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du 24 novembre 2005
L'ÉVÉNEMENT

ALORS QUE MARSEILLE EST PARALYSÉE DEPUIS 6 SEMAINES

LA GRÈVE DES TRANSPORTS FAIT PLONGER LES PROFESSIONNELS

Marseille (13) La capitale régionale n'en finit plus de compter ses plaies. Après 6 semaines de grève des transports en commun, la ville est en proie au ras le bol généralisé. La grève touche de plein fouet les professionnels de l'hôtellerie-restauration et toute l'économie locale. Les Marseillais sont épuisés de marcher ou d'affronter les embouteillages. Pierre Alfonsi, président de la FIH 13, demande au minimum une exonération de toutes les charges salariales et patronales et des dommages-intérêts, mais les chiffres d'affaires perdus ne seront pas regagnés.


Laurent Carratu : "Le moral est atteint."


Valérie Kunsmann : "Ce qui est perdu est perdu."

Relativement épargnée par le feu qui s'est propagé dans les banlieues, Marseille vient d'affronter sa 6e semaine de grève des transports en commun. Personne n'est épargné et doit se débrouiller avec les moyens du bord pour aller travailler dans une ville dont la superficie est supérieure à celle de Paris. Les quelques jours de répit gagnés quand la grève s'est arrêtée ont cassé le moral. Pour Laurent Carratu, patron du restaurant de coquillages Toinou (entre 15 et 25 % de baisse du CA), commente : "Quand le moral est atteint, le consommateur ne consomme plus." Pour l'économie locale, les pertes directes sont terribles. La chambre de commerce publie une enquête réalisée auprès de 200 commerçants de l'hyper centre-ville. Toutes activités confondues, la baisse des CA serait de 41,7 % : 48,2 % pour l'équipement de la personne, 11 % pour les grands magasins et 43,2 % pour les cafés-restaurants. Ceux-ci perdraient en moyenne 788 E par jour. Au total, la facture est salée : de 48 à 77 ME du 4 octobre au 4 novembre pour les 3 000 commerces, cafés, restaurants. Les auteurs de l'étude précisent toutefois que les résultats étant basés sur des déclarations, il faut les manier avec précaution. Seule certitude, les CA du centre-ville baissent même si les restaurants spécialisés tirent mieux leur épingle du jeu. Pour Marc Chemin, directeur de la FIH 13, "certains établissements sont en grosse difficulté et affichent jusqu'à 60 % de baisse". Il prévoit des dépôts de bilan. Il ajoute : "Les reports de charges sociales et de TVA sont un premier geste mais, un jour ou l'autre, il faudra payer. Il faudrait qu'il y ait des exonérations. Quant aux dédommagements pour perte de chiffre d'affaires, c'est bien, mais encore faut-il présenter un dossier où figurent 3 bilans. Quid des gens qui viennent de s'installer ou ont racheté une affaire ?"

Ce qui est perdu est perdu
Partout, le discours est le même. "Notre CA est en baisse et la clientèle est plus nerveuse. Le personnel se débrouille pour être à l'heure et nous raccompagnons les salariés après le service du soir", commente Julien Miserez, directeur de l'Hippopotamus du Vieux Port. "Entre les travaux du tramway et la grève, nous accusons 20 % de moins sur notre établissement de la Canebière, constate Valérie Kunsmann, cogérante de Torréfaction Noailles. On tient le coup parce que nous avons d'autres établissements dans les quartiers périphériques, mais ce qui est perdu est perdu."
Pour Jean-Luc Blanc, président de la Maison du Commerce à la CCIMP, patron d'Henri Blanc (livraison de café aux professionnels), "la grève, les travaux du tramway, les conflits sociaux à répétition ont provoqué un état de crise dont certains ne se relèveront pas, en particulier rue de la République".
Domenico Basciano, président des hôtels de chaîne au FIH 13, craint pour l'emploi : "Les restaurateurs ne vont pas bien du tout. Ils vont moins recruter d'extras et de CDD. Il y aura plus de précarité." Pour l'hôtellerie, il annonce une baisse dans le haut de gamme. Il précise : "Le plus grave est à venir. On commence à enregistrer des annulations pour des conventions. L'image de Marseille est écornée. Je crains que le pire soit devant nous."
Dominique Fonsèque-Nathan zzz70

Pierre Alfonsi, président de la FIH 13 : "Ras le bol des grévistes !"
Pierre Alfonsi, président de la FIH 13 et membre du Comité exécutif de l'UPE 13, le Medef des Bouches-du-Rhône, n'est pas content : "On en a ras le bol des grévistes multirécidivistes qui sont un frein à la démocratie. Cela fait des semaines que la grève dure. Je demande une exonération de toutes les charges sociales patronales et salariales pour la durée du conflit puisque le gouvernement ne fait pas respecter le droit de travailler. Travailler est un droit. La CGT n'est pas propriétaire de la France. Je ne m'immisce pas dans le conflit de la RTM. Je ne demande qu'une chose, pouvoir suer de travail, pas de souffrance. On nous empêche de créer des emplois et d'investir. Gérard Larcher est-il le ministre de l'Emploi ou de l'inemploi ? Les entreprises publiques sont mal gérées. Quand elles ont des pertes, elles sont renflouées avec l'argent du contribuable. Nous, nous gérons bien mais on nous empêche de travailler. Pourquoi n'aurions-nous pas le droit d'être dédommagés ? Pourquoi aurait-on honte de demander des dommages- intérêts ? Pourquoi nos salariés qui souffrent comme tous les salariés de Marseille parce qu'ils n'ont pas de transport en commun n'auraient-ils pas, eux aussi, le droit d'être dédommagés en ne supportant pas les charges salariales ? Nous avons eu la grève des éboueurs pendant que les responsables de l'America Cup étaient à Marseille. Maintenant, c'est la grève des transports. Jusqu'à quand va-t-on continuer à accepter cela ? Et l'image de Marseille, dans quel état est-elle ? Maintenant, cela suffit. On ne peut plus continuer à dénoncer. Il faut agir. C'est ce que je compte faire très prochainement avec l'UPE 13. On en reparlera."

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L'Hôtellerie Restauration n° 2952 Hebdo 24 novembre 2005 Copyright © - REPRODUCTION INTERDITE

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