du 13 octobre 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
Gilles Pélisson : la force tranquille
Avec son visage juvénile et sa bonne humeur
coutumière, le temps ne semble pas avoir de prise sur Gilles Pélisson. 10 ans après
avoir quitté le groupe Accor, ce diplômé de l'Essec et titulaire d'un MBA de Harvard
Business School n'a apparemment pas pris une seule ride. Ni même guère plus de cheveux
blancs. Tant mieux. Parce que les coprésidents et les membres du conseil de surveillance
souhaitent ardemment rajeunir le management. Âgé de 48 ans, rompu aux méthodes
américaines et japonaises, l'intéressé se présente donc d'emblée comme "l'homme
de la situation".
Cerise sur le gâteau (Lenôtre, bien sûr), Gilles
Pélisson connaît le secteur de l'hôtellerie et du tourisme sur le bout des doigts. D'ailleurs, il a passé 12 années
au sein de Accor. D'abord aux États-Unis en tant que directeur du marketing des
restaurants Seafood Broiler, puis senior vice-président de Accor pour la zone
Asie-Pacifique. 6 ans plus tard, notre homme rentre au bercail pour prendre en main les
'fourchettes' de Courtepaille. Ensuite, il copréside avec Philippe Brizon la chaîne
Novotel jusqu'en juillet 1995. Une période au cours de laquelle fleuriront les projets
d'entreprise tels 'retour vers le futur' ou bien encore 'l'école de vie de Novotel'.
Douze années riches d'expérience et d'humilité en
vérité, dont plusieurs collaborateurs conservent un excellent souvenir. "C'est
un type super, très accessible ! On peut lui parler sans détour. Et puis, il se souvenait de chacun d'entre nous. À noter
que sans en avoir l'air, il parvenait toujours à ses fins", raconte une ancienne
collaboratrice de Courtepaille. Et un autre de chez Novotel d'ajouter : "Il avait
à l'époque une capacité de travail phénoménale et un grand sens de l'écoute."
Des qualités que ce père de 2 enfants, président du conseil de surveillance du groupe
Essec, a sans aucun doute eu l'occasion de renforcer en devenant p.-d.g. d'Euro Disney en
1997 (directeur général en 1995). Tout comme chez Bouygues Télécom, dont il est le
p.-d.g. depuis février 2004, après un passage de 2 ans chez Suez à la tête du
consortium Suez-Telefonica ST 3G. "Chez Euro Disney, il a fait preuve de
ténacité et d'un sens de la négociation aigu", témoigne Yann Caillère,
actuel patron de Louvre Hotels, autrefois son bras droit. Quant à ses performances à la
tête du troisième opérateur mobile, elles sont aussi plutôt flatteuses.
Face à ce parcours professionnel émérite,
tout porte à croire que seul son nom de famille constituait en fait un véritable
handicap pour prendre les rênes opérationnelles de Accor. Reste que Gilles Pélisson
"a toujours adoré l'hôtellerie", comme le rappelle Yann Caillère. Sans
compter que ce secteur rime avec famille. Alors, "il savait un jour ou l'autre
qu'il y aurait un retour à ses premières amours", note un de ses amis intimes.
À bon entendeur, salut !
C. Cosson zzz36v
zzz18p
Les dossiers chauds
du groupe Accor "Le groupe va bien !" De Sven Boinet (président du directoire de Lucien Barrière) en passant par Jean-Marc Espalioux et les coprésidents fondateurs, tout le monde tient des propos similaires quant à la bonne santé de Accor. Les performances chiffrées étayent d'ailleurs parfaitement ces propos. Tout comme les différentes politiques engagées sur le long terme. À commencer par la stratégie immobilière qui vise à céder les actifs non rentables et à vendre les murs des hôtels avec maintien des contrats de management suivant les segments ou location variable. Vient ensuite la montée en puissance de la chaîne Sofitel qui, ayant réussi son repositionnement sur le haut de gamme, collectionne aujourd'hui les récompenses. à noter également le dynamisme des activités de services - véritable planche à billets du n° 1 de l'hôtellerie européenne - dont l'avenir apparaît très prometteur. Sans oublier un vaste programme de développement hôtelier qui vise à étoffer le parc actuel de 4 000 hôtels d'environ 1 000 établissements supplémentaires à l'horizon 2009. N'empêche. Gilles Pélisson aura tout de même du pain sur la planche dès son arrivée. Accor doit en effet "retrouver un esprit créatif et visionnaire" selon certains experts du secteur. Il faut également trancher sur l'avenir de Formule 1, dont le vieillissement est aujourd'hui indéniable. Sans oublier de faire évoluer les produits dans les autres marques économiques tel Ibis notamment. S'agissant de Novotel, qui s'est maintenant refait une beauté depuis quelque temps, le déploiement de la chambre 'novation' et du nouveau concept de restauration doit s'accélérer afin d'affirmer le repositionnement de l'enseigne historique du groupe en particulier dans l'Hexagone. Quid par ailleurs de Mercure ? Autre dossier sur lequel devra rapidement s'exprimer le nouveau venu : l'hôtellerie de loisirs et le Club Med. "Doit-on aller plus loin ou non dans les relations capitalistiques déjà engagées, telle est la question de fond", estime un proche du dossier. Au dire de plusieurs franchisés, la mise en place d'une politique marketing innovante des marques hôtelières paraît en outre indispensable. |
INTERVIEWS
Jean Dalaudière "Nous attendons un retour en force des marques et des enseignes Accor"
Le président de l'Association des franchisés Accor hôtellerie, qui représente 500 établissements (portant les enseignes Ibis, Formule 1, Etap Hotel, Mercure, Sofitel et Suitehotel) et 250 chefs d'entreprise, affiche une grande satisfaction quant au dénouement du feuilleton Accor et de la nomination de Gilles Pélisson. Propos recueillis par Claire Cosson
Jean Dalaudière : "Les franchisés souhaitaient ardemment la nomination d'un homme de marketing et d'un professionnel de l'hôtellerie aux commandes du groupe. La nomination de Gilles Pélisson nous satisfait pleinement." |
L'Hôtellerie Restauration : Accor
a fait les gorges chaudes de la presse économique et financière durant tout l'été.
Comment les franchisés ont-ils vécu cette situation ?
Jean Dalaudière : J'avoue que les
franchisés n'ont pas très bien vécu ces deux derniers mois. Beaucoup d'entre nous ont
de fait découvert des éléments via la presse et internet alors qu'ils n'auraient pas
dû paraître sur la place publique. C'est probablement le résultat des avancées
technologiques et des systèmes d'information. Il n'empêche que lorsque vos clients - qui
sont parfois eux-mêmes des actionnaires de Accor - vous interrogent tous les jours sur la
situation de l'entreprise, cela pose un réel problème.
En attendant, nous sommes très heureux du
dénouement de la crise de gouvernance qui a affecté Accor. D'ailleurs, nous sommes
persuadés que le professionnalisme et le charisme de Gilles Pélisson - connus et
estimés par bon nombre de franchisés durant les 12 ans qu'il a déjà passés au sein du groupe - conjugués aux qualités
reconnues de Serge Weinberg seront des atouts très forts pour le développement
harmonieux de la compagnie dans une sérénité et une efficacité retrouvées.
Concrètement,
qu'attendez-vous de la nouvelle équipe dirigeante ?
Ce n'est un secret pour personne : nous attendons un retour en force des marques et des
enseignes Accor qui ont été quelque peu délaissées depuis un certain nombre d'années.
Nous souhaitons également une évolution rapide des produits hôteliers, très fortement
liés à l'évolution des nouvelles technologies et de la domotique. Aujourd'hui, le
client ne réclame plus une chambre avec salle de bains, mais une chambre avec wifi
En outre, les franchisés désirent qu'un dialogue constructif et clair s'installe
rapidement avec les nouvelles instances dirigeantes. Pour notre part, nous sommes prêts
à relever le défi d'une nouvelle ère pour Accor. zzz36v
Paul Dubrule : "Il faut se rapprocher du terrain, des collaborateurs et des franchisés"
Après avoir fait l'objet d'une agitation médiatique durant toute la saison estivale, le groupe Accor devrait rapidement retrouver sa sérénité d'antan. Cofondateur de Accor, Paul Dubrule expose son point de vue sur cette affaire. Propos recueillis par Claire Cosson
L'Hôtellerie Restauration : Voilà des semaines que le groupe Accor et la succession
de Jean-marc
Espalioux fait la 'une' des journaux. Quelle est votre réaction ?
Paul Dubrule : Il est évident que la presse ne nous a pas épargnés, Gérard et moi. On peut même parler d'une grande agitation médiatique qui a été jusqu'à dire que le groupe traversait une véritable crise. Je rappelle toutefois que Accor accueille aujourd'hui toujours autant de clients dans ses établissements. Quant à ses directeurs, ils tiennent toujours eux aussi la barre avec vigueur ! En clair, l'entreprise fonctionne. Je crois que cet épisode - un peu trop long - va être très vite oublié et que Gilles Pélisson va pouvoir travailler en toute sérénité, avec l'appui de Serge Weinberg. En fait, je considère que la conclusion de ce feuilleton est excellente.
On dit
que Gilles Pélisson était votre candidat avant d'être celui de son oncle ?
J'ai toujours suivi la carrière de Gilles Pélisson de très près. J'espérais
qu'un jour il revienne chez Accor. Il n'empêche que les règles de bonne gouvernance ont
été respectées quant à sa nomination. Je rappelle qu'il y a eu en effet 17 candidats
sélectionnés pour la succession de Jean-Marc Espalioux. Il s'avère que Gilles a passé
toutes les étapes et est resté en short-list aux côtés de Pierre Danon. J'avais donc
raison de soutenir sa candidature. Gilles a en effet toutes les qualités requises pour
conduire le groupe. C'est un travailleur, doté d'un sens aigu de l'analyse. Ajoutons à cela qu'il sait affronter et résister
aux difficultés. Autre atout non négligeable : il connaît le tourisme et l'hôtellerie.
La
nomination de Gilles Pélisson à la présidence du directoire va s'accompagner à terme
d'un changement de structure
juridique de l'entreprise en société à conseil d'administration. Que pensez-vous de
cette décision ?
C'est une idée intéressante qu'il faut étudier. Je serai bien sûr candidat au conseil
d'administration.
Quelles sont
selon vous les mesures d'urgence que doit prendre la nouvelle équipe dirigeante ?
Il n'y a pas péril en la demeure, donc pas de décisions urgentes à prendre. En fait, il
faut siffler la fin de l'agitation ! S'agissant de notre développement, je crois que nous
avons un énorme potentiel. Reste que ce qui est le plus important aujourd'hui, c'est de
se rapprocher du terrain, des collaborateurs et de nos franchisés. Il faut renouer avec
les opérationnels. zzz36v
Article précédent - Article suivant
Vos questions et vos remarques : Rejoignez le Forum des Blogs des Experts
L'Hôtellerie Restauration n° 2946 Hebdo 13 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE