du 14 avril 2005 |
JURIDIQUE |
TROIS JOURS EN PLUS DU 1ER MAI
COMMENT PRENDRE EN COMPTE ET PAYER LES JOURS FÉRIÉS
En avril et mai ressurgit le problème des jours fériés, nombreux pendant cette période. Or, cette année, le 1er mai et le 8 mai tombent un dimanche, jour de repos dans un certain nombre d'entreprises. Sans oublier la Journée de solidarité, qui doit être prise le lundi de Pentecôte sauf si l'employeur a choisi une autre date. Comment prendre en compte ces jours ? Comment les payer ?
Chaque année, 11 fêtes légales constituent des jours fériés à
caractère national : le 1er janvier (jour de l'an), le lundi de Pâques, le 1er
mai (fête du Travail), le 8 mai (fête de la Victoire de 1945), le jeudi de l'Ascension,
le lundi de Pentecôte, le 14 juillet (fête nationale), le 15 août (Assomption), le 1er
novembre (Toussaint), le 11 novembre (fête de la Victoire de 1918) et le 25 décembre
(jour de Noël).
Le Code du travail prévoit que le 1er
mai est le seul jour férié qui doit être obligatoirement chômé, c'est-à-dire qu'il
ne doit pas être travaillé mais qu'il est payé. À titre dérogatoire, certains
secteurs d'activité (et notamment les CHR) ont la possibilité de faire travailler leurs
salariés le 1er mai, mais à la condition de les payer double.
Les 10 autres fêtes prévues par le Code du travail sont des jours fériés ordinaires :
le Code du travail n'impose donc pas que ces jours soient chômés et ne prévoit pas de
majoration de salaire en cas de travail. Cependant, il est vrai qu'il existe des
dispositions plus favorables, qui prévoient que ces jours sont soit ni travaillés ni
payés, soit travaillés mais récupérés. Ce régime, plus favorable que la loi, est
prévu le plus souvent par les conventions collectives, des accords d'entreprise ou des
usages.
Pour les salariés du secteur des
CHR, la convention collective du 30 avril 1997 accorde 3 jours fériés ordinaires en plus
du 1er mai, mais uniquement aux salariés qui ont un an d'ancienneté dans
l'entreprise.
Le
1er mai
Le 1er mai est le seul
jour férié obligatoirement chômé et payé en vertu de la loi. Mais, comme à tout
principe, il est prévu des exceptions, notamment "pour les établissements et
services qui en raison de la nature de leur activité ne peuvent interrompre le travail".
Cette disposition concerne les établissements des CHR.
En conséquence, la journée du 1er mai
peut être travaillée dans les CHR : l'article 26 de la convention collective des CHR
rappelle comment payer les salariés le 1er mai et les autres jours fériés.
Le 1er
mai est chômé
1. Les salariés ne travaillent pas le 1er mai, soit que le 1er
mai correspond au jour habituel de fermeture de l'entreprise, soit qu'il correspond au
jour de repos du salarié. Dans les deux cas, il n'y a aucune incidence sur la
rémunération :
Les salariés payés au fixe touchent leur salaire normal ;
Les salariés payés au service ne perçoivent aucune rémunération.
Ex. : Un salarié est habituellement en repos le dimanche. Le dimanche 1er
mai2005 n'aura aucune incidence sur son salaire, il ne pourra pas demander à ce que
ce jour de congé soit payé double ou qu'on le lui reporte. Par contre, les salariés qui
travailleront ce jour-là seront, eux, payés le double.
2. Le 1er mai est un jour habituel d'ouverture de l'entreprise et
l'employeur décide de fermer celle-ci : dans ce cas, l'employeur doit verser le salaire
que le salarié aurait perçu s'il avait travaillé.
Le 1er mai est travaillé
Les salariés
qui vont travailler dimanche 1er mai 2005 ont droit, en plus de leur salaire
correspondant à la journée travaillée, à une indemnité égale au montant de ce
salaire, ce qui revient à dire que la journée du 1er mai travaillée est
payée double.
Pour les salariés payés au fixe, l'employeur doit verser une indemnité
proportionnelle au montant du salaire correspondant à cette journée (hors avantages en
nature, payés mais pas doublés) ;
Pour les salariés payés au service, l'employeur doit verser une indemnité égale
au montant de la répartition du service pour cette journée.
Si des heures supplémentaires sont effectuées un jour férié, elles seront payées à
leurs propres taux de 15, 25 ou 50 %, mais ces taux ne seront pas doublés. Un salarié
qui effectue par exemple 3 heures supplémentaires le 1er mai aura son salaire
habituel, plus l'indemnité égale au montant de ce même salaire et aura donc 3 heures
supplémentaires majorées de 15 %.
Le
8 mai
Le 8 mai est un jour férié
ordinaire : il n'est pas obligatoirement chômé et la loi ne prévoit pas de
rémunération particulière.
La convention collective des CHR accorde bien 3
jours fériés en plus du 1er mai, mais uniquement aux salariés qui ont un an
d'ancienneté dans l'entreprise. En outre, il faut savoir que c'est l'employeur qui
choisit, parmi les 10 jours fériés, les 3 jours qu'il va accorder.
Autrement dit, si l'employeur décide que le 8 mai est férié, tous les salariés qui ont
un an d'ancienneté ont droit au repos ce jour-là et sont payés. En effet, la convention
collective prévoit que les 3 jours fériés ordinaires doivent être effectivement
donnés, c'est-à-dire que les salariés ne doivent pas travailler mais être payés.
Mais si l'activité de l'établissement nécessite la présence du salarié tous les jours
fériés de l'année - car cela correspond à de grandes périodes d'activité par exemple
-, l'employeur doit donner un autre jour de repos en compensation. La convention ne
prévoit pas le paiement d'un jour férié ordinaire qui est travaillé, mais la
récupération de ce jour.
En ce qui concerne les salariés saisonniers, seuls ceux qui ont effectué 2 saisons
consécutives chez un même employeur peuvent bénéficier d'un jour férié
supplémentaire si l'établissement est ouvert moins de 4 mois, et de 2 jours s'il est
ouvert pendant 9 mois.
L'entreprise
décide de fermer le 8 mai
L'employeur décide de fermer son établissement le 8 mai, et cette fermeture ne
correspond pas au jour de repos habituel. Dans cette hypothèse, tous les salariés
mensualisés (bénéficiaires de l'accord du 10 décembre 1977 sur la mensualisation,
étendu par la loi du 19 janvier 1978) ont droit au paiement de cette journée s'ils
remplissent les conditions suivantes :
avoir 3 mois d'ancienneté dans l'entreprise ;
avoir accompli au moins 200 heures de travail au cours des 2 derniers mois
précédant le jour férié considéré - en cas de chômage partiel ou de travail à
temps partiel, ce nombre d'heures sera réduit proportionnellement à l'horaire
hebdomadaire habituel ;
être présent le dernier jour de travail précédant le jour férié et le premier
jour de travail qui lui fait suite, sauf en cas d'absence préalablement accordée.
En effet, les salariés mensualisés ne doivent pas voir leur rémunération diminuer du
fait de cette fermeture décidée par le chef d'entreprise. Celui-ci devra donc payer ses
salariés et non leur décompter un jour de congés payés.
Ce principe est d'ailleurs rappelé dans la convention collective, dans les modalités
complémentaires de l'article 26 sur les jours fériés, où il est mentionné que "le
chômage des jours fériés ne doit entraîner aucune réduction de salaire conformément
à la réglementation en vigueur".
Toutes les règles énoncées pour le 8 mai sont bien sûr applicables pour tous les
autres jours fériés ordinaires.
Deux
jours fériés supplémentaires sont prévus
L'article 12 de l'avenant n° 1 du
13 juillet 2004 à la convention collective des CHR prévoit l'octroi de 2 jours fériés
supplémentaires, mais pas pour cette année. En effet, l'avenant prévoit que les
salariés bénéficieront de ces 2 jours fériés selon le calendrier suivant :
À partir du 1er juillet 2006, un
jour férié supplémentaire ;
À partir du 1er juillet 2007, un autre jour férié supplémentaire.
Cet article rappelle que ces 2 jours sont accordés dans les mêmes conditions que les 3
prévus par la convention collective. Ce qui veut dire qu'à partir du 1er
juillet 2007, seuls les salariés qui auront un an d'ancienneté dans l'entreprise auront
droit à 5 jours fériés en plus du 1er mai.
Pour les entreprises qui travaillent sur la base de 37 heures, soit 160,33 heures par
mois, l'accord précise que, "compte tenu de l'effort déjà consenti, ces
entreprises bénéficieront d'un délai supplémentaire d'un an pour la mise en
application de cet article". En conséquence, le calendrier est rallongé pour
ces entreprises, qui devront accorder :
À partir du 1er juillet 2007, un jour férié supplémentaire ;
À partir du 1er juillet 2008, un autre jour férié supplémentaire.
Jour
férié tombant un jour de repos
Lorsque le jour férié coïncide
avec un jour de repos habituel dans l'entreprise, cette circonstance n'entraîne aucune
incidence particulière. Le salarié ne peut prétendre à un jour de repos
supplémentaire de ce fait, et ne peut demander de reporter le jour férié à une autre
date. En outre, cette situation n'entraîne aucune conséquence sur le salaire.
Mais ce principe doit être modéré dans les CHR.
En effet, dans la mesure où l'employeur choisit les 3 jours fériés parmi les 10
existants, il ne doit pas utiliser cette liberté pour supprimer les jours fériés de ses
salariés. En d'autres termes, il ne doit pas modifier les 3 jours fériés chaque année
pour les faire coïncider avec un jour de fermeture habituelle de l'entreprise.
Jours
fériés inclus dans les congés payés
La durée des congés payés
s'apprécie selon la loi en jours ouvrables (c'est-à-dire tous les jours de la semaine,
du lundi au samedi sauf le dimanche - ou le jour de repos hebdomadaire qui le remplace -
et les jours fériés chômés). L'intervention d'un jour férié chômé (jour non
ouvrable) pendant une période de congé a normalement pour effet de prolonger d'une
journée la période de congé.
Ex. : Un salarié a pris une semaine de
vacances du lundi 28 mars (lundi de Pâques) au dimanche 3 avril. Dans son entreprise, le
jour de repos hebdomadaire est le dimanche, il ne lui sera retenu au titre de ses congés
payés calculés en jours ouvrables que 5 jours.
Cependant, un jour de fête peut être considéré comme ouvrable pour la détermination
de la durée du congé, dans l'hypothèse où le personnel de l'établissement a
travaillé ce jour-là.
Ex. : Toujours dans la même entreprise, un
autre salarié prend une semaine de vacances du lundi 2 mai au dimanche 8 mai. L'employeur
n'a pas choisi d'accorder le jeudi 5 mai (Ascension) comme jour férié supplémentaire.
Ce jour-là, les salariés travailleront sans percevoir de rémunération supplémentaire.
À l'employé parti en vacances cette semaine-là, il sera retenu 6 jours ouvrables au
titre de ses congés payés.
À l'inverse, si les jours de congé sont
calculés en jours ouvrés (c'est-à-dire en jours qui sont réellement travaillés par le
salarié), le jour férié étant par nature un jour non ouvré, celui-ci n'aura aucune
incidence sur la durée du congé.
Pascale Carbillet zzz60o
La Journée de solidarité
dans les CHR La Journée de solidarité créée par la loi du 30 juin 2004 se traduit pour les employeurs par une cotisation patronale supplémentaire de 0,30 % depuis le 12 juillet 2004. En contrepartie, les salariés doivent travailler une journée supplémentaire non rémunérée. C'est
l'employeur qui fixe cette journée Comment fixer
la Journée de solidarité Elle peut
être différente pour chaque salarié Quand
appliquer cette journée ? La
rémunération due au titre de la Journée de solidarité La situation
en cas de changement d'employeur |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2920 Hebdo 14 avril 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE