du 29 septembre 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
APRÈS L'ECHEC DE LA COMMISSION MIXTE PARITAIRE DU 23 SEPTEMBRE
PAS D'ACCORD POUR REVALORISER LES SALAIRES
Les syndicats de salariés demandent une revalorisation de la grille de salaires quand les organisations patronales conditionnent cette augmentation à l'obtention de la baisse de TVA, ou au moins, à la prolongation des aides à l'emploi pour les CHR.
C'est
à la demande expresse du ministre délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion
professionnelle, Gérard Larcher, que les 5 syndicats de salariés et les 5 organisations
patronales des CHR se sont réunis vendredi 23 septembre pour revaloriser la grille des
salaires minimaux dans la branche. Mais c'est sans grande surprise que les partenaires
sociaux ne sont pas parvenus à un accord. Seule avancée de ce dossier : il a été pris
date de la prochaine mixte paritaire, qui a été fixée au 2 novembre au matin. Les
syndicats de salariés se déclarent très déçus par les réactions du patronat mais
sans être étonnés. "Nous demandons seulement une mise à jour des tarifs
horaires dans un premier temps pour pouvoir ensuite enchaîner sur une véritable grille
de salaires qui soit reconnue par les partenaires sociaux. Nous voulons ensuite négocier
une grille de salaires où seraient pris en compte les CQP (certificats de qualification
professionnelle), mais aussi les BEP et CAP. Le personnel qualifié doit se voir
présenter une grille de classification reconnue qui propose autre chose que des salaires
au niveau du Smic. Il faut faire en sorte que les jeunes soient encouragés à venir
travailler dans nos professions, mais il faut surtout les motiver pour y rester et mettre
fin à cette hémorragie grandissante", déclare Irénéo Dessi de la CFTC, qui
ajoute : "Le paritarisme est bloqué. Ce n'est pas la peine de continuer dans ces
conditions."
Même son de cloche pour Bernard Luminet de CFE/CGC
: "Les employeurs nous disent que nous avons des propositions à vous faire, mais
on ne voit rien venir. Ils n'agiront que le jour où ils auront l'assurance, de la part du
ministère, que les aides soient prolongées."
Quant à José Castro de FO, il déplore la position des organisations patronales qui
donnent une image négative des employeurs des CHR : "Ils passent aux yeux de
l'opinion publique pour des gens du XIXe siècle. Il y a à l'heure actuelle un
décalage entre la réalité et le discours. Les patrons ne méritent pas l'opprobre de
l'opinion publique dans la mesure où les conditions de travail ont fortement été
améliorées dans ce secteur. Mais ils refusent même d'examiner notre proposition
commune."
Pour Johany Ramos, de la CFDT, "les organisations patronales ne sont venues à
cette réunion que pour gagner du temps. Elles ne sont là que pour négocier avec le
gouvernement et ne prennent même pas la peine d'examiner le projet de revalorisation de
la grille de salaires, qui est présenté au nom des 5 syndicats de salariés. Il ne peut
y avoir de paritarisme quand l'une des parties ignore totalement l'autre".
"Il s'agit de nouveau et encore d'un échec des négociations dans ce secteur qui
refuse de négocier", ajoute Michel Légalité pour la CGT. "Seuls le
Synhorcat et la Fagiht ont fait état d'une grille de salaires qu'ils souhaiteraient
présenter, mais une fois qu'ils auraient obtenu une confirmation officielle de la
prolongation des aides au-delà du 31 décembre 2005."
Le
gouvernement met la pression sur les patrons
En effet, en mars 2005, Gérard
Larcher avait demandé que soit analysé l'état des minima salariaux et des grilles de
salaires dans les branches professionnelles dotées des effectifs les plus importants. Un
premier bilan, effectué en juin dans 74 branches, montrait la nécessité de relancer la
négociation collective en raison du nombre important de minima inférieurs au Smic.
À cette occasion, Gérard Larcher avait clairement
sermonné les professionnels des CHR en déclarant qu'il n'était pas acceptable pour un
secteur professionnel ayant bénéficié d'un soutien exceptionnel de l'État pour
conforter sa politique de l'emploi d'avoir encore une grille de salaires exprimée en
francs. Il n'hésitait pas à menacer la profession de lui supprimer les aides si celle-ci
ne réévaluait pas sa grille de salaires. Ces déclarations ont aussitôt entraîné une
levée de boucliers de la part de tous les représentants des organisations patronales.
Car si la profession a bien bénéficié d'une prime à l'emploi spécifique, celle-ci a
été accordée à la profession en contrepartie de la signature de l'avenant n° 1 du 13
juillet 2004, qui accorde un certain nombre d'avantages sociaux pour les salariés du
secteur. Cet accord a notamment instauré la suppression du Smic hôtelier qui a permis à
tous les salariés au Smic de voir leur salaire revalorisé d'au moins 15 %. En outre,
tous les salariés du secteur se sont vus octroyer une 6e semaine de congés
payés, des jours fériés supplémentaires ainsi que la mise en place d'un régime de
prévoyance, une contrepartie au travail de nuit. Les cadres n'ont pas été oubliés non
plus dans la mesure où l'accord leur prévoit un salaire minimum. L'aide qui a été
accordée aux employeurs et qui représente 114 E par mois et par salarié pour un
restaurateur a été largement absorbée par le coût engendré de cet accord.
Il est vrai que
l'annonce de Jean-Pierre Raffarin, en février 2004 à l'Assemblée Nationale, de
débloquer une enveloppe de 1,5 milliard d'euros pour alléger les charges des
restaurateurs pendant un délai de 18 mois dans l'attente d'obtenir la baisse de TVA a
été très mal perçue par l'opinion publique. Alors qu'en réalité, cette enveloppe n'a
été provisionnée dans le budget de l'État qu'à auteur de 90 millions d'euros pour
l'année 2004, et de 550 millions d'euros pour l'année 2005. On est loin du 1,5 milliard
annoncé. Quant à l'absence de contrepartie, d'aucuns ont trop vite oublié la signature
de l'accord du 13 juillet 2004, qui a amélioré le statut des salariés de la profession,
mais qui n'est pas sans conséquence sur les finances des entreprises des CHR. C'est un
véritable bras de fer qui s'est engagé entre les représentants des organisations
patronales et le gouvernement. Les premiers demandent avant toute chose un engagement du
gouvernement sur la baisse de TVA en restauration qui devait aboutir au 1er
janvier 2006, ou au moins la prolongation des aides (dont le terme est prévu au 31
décembre 2005) jusqu'à l'obtention du taux de TVA réduit pour la restauration. Quant au
gouvernement, il demande aux employeurs de réactualiser cette grille de salaires s'ils
veulent pouvoir continuer à bénéficier de ces aides. Affaire à suivre.
Pascale Carbillet zzz76v
Grille de salaires proposée par les 5 syndicats de salariés
Il ne s'agit que d'une proposition qui n'a,
pour l'instant, pas fait l'objet de négociation ni d'acceptation de la part des
organisations patronales.
Niveau I | Niveau II | Niveau III | Niveau IV | Niveau V | |||||
Échelon 1 | 8,03 E | Échelon 1 | 8,45 E | Échelon 1 | 9,10 E | Échelon 1 | 10,50 E | Échelon 1 | 11,70 E |
Échelon 2 | 8,20 E | Échelon 2 | 8,60 E | Échelon 2 | 9,65 E | Échelon 2 | 11,20 E | Échelon 2 | 12,50 E |
Échelon 3 | 8,35 E | Échelon 3 | 8,75 E | Échelon 3 | 10,05 E | Échelon 3 | |||
Cadre autonomes : | 14,88 E | ||||||||
Cadres dirigeants : | 22,33 E |
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