du 25 août 2005 |
CONJONCTURE |
PREMIERS BILANS
La saison estivale 2005 ne fera pas date dans les annales du tourisme français
Les touristes étrangers à haute contribution sont globalement de retour dans l'Hexagone cet été. Reste que la tendance de fond est au morcellement des vacances. Des comportements qui pénalisent les saisonniers ainsi que la restauration.
La haute saison ne représente plus que 5 semaines dans la plupart des régions touristiques françaises. |
Or,
argent, bronze ? Bien que l'été ne soit pas encore totalement achevé, la France
s'interroge d'ores et déjà sur ses performances touristiques 2005. Malgré des scores
pas vraiment fabuleux l'an passé, l'Hexagone était parvenu à conserver sa place de
champion du monde enregistrant 75,10 millions d'arrivées de visiteurs étrangers. Un
chiffre certes fortement contesté par de nombreux professionnels. N'empêche qu'il n'en
restait pas moins honorable dans le hit-parade mondial des destinations touristiques.
D'autant que la concurrence se fait désormais de plus en plus rude sur le marché du
tourisme avec, notamment, la montée en puissance des 'pays ensoleillés' (type Croatie,
Maghreb
) où l'offre tarifaire s'avère particulièrement attractive.
Compte tenu de la faible fréquentation des vacances
de printemps ainsi que celle du mois de mai observée par Odit France (Observation,
développement et ingénierie touristiques), il y a lieu néanmoins d'avoir quelques
interrogations quant aux résultats finaux du millésime 2005. Et pour cause ! Les
professionnels du secteur sont quasiment unanimes pour déclarer que le début de la
saison touristique n'a pas été à la hauteur de leurs espérances. Loin s'en faut
On pourrait même aller jusqu'à dire que le moral des troupes était dans les chaussettes
voilà quelques semaines.
"Dans la quasi-totalité des
régions, le printemps a été morose faute de ponts en mai", souligne ainsi
l'Umih. Et de poursuivre : "Le mois de juillet, si l'on met à part le week-end du
14, est plat. Il ressemble pratiquement à tous les autres." Des propos plutôt
pessimistes auxquels souscrit volontiers Odit France. "Suite à une enquête
menée auprès de quelque 700 offices de tourisme, plus de 50 % d'entre eux - notamment
sur le littoral Atlantique-Manche, mais également languedocien - signalent une baisse des
réservations par rapport à juillet 2004, en particulier pour la clientèle française
(57 %)", déclare l'organisme dirigé par Christian Mantéi.
Hôtellerie
haut de gamme en forme durant juillet
Évidemment, et heureusement
d'ailleurs, la situation s'est en général redressée en août, et ce même si les
chiffres ne sont encore que provisoires. Ainsi, au 15 du 8e mois de l'année,
selon un sondage réalisé par le cabinet Protourisme auprès de 500 hébergeurs et
groupements d'hébergeurs, "25 % des professionnels interrogés affirment que la
fréquentation touristique de la saison estivale 2005 sera en progression, 30 %
équivalente, 30 % en baisse et 15 % en forte diminution". De son côté, l'Umih
constate une "bonne première quinzaine d'août, conforme aux résultats de
l'année dernière".
Quant à l'Odit, il fait part d'une "stabilité".
Il n'en demeure pas moins vrai que la saison estivale 2005 ne fera globalement pas
date dans les annales des statistiques du tourisme français.
"Si au redressement d'août s'ajoutent des conditions météo favorables en
septembre, l'année 2005 devrait être meilleure que 2004, sans toutefois retrouver le
niveau de 2003", commente l'Odit.
À noter toutefois d'importantes disparités en fonction des régions et catégories
d'hébergements étudiés. L'hôtellerie haut de gamme semble ainsi avoir réussi à tirer
assez bien son épingle du jeu. Selon les données du cabinet BDO MG Hôtels &
Tourisme, les établissements 4 étoiles français ont de fait passé un 'été
ensoleillé'. En juillet, leurs revenus par chambre disponible (RevPar) ont d'ailleurs
grimpé respectivement de 4,20 % dans la capitale à 10,90 % sur la Côte d'Azur, en
passant par 6,80 % pour les unités de province (hors Côte d'Azur). Une donne plutôt
encourageante sachant que ce bond en
avant provient à la fois de la hausse du prix moyen chambre (exception faite de Paris, -
2 %) et du taux d'occupation. "Partout, la clientèle d'affaires a prolongé
au-delà du 30 juin et de la première quinzaine de juillet sa présence avec, à la clé,
une amélioration de la fréquentation, mais surtout de la RMC", explique Daniel
Florent de BDO MG Hôtels & Tourisme. Et d'ajouter : "La demande de la
clientèle d'affaires est en outre soutenue sur la fin du mois d'août. On peut dire que
2005 est une année de reprise pour ce segment de clients."
Retour
des clientèles étrangères à fort pouvoir d'achat
La présence plus marquée cet été
de la clientèle d'affaires dans les hôtels haut de gamme ne signifie pas pour autant que
les touristes aient déserté l'Hexagone. Bien au contraire ! Aux dires des hôteliers,
les touristes en provenance des Pays de l'Est ont augmenté vitesse grand V tandis que les
Américains, eux, ont confirmé leur retour dans la Ville lumière tout comme sur la
French Riviera. "Nous n'avons pas encore retrouvé les niveaux de 2000, mais les
Américains sont clairement de retour dans la capitale", assure Paul Roll,
directeur général de l'office de tourisme et des congrès de Paris. L'évolution de la
parité euro/dollar y est certainement pour quelque chose. Tout comme la bonne santé de
l'économie aux États-Unis qui, rappelons-le, a enregistré un taux de croissance
supérieur à 4 % l'an dernier.
Un dynamisme économique dont ne bénéficie que peu
de pays européens à l'heure actuelle. Résultat : certaines nationalités mettent la
pédale douce question voyage comme les Allemands, les Britanniques, les Néerlandais et
les Suisses (au total - 6 % selon les données de Protourisme).
Du côté de la Côte d'Azur, la clientèle d'origine italienne semble avoir également
été moins nombreuse que les étés précédents. "La fédération des
hôteliers-restaurateurs estime que 6 millions d'Italiens sont restés chez eux cette
année à cause de la peur des attentats et de l'accroissement du coût de la vie",
indique BDO MG Hôtels & Tourisme. Sans oublier le décès du roi Fahd qui aura
indéniablement des conséquences sur l'hôtellerie de prestige azuréenne.
Adapter
l'offre aux nouvelles attentes des clients
Si les unités haut de gamme
semblent avoir retrouvé la forme au cours de la saison estivale, les autres types
d'hébergements n'ont pas été logés à la même enseigne. La stabilité domine certes
pour les campings, les résidences de tourisme et les villages de vacances pour plus de 50
% des offices de tourisme interrogés par Odit France. En revanche, la tendance est au
recul pour les hébergements ruraux sur la moitié sud du pays. Côté meublés, ce n'est
pas la joie non plus avec une fréquentation en forte diminution dans les Vosges et à
l'ouest d'une ligne allant des Bouches-du-Rhône à la Manche. Quant à l'hôtellerie dite
saisonnière, elle est sévèrement malmenée. "Le morcellement croissant des
vacances avec un essaimage de plusieurs week-ends plus RTT tout au long de l'année au
détriment de la saison d'été s'est en effet accentué en 2005", souligne l'Umih.
La mutation des comportements des vacanciers observée depuis un certain nombre d'années
pénalise de fait fortement le secteur des CHR, en particulier les saisonniers. Idem pour
les petits restaurateurs et les cafetiers. "La gestion du budget vacances est à
l'économie et privilégie le logement et le transport en voiture dont le coût est en
hausse de 16,60 % en 1 an en raison du prix de l'essence", souligne le syndicat
patronal. Finis les petits apéros sympas, les cafés et autres digestifs. L'eau remplace
le vin et un plat unique - voire de la restauration à emporter - fait office dorénavant
de repas pour les vacanciers. "Indiscutablement, la restauration traverse une
période difficile. D'ailleurs, elle est considérée par les visiteurs comme trop
chère", témoigne Paul Roll.
Fort de tous ces éléments, "on doit
s'interroger sur la conception du tourisme en France et s'orienter vers un tourisme
qualitatif qui offre des produits ciblés plutôt que le tourisme de masse qui a tendance
à traverser la France sans s'arrêter pour consommer", estime l'Umih. Les
régions qui s'en sortent sont effectivement celles qui ont peaufiné leur offre en
l'adaptant aux nouveaux goûts et moyens des consommateurs comme vous pourrez le voir en
lisant les articles de nos correspondants régionaux ci-après. Un travail indispensable
qui nécessite l'investissement de l'ensemble des acteurs du tourisme.
C. C. zzz70
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L'Hôtellerie Restauration n° 2939 Hebdo 25 août 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE