations tient aux nombreuses transactions qui se sont succédé à Paris, qu'elles aient été réalisées par de nouveaux entrants dans l'hôtellerie ou par des hôteliers traditionnels profitant de l'occasion pour agrandir le réseau. Dans ces deux cas de figure, les rénovations se sont toujours avérées indispensables. "Il est normal d'apposer son empreinte sur un hôtel que l'on rachète", explique Vincent Bastie, l'un des architectes préférés des Parisiens. "Et la plupart des hôtels rachetés se transforment radicalement", précise-t-il. D'après le président d'Imhotel, "25 voire 30 hôtels par an feraient l'objet d'une rénovation totale ou partielle depuis quelques années, se traduisant le plus souvent par une montée en gamme dans toutes les catégories, la catégorie 4 étoiles restant tout de même la cible privilégiée", précise-t-il.
L'esthétique et le design
Pour ces hôtels quasi neufs, l'esthétique joue un rôle central. "L'hôtel s'inscrit dans un décor qui raconte une histoire", explique Olivier Carvin chez Maranatha. Le nom du partenaire décorateur devient vecteur d'image. Chez Maranatha, c'est Sandrine Maalouf, l'atmosphériste, qui accompagne le groupe pour la plupart des hôtels. Pour d'autres, comme la Compagnie de Bagatelle, c'est l'occasion de faire appel à des personnalités comme Chantal Thomas, alors que des chaînes comme Sofitel font appel à des grands noms de la mode ou de la décoration (le nouveau Sofitel Arc de Triomphe serait signé Andrée Putman). Certains groupements enfin, décident de faire du design un fonds de commerce. C'est le cas du groupe Elegancia qui avec ses dix hôtels, et l'ouverture de trois nouveaux, n'a ouvert que des hôtels précurseurs dans l'aménagement et le décor.
Pour la ville de Paris, ces travaux de rénovation sont avant tout des investissements qui rapportent. Vincent Bastie estime que l'essentiel des hôtels passent en 4 étoiles (question de rentabilité) : "Nous avons géré environ 25 chantiers d'hôtels depuis cinq ans pour la majorité des transformations d'hôtels en catégorie 4 étoiles, sachant que dans nos barèmes, le coût de construction d'une chambre 2 étoiles se situe entre 40 000 et 70 000 €, celui d'une chambre 3 étoiles entre 70 000 et 90 000 € et celui d'une chambre 4 étoiles, entre 90 000 et 120 000 €. Certains chantiers dépassent les plafonds avec des coûts atteignant 300 000 € la chambre dans des hôtels destinés à passer en 5 étoiles.
Aujourd'hui, indépendamment des hôtels de grand luxe, l'hôtellerie parisienne apparaît rajeunie avec une majorité d'hôtels haut de gamme. Or, si certains polarisent l'attention, il n'en reste pas moins que toute l'hôtellerie parisienne n'a pas effectué le même montant de travaux, certains estimant que de toute façon être dans la capitale constitue déjà un ticket gagnant du fait de la pénurie de chambres et de l'augmentation des flux touristiques, comme le souligne l'OTCP. Reste donc à espérer que les ventes s'accélèrent, seules garantes d'une réelle augmentation de la qualité de l'offre qui est alors revisitée de fond en comble. Une hypothèse pas si utopique que cela.
Publié par X. S.
jeudi 20 juin 2013