DÉSORMAIS OFFICIER DANS L'ORDRE
NATIONAL DU MÉRITE
JEAN BIRON REVENDIQUE 30 ANS DE
SYNDICALISME ET 40 ANS DE ZINC
Le président du
conseil de surveillance de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih),
Jean Biron, a reçu la semaine dernière les insignes d'officier dans l'ordre national du
Mérite. La distinction lui a été remise des mains du président national de la rue
d'Anjou, André Daguin, au Cefaa de Villepinte, en Seine-Saint-Denis.
André Daguin a rendu hommage
à Jean Biron. |
C'est
bien sûr entouré des siens, mais surtout de ceux qui l'ont côtoyé durant son parcours
syndical et professionnel, que Jean Biron a reçu la semaine dernière les insignes
d'officier dans l'ordre national du Mérite. La distinction lui a été remise par le
président national de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih),
André Daguin, dont il a été le vice-président durant ses deux premiers mandats à la
tête de la rue d'Anjou. Le lieu était aussi symbolique, puisque la remise s'est
déroulée dans les salons du Centre européen de formation à l'apprentissage et à
l'alternance de Villepinte (Cefaa), en Seine-Saint-Denis, qui a vu le jour en 1992 grâce
à lui et dont il est président. Jean Biron, qui est aujourd'hui président du conseil de
l'Umih, a derrière lui 30 années d'investissement et 40 ans de limonade. Garçon de
café en 1964, il prend sa première gérance en 1966, avec un café-tabac rue des Écoles
à Paris. Il quitte l'établissement en 1971 pour acquérir le café-tabac de la gare à
Villemomble, en Seine-Saint-Denis. En 2001, il prend sa retraite mais ne quitte pas pour
autant la rue d'Anjou. Quel jugement porte-t-il sur le syndicalisme CHR ? Que retient-il
de l'Umih ? Comment voit-il l'évolution du métier de cafetier ?
Micro.
"Je trouve que les gens
s'engagent beaucoup moins qu'avant dans le syndicalisme. En voulant faire l'économie
d'une cotisation, ils sabrent la représentativité des syndicats eux-mêmes et privent
des moyens en direct dont la profession aurait besoin. Le syndicalisme est obligé de
recourir à d'autres financements et déplore un manque d'engagement des professionnels à
la base. Alors qu'il est nécessaire que les professionnels s'expriment aussi bien auprès
des conseils de prud'hommes que dans les organismes consulaires, sans parler du syndicat,
dans les commissions ou sur le terrain. C'est mon constat
J'ai en revanche été le
témoin d'une trentaine d'années de syndicalisme fort autour de Jean Blat, de Jacques
Thé et d'André Daguin, qui a fait, rappelons-le, un travail formidable pour rassembler
un maximum de professionnels sous le drapeau Umih. J'ai connu la montée en puissance de
la rue d'Anjou avec Jean Blat d'abord, qui a mis en place la nouvelle FNIH (Fédération
nationale de l'industrie hôtelière). Puis avec Jacques Thé, à qui l'on doit l'arrivée
du groupement national des chaînes, qui a permis de réunir l'ensemble de l'hôtellerie,
et la signature de la convention collective de 1998. Et André Daguin, à qui l'on doit le
combat pour la TVA, des avancées sociales importantes pour nos salariés et, dans le sens
positif, une plus grande médiatisation de la profession. Quant à l'univers du café,
c'est ma vie. J'ai fait 6 ans à la tête de la branche nationale des cafés-brasseries.
Je crois que le secteur est en mutation, pas dans sa manière d'être ou d'exister, mais
à travers ceux qui le font, par la typologie de ses acteurs. Vous savez, les nouveaux
patrons qui achètent des entreprises sont d'origines beaucoup plus diverses que par le
passé avec une constante que j'observe en région parisienne : ce sont des gens qui ont
envie de travailler et beaucoup viennent de l'extérieur. Quant à la
professionnalisation, elle a encore du chemin à parcourir. Il y a bien sûr le problème
de la formation des jeunes qui veulent entrer dans ce métier. Au Cefaa, nous recrutons
des jeunes que nous formons et dont la motivation n'est pas réelle. Ils viennent encore
trop souvent chez nous par défaut et c'est dommage. C'est quelque chose qu'il faut
arriver à renverser. En ce qui concerne le CAP bar-brasserie, nous avons à Villemomble
70 % de réussite, avec un nombre de 18 à 24 jeunes par an. Je n'ai donc pas le sentiment
d'une bataille perdue d'avance, mais il est vrai que l'évolution de nos métiers, et en
particulier, du bar, devra intégrer des contraintes de santé publique et d'évolution de
la société qu'on devra compenser par de nouvelles offres aux consommateurs. On sait que
les contraintes comme la loi Evin risquent de devenir plus radicales. On est passé de la
lutte contre l'alcoolisme à la lutte contre l'alcoolémie au volant. De café on est
passé au café-brasserie, la baisse de liquide compense le solide. Cette tendance
continue à s'accentuer. On ne peut pas parler du secteur sans évoquer le Code des
débits de boissons (Code de la santé publique). Vous savez, nous ne sommes qu'un des
éléments du grand puzzle de la société. D'où la difficulté de le faire bouger. Être
cafetier en 2005 est difficile, mais cela reste à mes yeux un des plus beaux métiers qui
soit, car il permet de rencontrer des gens de toutes sortes, de faire plaisir. Si la
situation matérielle n'est pas extraordinaire, on s'enrichit de contacts humains et de la
connaissance des hommes."
Sylvie Soubes zzz74v zzz18p zzz24
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L'Hôtellerie Restauration n° 2951 Hebdo 17 Novembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION
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