du 13 octobre 2005 |
L'ÉVÉNEMENT |
AVEC L'AVAL DES BANQUIERS
GILLES PÉLISSON PRENDRA LES COMMANDES OPÉRATIONNELLES DE ACCOR DÈS JANVIER 2006
L'actuel patron de Bouygues Télécom a finalement été désigné pour prendre la présidence du directoire du groupe hôtelier. Il succédera ainsi à Jean-Marc Espalioux à partir du 16 janvier prochain. Cette nomination s'accompagne de l'arrivée de Serge Weinberg au conseil de surveillance de la compagnie à partir du 3 janvier.
Gilles Pélisson a quitté voilà 10 ans le groupe Accor pour se faire un prénom. Il n'a pas à rougir de sa carrière. Bien au contraire. Autre avantage : il connaît bien l'hôtellerie et le tourisme. |
Enfin,
c'est fini ! Il était temps
Parce que lire tous les jours des choses désagréables
sur le groupe Accor ainsi que ses cofondateurs dans la presse, c'est non seulement
pénible, mais aussi franchement démotivant. En outre, c'est injuste." Confiée
sous le sceau du secret par un collaborateur du siège, cette petite phrase en dit long
sur l'ambiance qui règne depuis plusieurs semaines au sein des états-majors du numéro 1
de l'hôtellerie européenne. De fait, le processus de la succession de Jean-Marc
Espalioux à la tête du groupe a sacrément traîné en longueur. Au point de devenir le
véritable feuilleton économique de l'été. "Ça ressemblait presque à Dallas",
ironise un expert proche du dossier. Reste qu'il n'y aura pas de saison n° 2. Tant pis
pour les "annonceurs", mais tant mieux pour la bonne marche de cette
entreprise qui - rappelons-le - compte quelque 4 000 hôtels et 168 000 collaborateurs.
Après presque trois mois d'extrême tension, de
'coups bas' et de manipulations médiatiques, le groupe hôtelier et de services va en
effet retrouver sa sérénité. Malgré le coup de sang des banquiers - BNP Paribas (0,6
%), Société Générale (1,7 %) et Caisse des Dépôts et Consignation (7,6 %) - qui
s'étaient désolidarisés, vendredi 7 octobre, du comité de rémunérations et des
nominations, "considérant que les conditions prévues pour le bon fonctionnement
du processus de succession de Jean-Marc Espalioux n'étaient pas réunies", les
15 membres du conseil de surveillance du groupe français ont finalement nommé à
l'unanimité, lundi 10 octobre dans la soirée, Gilles Pélisson à la présidence du
directoire d'Accor. Ce dernier prendra officiellement ses fonctions à dater du 16 janvier
prochain, à la fin du mandat de Jean-Marc Espalioux.
Changement
de structure juridique à l'étude
L'actuel p.-d.g. de Bouygues
Télécom, neveu de Gérard Pélisson - cofondateur de Accor aux côtés de Paul Dubrule -
a donc réussi son "grand oral" du 2 octobre dernier durant lequel il
était confronté à un sérieux adversaire : Pierre Danon, ancien numéro 2 de Cap
Gemini. "Cela n'a rien d'étonnant ! Sous prétexte qu'il s'appelait Gilles
Pélisson, beaucoup ont décidé d'emblée qu'il ne pouvait pas être l'homme de la
situation", explique Stanislas Rolin, p.-d.g. de Boissée Finances, le plus gros
franchisé de Accor. Et de poursuivre : "Gilles a pourtant quitté le groupe pour
se faire un prénom et n'a pas à rougir de sa carrière. Bien au contraire ! Il a en
outre un avantage certain, c'est de connaître les métiers de l'hôtellerie et du
tourisme."
Reste que pour parvenir à cet "heureux
dénouement", comme le disent haut et fort plusieurs opérationnels, les
coprésidents ont dû mener un combat de haute volée du côté de la tour
Maine-Montparnasse et auprès des banques. Combat au terme duquel le groupe va d'ailleurs
véritablement entrer dans une nouvelle ère. Parallèlement à la nomination de Gilles
Pélisson, son oncle, Gérard, va abandonner son poste de président du conseil de
surveillance (le 3 janvier 2006 très précisément) au profit de Serge Weinberg, coopté
en remplacement de l'un des administrateurs indépendants Maurice Simond, lui-même nommé censeur.
D'ici là, l'ancien président du directoire de
Pinault-Printemps-Redoute (PPR) de 1995 à 2005, s'est, lui, vu confier pour mission
immédiate la présidence d'un comité de gouvernance, créé au sein du conseil de
surveillance et composé de l'homme d'affaires belge, Étienne Davignon, Francis Mayer
(Caisse des Dépôts) et Jérôme Seydoux (Pathé). Cette nouvelle structure a pour
objectif principal de préparer les résolutions soumises à l'assemblée générale
extraordinaire - convoquée au plus tard le 15 janvier - ainsi que le règlement
intérieur du futur conseil d'administration.
Aura
auprès du terrain
Le retour de Accor à un conseil
d'administration semble de fait incontournable. Dans cette nouvelle organisation, Serge
Weinberg, diplômé de l'ENA et de l'institut politique de Paris, deviendrait président
tandis que Gilles Pélisson occuperait pour sa part les fonctions de directeur général.
Un directeur général qui, en l'occurrence, devra constituer au plus vite, après le
changement de statut, un état-major à la fois fin stratège et doté d'un grand sens de
l'écoute. "Jean-Marc Espalioux n'a pas démérité durant ses différents
mandats. D'ailleurs, le groupe se porte plutôt bien. Mais Gilles Pélisson doit recoller
les morceaux tant avec les équipes qu'avec les franchisés", affirme un cadre
supérieur.
Évidemment, la partie n'est pas gagnée d'avance.
Le nouvel 'élu' va devoir rapidement
imposer son autorité. Il a toutefois plus d'un atout dans son sac. "À commencer
par une aura indiscutable auprès du terrain", avoue Marc Thépot, directeur
général de Accor Maroc. "Gilles sait en effet parler aux hommes et aux femmes de
terrain", surenchérit Philippe Brizon, qui a autrefois coprésidé la chaîne
Novotel aux côtés de l'intéressé.
Les trois banques actionnaires se déclarant par
ailleurs satisfaites de l'accord conclu sur les "conditions d'une vraie
amélioration de la gouvernance d'entreprise de Accor", il y a tout lieu de
penser que "ça doit le faire", comme le disent les jeunes d'aujourd'hui.
En tout cas, la nomination de Gilles Pélisson avait apparemment d'ores et déjà
convaincu le marché en amont. La preuve. Le titre Accor était en hausse de 3,12 %
lundi soir, avant l'annonce officielle. De quoi satisfaire Sébastien Bazin, représentant
du fonds américain Colony Capital, qui a récemment investi 1 milliard d'euros dans Accor
via des obligations représentant à terme environ 10,6 % du capital.
Claire Cosson zzz36v
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L'Hôtellerie Restauration n° 2946 Hebdo 13 octobre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE