du 24 mars 2005 |
JURIDIQUE |
VOTRE ARGENT
Déduire les versements à un régime facultatif de retraite, quel casse-tête !
Contrat Madelin, Prefon, Perco, Perp, Pere Les pouvoirs publics multiplient depuis quelques années les 'placements retraite' assortis d'avantages fiscaux. Le but : consolider les régimes de retraite par répartition en incitant les Français à se constituer une épargne volontaire en vue de la retraite. Mais si souscrire de tels produits paraît presque trop facile, profiter ensuite de la réduction d'impôts offerte s'avère un réel casse-tête. La preuve.
Le lancement du Perp (Plan d'épargne retraite
populaire) a été l'occasion pour le législateur de "clarifier" (terme
utilisé par les textes législatifs !) les règles de déduction des cotisations de
retraite et de prévoyance. Finis les plafonds propres à chaque type de placement !
Dorénavant, un plafond unique de déduction s'appliquera à l'ensemble des cotisations
volontaires de retraite. Mais si l'idée semblait a priori simple et facile à appliquer,
il faut reconnaître que la publication, le 21 février dernier, d'une instruction de 45
pages expliquant notamment le calcul de ce plafond a fait déchanter plus d'un fiscaliste.
En fait, ce n'est pas aussi simple qu'imaginé ! Tentons donc de résumer les grandes
lignes de cette instruction 5B-11-05.
Il faut tout d'abord rappeler que le nouveau plafond
de déduction mis en place par l'article 82 de la loi de Finances pour 2004 concerne les
cotisations versées au Perp et au Pere (Plan d'épargne retraite entreprise) mais aussi
aux régimes de retraite Prefon, Corem (ex-Cref), CGOS (retraite des hospitaliers). De
plus, il tient compte des versements effectués dans le cadre de l'article 83 ou sur des
contrats Madelin et Madelin agricole.
Sachez ensuite que la loi prévoit que dorénavant "les cotisations ou primes
versées par chaque membre du foyer fiscal sont déductibles du revenu global d'une année
dans une limite annuelle et individuelle égale à la différence constatée au titre de
l'année précédente entre :
une fraction égale à 10 % de ses revenus d'activité professionnelle retenus dans
la limite de 8 fois le plafond annuel de Sécurité sociale ou si elle est plus élevée,
une somme forfaitaire égale à 10 % de ce même plafond ;
et le montant des cotisations ou primes correspondant à l'épargne retraite
constituée dans le cadre professionnel".
Une
explication de texte nécessaire
Contrairement à ce qu'une lecture
rapide de la loi Fillon avait laissé supposer, au sein d'un même foyer fiscal, le
plafond de déduction doit être individualisé, c'est-à-dire que l'un de ses membres ne
peut utiliser son plafond de déduction que pour acquérir des droits à son nom.
De plus, les calculs doivent être opérés sur la
base des revenus et des plafonds de Sécurité sociale de l'année précédente. Ainsi,
pour les cotisations versées en 2004 et déclarées en 2005, sur un Perp ou un produit
assimilé (Pere, Prefon, Corm et CGOS), les revenus d'activité à prendre en compte sont
ceux de l'année 2003 dans la limite de 8 fois le plafond annuel de Sécurité sociale en
vigueur en 2003, soit 233 472 E (29 184 E x 8). La déduction maximale est donc de 23 347
E (10 % de 233 472 E).
Revenons à présent sur les éléments de la soustraction permettant de calculer le
montant maximum déductible au titre d'un Perp ou d'un produit assimilé.
Première
opération : quels revenus d'activité prendre en compte ?
Il s'agit des revenus imposables
dans les catégories des traitements et salaires, des rémunérations dites de l'article
62 de certains gérants et associés de sociétés, des Bénéfices industriels et
commerciaux (BIC), des Bénéfices non commerciaux (BNC) et des Bénéfices agricoles
(BA).
Pour les salariés, en règle générale, le montant
qui sera retenu au titre de 2004 est la somme des revenus figurant dans le cadre 1
'Traitements et salaires' de la déclaration 2042 de 2003.
Pour les non-salariés est pris en compte le montant imposable au titre des BIC et/ou des
BNC perçus en 2003 avant application de l'abattement éventuel de 20 % pour adhésion à
un centre ou à une association de gestion agréée. À noter : les revenus exonérés -
notamment en raison d'une implantation
en zone franche urbaine - sont à ajouter aux revenus non exonérés.
Lorsqu'un contribuable dispose de revenus
d'activité relevant de catégories professionnelles différentes (salarié et BIC ou BNC
par exemple), il convient alors de faire la somme de l'ensemble de ces revenus en tenant
compte, le cas échéant, des déficits.
Enfin, pour les personnes dont le revenu imposable est un déficit comme pour celles qui
n'ont pas ou plus de revenus d'activité, c'est le plancher de déduction égal à 10 % du
plafond annuel de la Sécurité sociale qui est retenu, soit 2 918 E pour les versements
en 2004.
Deuxième
opération : que déduire de ce montant ?
Il faut ensuite déduire de ce total
des revenus d'activité la somme cumulée des cotisations et primes versées sur de
l'épargne salariale en vue de la retraite.
Il s'agit, pour les salariés, des cotisations
qu'ils ont versées l'année N - 1 (soit en 2003 pour les revenus 2004 déclarés en 2005)
à titre obligatoire dans le cadre d'un régime dit de l'article 83. Il faut y ajouter les
sommes versées par l'employeur également l'année N - 1 dans le cadre du même régime
ainsi que l'abondement de l'entreprise à un Perco.
En revanche, il ne faut pas tenir compte des cotisations versées à un régime de
prévoyance (mutuelle) ni des versements aux régimes obligatoires de retraite (retraite
de base comme retraites complémentaires).
Pour les non-salariés, le second chiffre de l'équation pour l'année N est constitué
par les cotisations ou primes déductibles du revenu professionnel versées en N - 1 sur
un régime facultatif mis en place par les régimes de Sécurité sociale ou dans le cadre
d'un contrat Madelin. Toutefois, il n'est pas tenu compte de la fraction des primes et
cotisations correspondant à la déduction supplémentaire de 15 % dont bénéficient les
non-salariés.
Attention ! Pour ne pas alourdir cet article, nous n'abordons pas le cas des non-salariés
qui ont décidé de conserver l'ancien régime de déductibilité jusqu'à l'imposition
des revenus 2008.
Que
faire si on a trop cotisé ?
Il est tout à fait possible que
l'on ait mal estimé un élément de la soustraction. On a alors cotisé plus que l'on
peut déduire.
Première mauvaise nouvelle : cette cotisation
excédentaire n'est pas utilisable par un autre membre du foyer fiscal qui aurait
insuffisamment cotisé. Seconde mauvaise nouvelle : elle n'est pas reportable sur une
année ultérieure. Elle est donc fiscalement perdue.
Une exception temporaire à cette règle a été acceptée par l'administration fiscale au
profit de la Prefon, de la Corem et de la CGOS.
Et
si on n'a pas utilisé à plein son droit à déduction ?
Cette situation est plus favorable
au cotisant car la part de la déduction non utilisée une année peut l'être au cours
des 3 années suivantes. Mais, encore une fois, cette possibilité est individuelle, elle
ne peut pas être utilisée par un autre membre du foyer fiscal.
Peut-on
déduire les cotisations versées au titre des garanties complémentaires ?
La règle est ici fort simple : on
ne peut déduire que les cotisations et primes versées au titre des garanties
complémentaires autorisées dans le cadre du Perp, c'est-à-dire la garantie invalidité
et la garantie décès. En revanche, la garantie dépendance prévue dans certains
contrats n'est pas déductible.
Marie-Claude Barbier zzz66f
MÉMO Cas de
contribuables salariés Cas d'un
contribuable non salarié * Calcul de
la déductibilité Madelin : |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2917 Hebdo 24 mars 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE