du 24 novembre 2005 |
VIE PROFESSIONNELLE |
JEAN FALQUET PRÉSIDENT DES LOGIS HAUTE-SAVOIE VOUS LE DIT
"L'hôtelier doit passer une nuit dans chacune de ses chambres"
Haute-Savoie Les Logis de France du département, créés en 1954, comptent 126 adhérents. C'est la plus forte représentation parmi les 94 associations que comptent les Logis. Leur assemblée générale annuelle a donné l'occasion à Jean Falquet, président depuis 19 ans, de faire le bilan des préoccupations, des ambitions et des attentes des hôteliers-restaurateurs.
Propos recueillis par Fleur Tari
Jean Falquet : "Je vais demander au ministre de supprimer ces droits de succession exorbitants qui empêchent les enfants de reprendre les maisons que leurs parents ont construites eux-mêmes." |
L'Hôtellerie Restauration :
Quel premier constat pouvez-vous
tirer de cette assemblée générale ?
Jean Falquet : La forte représentativité de nos
adhérents. Ils étaient 115 sur 126 à y assister, ce qui montre leur implication. Une
autre satisfaction a été la présence significative de 30 élus de notre département*,
du maire au conseiller général, sénateur, député et même préfet. Ils étaient là
pour nous écouter et faire remonter nos problèmes. En Haute-Savoie, nous avons la chance
d'avoir des élus qui nous suivent et intercèdent pour nous. J'ai pu ainsi, grâce à un
élu du département, obtenir une entrevue avec le ministre de l'Économie, des Finances
et de l'Industrie Thierry Breton. Je l'ai alerté sur la forte hausse du fuel que vont
subir nos hôteliers des stations de ski. Ne pourrait-on pas obtenir, comme pour les
marins-pêcheurs, une prime de fuel ? Il m'a donné rendez-vous prochainement à Paris
pour examiner notre situation. En effet, notre hôtellerie familiale ne peut plus se
contenter de promesses. La baisse de la TVA, une baisse des charges, permettraient des
embauches supplémentaires, de relever les salaires, et de lutter enfin contre le travail
au noir. Je vais demander également au ministre de supprimer ces droits de succession
exorbitants qui empêchent les enfants de reprendre les maisons que leurs parents ont
construits eux-mêmes, à la sueur de leur front.
Depuis l'an
dernier, les visites mystères ont évalué la qualité des Logis. Avec quels résultats ?
Ces visites ont été une excellente chose. Réalisées par un cabinet externe, elles
permettent de corriger certains petits détails ou oublis qui ne semblaient pas
primordiaux aux hôteliers. Nous avons soutenu certains d'entre eux pour qu'ils rattrapent
certains points manquants et maintenir leur classement. Le but n'est pas de sanctionner
mais d'améliorer la qualité. J'ai toujours pensé qu'il serait bon pour un couple
d'hôteliers de dormir une nuit dans une de ses chambres afin de tester le confort et de juger les améliorations à
apporter.
Autre point : la demande de nos clients a changé.
Nous avons, par exemple, de plus en plus de clientèle étrangère, et sommes passés de
3,4 ME en 2001 à 6,3 M E de chiffre d'affaires. Ces touristes ne peuvent se contenter
d'un petit-déjeuner français, servi en chambre. Ils veulent un buffet bien garni. Et
cette demande, il faut en tenir compte.
Cette année
a-t-elle été bonne en termes de résultats ?
Nous avons subi une baisse de clientèle due à plusieurs facteurs. Il y a toujours le
passage à l'euro, l'érosion du pouvoir d'achat, la météo pas toujours clémente, mais
surtout un point important et négligé : la Haute-Savoie est devenue un département
cher, trop cher pour les denrées premières, trop cher tous commerces confondus. Nous
avons du mal à lutter contre les offres des destinations étrangères. Nous sommes en
train de faire la même erreur que dans le Midi, il y 10 ans. Certains croient que l'on
peut pratiquer des prix prohibitifs impunément, que le touriste reviendra. C'est une
grave erreur. Je ne m'étendrais pas sur la blague qui court auprès des touristes, et qui
doit faire réfléchir : 'Le lac le plus salé de France est le lac d'Annecy.'
Que
diriez-vous en guise de conclusion ?
La hausse indécente de l'immobilier est une menace pour nos maisons car les promoteurs
sont prêts, à la moindre faiblesse, à les racheter pour les transformer en studios et
appartements. Nous devons demander à nos élus de nous aider à maintenir l'hôtellerie
familiale. Certains l'ont déjà compris. Pour exemple, le député-maire d'Évian, Marc
Francina qui, bien que très impliqué dans la construction d'un Hilton dans sa ville,
nous a également demandé d'y maintenir des Logis de France. zzz36v
* En comptant les Ovtec (Organismes à vocation touristique économique et culturel)
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L'Hôtellerie Restauration n° 2952 Hebdo 24 novembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE