du 12 mai 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
COMPROMIS EUROPÉEN POUR LA BAISSE DE LA TVA EN RESTAURATION
DANS L'ATTENTE D'UNE DéCISION UNANIME
Après de longs mois de silence, le dossier de la baisse de TVA en restauration revient sous les feux de l'actualité. Si Bruxelles ne peut donner son feu vert en matière de fiscalité, la présidence luxembourgeoise du Conseil des Ministres de l'Union européenne propose un projet de compromis qui permettrait à la France de baisser la TVA en restauration, mais à la condition d'être accepté par les 25 États membres de l'UE.
Dans son édition du mercredi 4 mai, Le Figaro - pour le pas
le citer - titrait à la une La France pourrait baisser le taux à 5,5 % dans la
restauration, TVA : le cadeau de Bruxelles à Paris. À la lecture de cet article,
d'aucuns ont trop vite conclu que c'était gagné, car Bruxelles avait donné son feu vert
à la France pour baisser le taux de TVA pour les restaurateurs. D'autant que, dans la
même journée, le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, avait confirmé sur
France Info que la présidence luxembourgeoise allait proposer d'autoriser la
France à appliquer un taux de TVA réduit pour le secteur de la restauration. Il est vrai
qu'il précisait aussitôt "qu'il reste à convaincre l'ensemble de nos amis et de
nos partenaires de l'Union européenne". Propos qu'il avait d'ailleurs tenus la
veille à l'Assemblée Nationale en réponse à une question orale du député UMP du
Haut-Var, Thierry Mariani, qui interpellait le gouvernement sur l'état d'avancement des
négociations européennes en vue de la baisse de TVA en restauration et sur le respect de
la date du 1er janvier 2006. Jean-François Copé précisait aussi : "Je
tiens à rappeler - car il est important que chacun le sache - que ce ne sont pas les
autorités de Bruxelles qui s'opposent à cette baisse de TVA sur la restauration.
D'ailleurs, elles n'en ont pas le pouvoir. Elle est le fruit d'une négociation normale
avec l'ensemble des États membres, puisqu'en matière fiscale, c'est l'unanimité qui
prévaut
" Ces excès d'optimisme de la presse française ont aussitôt
entraîné les réactions des responsables européens, qui ont tenu à préciser que les
décisions sur les questions de fiscalité sont prises à l'unanimité des pays membres,
et que certains de ces derniers comme la Grande-Bretagne, la Suède et le Danemark ont
déjà fait connaître leur opposition.
Mais comme nous vous l'avions présenté dans notre
édition du 28 avril, si ce projet de compromis constitue une étape importante, il n'en
reste pas moins qu'il ne faut pas faire de triomphalisme pour l'instant. D'autant que le
résultat du référendum sur la Constitution européenne aura aussi une influence sur ce
dossier. En effet, si les citoyens français refusent de ratifier le traité de
constitution européenne, il sera alors difficile pour la France de convaincre ses
partenaires de voter cette mesure pour les restaurateurs français. À l'inverse, le oui
ne permet pas non plus de garantir une issue favorable à ce dossier. Attaqué sur
l'opportunité de cette proposition luxembourgeoise avec le référendum du 29 mai,
Jean-François Copé a démenti tout lien direct. Il a d'ailleurs tenu à réaffirmer
mardi 10 mai à l'Assemblée Nationale, la volonté du gouvernement de faire aboutir le
dossier "qui constitue une priorité pour l'emploi et pour le gouvernement qui est
déterminé à aboutir".
Le
compromis doit être discuté jeudi 12 mai
25 experts fiscaux de chacun des
États membres de l'Union européenne doivent examiner, dans le cadre d'une réunion
informelle organisée à Bruxelles le jeudi 12 mai, un projet de compromis sur les taux de
TVA réduits. Ce texte prévoit notamment la possibilité pour la France d'appliquer
pendant 10 ans un taux de TVA réduit pour la restauration.
Depuis sa prise de fonction à la présidence du Conseil des Ministres de l'UE au mois de
janvier, Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg, avait décidé de prendre à
bras-le-corps le dossier sur les taux de TVA réduits. Dossier qui, depuis l'arrivée des
10 nouveaux États membres et l'adoption d'une Constitution européenne, ne constituait
plus une priorité. Alors que, paradoxalement, les partenaires européens se trouvent face
à l'échéance du 31 décembre 2005. Date à laquelle prend fin l'expérience qui a
permis à certains secteurs d'activité, regroupés dans ce que l'on appelle l'annexe K,
de bénéficier à titre dérogatoire d'un taux de TVA réduit pour une période
déterminée et dont il faut régler le sort définitivement.
Jean-Claude Juncker a donc rencontré ses 24
partenaires européens à l'occasion d'entretiens bilatéraux afin de connaître la
position de chacun sur ce dossier sensible afin d'élaborer un projet de compromis qui
puisse satisfaire le plus grand nombre. Car ce texte doit être adopté à l'unanimité
des 25 membres de l'Union européenne.
Jacques Borel, président du Club TVA, avait d'ailleurs déclaré dans notre édition du
28 avril que "le grand mérite de Jean-Claude Juncker est d'avoir mis sur table un
projet écrit qui permette à chacun de réfléchir, de discuter, de modifier pour permettre de décider. Ce compromis est un
point d'équilibre entre les initiatives de la commission, les demandes supplémentaires
des États membres ainsi que les exigences d'équivalences de traitement par les nouveaux
États membres".
Dans son projet, la présidence luxembourgeoise
propose de résoudre les problèmes les plus urgents de l'annexe K, telles la
modernisation des logements et l'assistance à domicile en les intégrant dans l'annexe H.
C'est-à-dire en les insérant définitivement dans la liste des secteurs d'activité
pouvant bénéficier d'un taux de TVA réduit. Il prévoit également la création d'un
système plus souple qui permettrait aux États membres qui en feront la demande avant le
31 décembre 2005 d'appliquer un taux réduit de TVA pendant une période de 10 ans pour
le secteur de la restauration, ainsi que pour les petits services de réparation (lavage
de vitres, nettoyages de logements privés et coiffure). C'est cette mesure qui doit
permettre à la France de faire bénéficier d'un taux de TVA réduit au secteur de la
restauration à la condition que ce projet de compromis soit adopté par tous.
Il convient de préciser que lors de cette
réunion informelle du jeudi 12 mai, aucune décision ne sera prise. Chacun pourra
préciser sa position et probablement déterminer la base d'un compromis n° 2 qui
pourrait faire l'objet d'une adoption, lors des prochains conseils d'Écofin fixés le
mardi 7 juin, 13 septembre et 11 octobre de cette année. À suivre.
Pascale Carbillet zzz66f
Complément d'article 2924p04
Thierry
Mariani interpelle le gouvernement sur la baisse de TVA en restaurationMardi 3 mai 2005, à lAssemblée Nationale, lors de la traditionnelle séance des questions orales sans débat, Thierry Mariani député UMP du Haut-Vaucluse, est intervenu une nouvelle fois pour demander au gouvernement létat davancement exact des négociations européennes en vue de la baisse de TVA en restauration à la date du 1er janvier 2006. M. Thierry
Mariani : Comme je l'ai fait à de nombreuses reprises, j'appelle l'attention du
Gouvernement sur la nécessité de baisser la TVA sur la restauration traditionnelle au
1er janvier 2006. M. Jean-François
Copé, ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire :
Permettez-moi tout d'abord de saluer la constance de votre engagement sur ce sujet
important qu'est la baisse de la TVA de 19,6 % à 5,5 % dans le secteur de la
restauration traditionnelle. Le Président de la République et le Premier ministre en ont
pris l'engagement solennel, et notre détermination est entière pour mettre en uvre
cette mesure. Celle-ci est en effet bonne pour l'économie. Il n'est pas normal que la
restauration traditionnelle, qui emploie près de 800 000 salariés, soit assujettie
à une TVA supérieure à celle de la restauration rapide, moins consommatrice de
main-d'uvre. Cette mesure sera également favorable sur le plan social, les
employés de la restauration pouvant bénéficier de jours de congé supplémentaires. M. Thierry Mariani : Je vous remercie de ces réponses précises. L'octroi de cinq jours de congé supplémentaires dans un secteur où les conditions de travail sont particulièrement difficiles constituera une avancée sociale indéniable. Amélioration de la situation des salariés du secteur, créations d'emplois et, espérons-le, baisse des prix pour les consommateurs : l'application de la TVA à taux réduit à la restauration traditionnelle est l'exemple type d'une mesure gagnant-gagnant. |
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L'Hôtellerie Restauration n° 2924 Hebdo 12 mai 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE